Un éclair fauve griffe la nuit glaciale.
Ami ou ennemi ?
Je vais et une chanson me monte aux lèvres
...au creux des lits font des rêves.
Sous le soleil des loups,
Dans la senteur musquée des chênes,
Me reviennent
Des images
D'ombre et de treillis.
La lueur froide d'une arme.
Une pierre qui roule.
Un juron étouffé.
Ces montagnes gardent le souvenir
De temps cruels.
Fous de Dieu.
Fous de Liberté.
La foi les animait qui leur fit prendre les armes.
Ô tragique destin que celui de ces hommes
Contraints d'ôter la vie.
Le regard qui vacille.
Ce reflet de l'âme de celui qui va mourir.
L'épouvante du regard
Comment l'oublier ?
Ne voir qu'une masse sombre
Sans regard.
Une brute vêtue de noir
Comme la mort.
Ne penser qu'à celui qui est mort dans les supplices.
Ne plus voir l'homme mais la brute.
Et tuer...
Des hommes jeunes et tendres
Qui au creux des lits faisaient des rêves
Se firent bouchers.
Ah! Temps cruels !
Quand viendront-ils ces temps nouveaux
Annoncés par Gandhi ?
Mandela...Mandela...Que feront tes enfants ?
Sabra et Chatilla, c'est encore aujourd'hui.
Barghouti dans sa geôle.
Il y a toujours des pierres
Pour les enfants de Palestine.
Et nous nous ferions censeurs,
Nous qui devons la vie à ceux qui l'ont ôtée ?
Le calme de la nuit.
La paix de ces montagnes
Ne sauraient nous faire oublier
La faim
Le mépris
La torture.
Les maisons détruites.
Les enfants assassinés.
Les pauvres objets du ménage
Dispersés.
Les vêtements en loque.
Un lambeau de robe déchirée
Suspendu aux branches d'un arbre.
La douleur.
La fureur aussi.
Comment ne les comprendrions-nous pas ?
Le mur
Qui défigure la Palestine
Comme un coup de sabre,
Serait-il plus acceptable
Que celui qui fuit détruit une nuit d'hiver en 1989 ?
Ah! Jésus supplicié sur la croix !
Combien sont-ils comme toi
Qui chaque jour meurent
Dans les camps ?
Arnaud de Peyre
14 décembre 2004