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8 septembre 2017 5 08 /09 /septembre /2017 06:20

MACRON ET L’ALGERIE

    La lettre adressée le  26 juin 2017 au Président de la République française au nom du Conseil d’administration de France-El Djazaïr est un acte important conforme aux objectifs statutaires de notre association. Elle a rencontré un large écho en Algérie où pluisieurs quotidiens nationaux l’ont publiée. En France, par contre, seul le journal La Marseillaise en a rendu compte sur une demi-page.

   Cette lettre (sur ce blog à la date du 9 août 2017) expose notre vision de la coopération entre l’Algérie et la France, entre nos deux pays, nos deux peuples et formule des propositions afin de la développer : condamnation sans ambiguïté du colonialisme ; abrogation de la loi du 23 février 2005 sur les soi-disant bienfaits du colonialisme et conclusion d’un Traité de Paix ; la vérité sur la mort de Maurice Audin ; le développement de relations économiques mutuellement avantageuses et la renégociation du Traité d’association de 2002 entre l’Algérie et l’Union Européenne ; essor de la coopération culturelle et soutien aux initiatives de Paix de l’Algérie.

   La réponse que le Président Macron nous a adressée le 6 juillet a été appréciée par nos adhérents comme une réponse diplomatique certes tissée de paroles sympathiques mais sans engagements précis.

   Nous avons là une illustration de la stratégie macronniène. Laisser penser un jour qu’il s’engage dans une direction et affirmer le contraire le lendemain. Ce fut le cas avec sa phrase prononcée en Algérie, pendant la campagne électorale, sur les crimes du colonialisme contredite dans d’autres déclarations. Il joue également sur l’ambiguïté de certaines formulations. Ainsi dans son interview du 15 août au journal Le Point, il déclare : « Nous vivons une crise de l’Occident […] l’Occident s’est perdu dans un interventionnisme moral intempestif au Proche et Moyen-Orient, ainsi qu’en Afrique du Nord, durant ces dix dernières années. »  Un interventionnisme « moral », ce qui ne constitue pas une condamnation des interventions militaires comme en témoigne, aussitôt après son élection, le soutien apporté sur place aux troupes de l’opération Berkane au Mali.

   La lecture attentive de son discours prononcé le 29 août devant les ambassadeurs au cours duquel, devant les hauts fonctionnaires représentant la France à l’étranger, il était tenu à une certaine rigueur, on a une idée un peu plus précise de l’orientation qu’il entend donner à notre politique étrangère. Les louanges adressées à l’ancien ministre Laurent Fabius et la nomination de Jean-Yves Le Drian   qui se sont comportés et se comportent en VRP des milieux d’affaires témoignent de la volonté du Président des banques. Dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, s’il affirme la nécessité de « faire plus pour la mise en oeuvre de l’accord d’Alger » ce qui constitue un désaveu de sa déclaration intempestive contre l’Algérie proférée à Gao le 19 mai dernier, il continue cependant de privilégier la coopération militaire au sein du G5 avec le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad à l’opposé de l’accord de Paix d’Alger.

   Cet « Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali » cosigné par l’Etat malien et les principales organisations touareg, grâce à la médiation de l’Algérie, à laquelle ils ont exprimé leur « profonde reconnaissance », est un document de 30 pages qui détaille les mesures à mettre en œuvre pour arrêter l’engrenage de la violence et rétablir la Paix : développement économique équilibré au nord et au sud ; maintien de l’unité nationale du Mali ; respect de la diversité culturelle ; partage du pouvoir et des compétences ; lutte contre le terrorisme. C’est un accord qui privilégie une démarche politique. Ce n’est, à l’évidence, pas celle du Président Macron. A plusieurs reprises, M. Abdelkader  Messahel le ministre algérien des Affaires étrangères a mis en garde contre d’éventuelles nouvelles opérations militaires d’inspiration occidentale qui ne pourraient qu’envenimer la situation dans cette partie de l’Afrique.

   Devant les ambassadeurs, Emmanuel Macron a évoqué ses prochaines visites à l’étranger, sans mentionner l’Algérie alors qu’il en était question il y a quelques semaines.

   Le journal Le Monde affirmait récemment : « A 39 ans, il (Macron ndlr) incarne une génération pragmatique qui veut surmonter le passé… » Ce n’est malheureusement pas une affaire de génération. Avec le président Macron ce sont les milieux d’affaires qui sont aux commandes et ce sont leurs intérêts qui priment et non ceux des peuples.

Bernard DESCHAMPS

8 septembre 2017

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