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1 mai 2024 3 01 /05 /mai /2024 06:45

 

Mmes, Marie-Hélène Bénéfice, présidente, Françoise Schmid, secrétaire, Evelyne David,  trésorière et toute l’équipe d’animation de Viv’alto en Cévennes, nous accueillent  en cette fin d’après-midi du 19 avril, sur le parvis de l’Eglise Saint-Pierre pour le concert  des professeurs en clôture des classes de maître de printemps.

    Le programme élaboré par Pierre-Henri Xuéreb fait écho – comme on le verra - à la situation dramatique en Palestine, avec également parfois un clin d’œil à l’Uzège (Jean Racine, André Gide, Pierre  Rode, Emend Bonnal…).

   Sous la voûte étoilée du chœur, le violoncelle de Thibaud Verbe*déroule comme une confidence les volutes du Prélude n°1 de Jean-Sébastien Bach.

   Pierre-Henri Xuereb * à l’alto, a, quant à lui, choisi de nous offrir cinq des 24 Préludes pour viole d’amour d’Henri Casadesus. Délicats, subtils, emprunts de douceur et d’émotion, avec parfois des notes mélancoliques aux accents slaves.

   Esther, l’Oratorio d’Haendel dont est tiré l’Allégro au programme ce soir, est inspiré de l‘ Esther de Jean Racine. On en connait l’histoire selon l’Ancien Testament. Esther est la préférée du roi Assuérus qui vient de prendre un arrêt visant à mettre à mort tous les Juifs du royaume perse. Juive elle-même, elle le persuade d’annuler cet arrêté. La pièce de Jean Racine a été représentée pour la première fois en 1689, à la demande de Mme de Maintenon la favorite de Louis XIV, quatre ans après la Révocation en 1685 de l’Edit de Nantes, « Edit de tolérance » promulgué en 1598 par Henri IV. Esther est un hymne à la liberté de conscience. Le choix de Pierre-Henri Xuéreb est, à l’évidence, une allusion à la fois à la répression des Réformés au XVIIe siècle dans les Cévennes, et à la situation actuelle à Gaza. L’entame par le violon d’Irina Muresanu *, l’alto  et le violoncelle, est solennelle comme il se doit à la cour d’un Roi, mais bientôt un optimisme plein de retenue s’impose. La joie explose avec Le joyeux forgeron.

   Je ne connaissais pas le compositeur bordelais Joseph-Ermend Bonnal (1880-1944),  admirateur de Francis Jammes, un de mes poètes préférés :

  

   Le village à midi. La mouche d’or bourdonne

   entre les cornes des bœufs.

   Nous irons, si tu le veux,

   Si tu le veux, dans la campagne monotone.

 

   Entends le coq… Entends la cloche… Entends le paon…

   Entends là-bas, là-bas, l’âne…

   L’hirondelle noire plane,

   Les peupliers au loin s’en vont comme un ruban.

   (Le village à midi, Francis Jammes)

   Cette découverte de Bonnal est pour moi d’autant plus étonnante, qu’il fut également le réalisateur  de plusieurs films, dont l’un inspiré – ce que j’ignorais – de The Rubaiyat  du poète persan Omar Khayyam (1048-1131), dont j’ai appris  une quarantaine de vers quand je prenais des cours d’arabe :

   Samirtou sahoutane, ha tifane fi sahare…

    J’ai entendu une voix appelant à l’aube…

    Attiré par la nature, Bonnal puisa son inspiration dans le folklore. Navarra pour trio à cordes en est une illustration. Est-ce l’histoire tourmentée de cette province basque revendiquée à la fois par l’Espagne et la France, qui m’a influencé ? J’ai ressenti cette partition, successivement tragique à l’alto, puis, comme une renaissance, joyeuse voire passionnée au violon.

   D’un autre bordelais, Pierre Rode (1774-1830), trois de ses  Caprices d’Amour dont Irina Muresanu  nous livre au violon, avec une remarquable virtuosité, une interprétation élégante et expressive, endiablée pour certains.

    Le Cantique de Jean Racine est l'une des œuvres qui fut interprétées à Nice le 14 juillet 2017 lors de l'hommage aux 86 victimes de l'attentat du 14 juillet 2016. Ce soir, le violon et l’alto se répondent accompagnés de la voix grave du violoncelle. Gabriel Fauré n’avait que 19 ans quand il composa cette prière douce-amère d’une « âme languissante », résignée devant la mort, avec de rares accents de révolte. « Que tout l’enfer fuie, que tout l’enfer fuie au son de ta voix. »

 Pierre-Henri Xuereb à l’alto, nous donne à entendre Ghirlarzana de Jacques Imbert (1890-1962),  une ode de 1950, pudique, intime, à la mémoire de Natalie Koussevitzky, suivie d’un Interlude d’Henri Sauguet (1901-1989), plus enjoué.

   Pour clore cette magnifique soirée, transportons nous à Vienne dans les années en 1816-1817, grâce à Franz Schubert et au Trio à cordes en si bémol majeur. L’élégance, le charme suranné des salons bourgeois et de leur fastueuses soirées. L’insouciance des conversations enjouées des dames aux amples robes de soie, que saluent  des messieurs en tenue militaire d’apparat.

Merci Viv’alto !

Bernard DESCHAMPS

30 avril 2024

 

  • Thibaud VERBE enseigne le violoncelle et la musique de chambre au CRD d’Argenteuil.
  • Pierre-Henri XUEREB, directeur artistique de Viv’alto, fut alto-solo dans l’Ensemble intercontemporain de Pierre Boulez. Professeur au CNSM de Paris, il donne des classes de maitre à l’international.
  • Irina MURESANU est d’origine roumaine. Elle enseigne à l’University of Maryland. Son violon est un Giuseppe Rocca de 1849 avec un archet Etienne Pajeot.
L'équipe de Viv'alto
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commentaires

B
C'est trop sympa. Merci chère amie.
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F
Merci cher Bernard Deschamps de suivre si bien nos musiciens préférés et de nous enrichir si joliment de vos pénétrants commentaires.
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