Le 8 mai 2009, un jeune homme timide prend part au mile de la Mitidja, une course sur route que j’organise chaque année.
Ses coéquipiers, plus célèbres que lui à l’époque, ont préféré courir au meeting de Doha. Lui, n’ayant pas été sélectionné, est resté ici. Il survola la course de son talent dans le temps de 4’09’’, ce qui correspondait déjà à l’équivalent de moins de 3’40’’ sur 1500 m. Ce jeune homme s’appelle Taoufik Makhloufi, le nouveau champion olympique. Lorsque je lui ai remis son modeste cachet après la course, j’ai décelé chez lui un grand désir de réussite. Il me confia que ses conditions de vie et d’entraînement étaient très difficiles.
Ce jour-là, j’ai compris qu’un grand athlète était en train de naître dans l’indifférence. Sa musculature et sa façon de s’imposer dans le peloton me rappelaient le grand Steve Ovett. Quelle consécration que de devenir champion olympique dans le pays du demi-fond, au terme d’une course contrôlée de bout en bout et avec une accélération foudroyante dans le dernier tour de piste bouclé en 52’’.
Rachid Kram (ancien recordman d’Algérie du 1500 m)
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