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26 août 2019 1 26 /08 /août /2019 14:45

 

  

Un public fidèle se pressait dans l’église Saint-Pierre de Lasalle pour le concert d’ouverture de la 7e Fête de l’alto. Le chœur a été rénové il y a quelques années avec goût et simplicité. Sous le regard d’un Christ majestueux qui domine le maître-autel surmonté d’une voûte bleue étoilée, bordée de fleurs d’acanthe, les artistes ne sont pas écrasés et les notes s’y épanouissent dans leur pureté.

   L’alto de Pierre-Henri Xuereb et l’accordéon de Grégory Daltin  dominèrent de belle façon cette première soirée. Yahuda Hanani exécuta la 2e Suite de Jean-Sébastien Bach. Et la jeune virtuose chinoise Jiali Chen nous émut au erhu.

   Les confidences en do mineur de Wilhem Bach chuchotées par la voix grave de l’alto et le babillement de l’accordéon précédaient la méditation de la 2e Suite de Jean-Sébastien Bach au violoncelle. Nous avons ensuite été pénétrés par la rêverie mélancolique si caractéristique de l’âme russe sublimée par Dimitri Chostakovitch. Avec l’interprétation de la pièce Pour le tombeau de Paul Dukas  d’Olivier Messiaen, j’ai personnellement ressenti avec une force singulière l’adéquation entre l’originalité de son langage   musical et son besoin d’absolu, sa recherche mystique de l’au-delà. Nous sommes redescendus sur terre avec la mélodie joyeuse, sereine et prometteuse comme un matin d’été, de Darius Milhaud dans Scaramouche.

   Nous avons enfin été transportés, au propre comme au figuré. Transportés en Chine et subjugués par la qualité de l'interprétation de Paganini par  Jiali Chen. Le violon traditionnel chinois, le erhu, est capable, à la fois, d’émettre de profonds sons de gorge et des notes aériennes d’une extrême finesse et d’une grande subtilité qui voltigent comme des oiseaux  ou s’enroulent comme des oriflammes pour la fête du Têt. Jiali  Chen qui était déjà venue à Lasalle en 2016 fut ovationnée par un auditoire définitivement conquis.

   Le concert du mercredi se déroulait à la Filature du Pont de Fer. Toutes les places de cette grande salle étaient occupées. Dans le prolongement de la soirée de lundi, comme s’il n’y avait pas eu d’interruption, Jiali Chen nous plongea au erhu dans une atmosphère cette fois-ci entièrement chinoise. La mélodie d’abord virevoltante, espiègle, moqueuse, se transforme en une conversation intime, timide, dont les interrogations affleurent et auxquelles répond comme un appel dans le lointain. Nous avons été une nouvelle fois subjugués.

   Yehuda Hanani au violoncelle, en forme contrairement à lundi et Grégory Daltin à l’accordéon, nous dirent la Prière d’Ernest Bloch,  avec ses doutes, ses interrogations, si émouvante, même pour un non croyant. Ils  nous firent  ensuite revenir sur terre au rythme des caravanes avec Orientale de César Cui, suivie des valses viennoises de Fritz Kreisler. Poursuivant le tour du monde, Pierre-Henri Xuereb à la viole d’amour et Grégory Daltin interprétèrent des danses slovaques, gaies, sautillantes, rythmées. Et le concert se termina en beauté sur les pas glissés des tangos d’Astor Piazzola, Close your eyes and listen et Los svenos passant de la tendresse au pas assuré du cavalier.

   Le concert très attendu de jeudi se déroulait à nouveau dans l’église Saint-Pierre. Les organisateurs durent rajouter des chaises. Nombreuses et nombreux étaient celles et ceux qui étaient venus pour la violoncelliste Emmanuelle Bertrand invitée d’honneur de Viv’alto, qui débuta la soirée en solo avec la 3e Suite pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach. Cette œuvre, après quelques notes d’ouverture, déroule son chant qui s’envole et tourbillonne, avant de retrouver le calme de la méditation  et la joie que symbolise la ronde finale. Le Divertmento en mi bémol majeur de W.A. Mozart interprété par Emmanuelle Bertrand au violoncelle, Pierre-Henri Xuereb à l’alto et Christophe Giovaninetti au violon, toujours impérial, passant de la solennité et de l’inquiétude au chant céleste pour célébrer l’amour, recueillirent une ovation du public qui, sans avoir eu le temps de se remettre de ses émotions, fut bouleversé par la Prière d’Ernest Bloc au violoncelle de Yehuda Hanani, décidément dans un de ses meilleurs jours, accompagné de l’accordéon de Grégory Daltin, qui nous avait enchantés mercredi.

     Nous n’étions pourtant pas au terme de l’enchantement. Le quintette de cordes composé de deux violoncelles (Emmanuelle Bertrand et Yehuda Hanani), de deux violons (Yibin Li et Christophe Goivaninetti) et de l’alto de Pierre-Henri Xuereb, nous donna une interprétation brillante et sensible de l’adagio D 936 de Franz Schubert. Dans le calme et la douceur du jour qui se lève, les premiers rayons de soleil apparaissent. Mais une inquiétude pointe et bientôt les éléments se déchaînent comme une douleur insupportable jusqu’alors contenue qui monte au rythme des battements sourds des violoncelles. Peut-être eut-il été préférable de terminer sur cette œuvre plutôt que sur les duos pour 2 altos de Bela Bartok que, bien qu’intéressants, je n’ai pas ressentis comme étant au même niveau.

    Peut-être pensera-t-on que j’exagère, emporté par mon enthousiasme. J’assume, la soirée de clôture fut un feu d’artifice.

   Le Concerto pour 4 violons de Vivaldi fut interprété par les violons de six jeunes artistes âgés (si l’on peut dire) de 12 à 16 ans, soutenus par le violoncelle de Frédéric Audibert que j’ai bien aimé et par l’accordéon si créatif de Grégory Daltin. Quelle maîtrise déjà chez ces jeunes interprètes !

   Sahra, également très jeune, à l’alto et Grégory Daltin nous entraînèrent dans une valse aux accents populaires de Johan Nepomuk Hummel. Cette jeune fille est remarquablement douée. Nous la retrouvons pour les Miniatures, opus 75 a de Dvorak, aux côtés de Lisa, Avery, Nora, Emilie et Barbara qui étaient présents dans le concert d’ouverture. A l’évidence Sarah donne le ton et tout son corps vit au rythme de la musique. On sent qu’il ne s’agit pas d’une attitude, mais qu’elle la vit.

  Les maîtres se devaient de relever le défi. Ils ne se dérobèrent pas. Six cordes, sous la direction de Yibin Li nous entraînèrent dans la joyeuse Sonate pour cordes de Scarlatti.  Les violons de Christophe Giovaninetti et de Yibin Li, l’accordéon de Grégory Daltin, l’alto de Perre-Henri Xuereb et le violoncelle de Yehuda Hanani, leur succédèrent dans un tango langoureux d’Astor Piazzola.

  Nous attendions cependant avec impatience, Jiali Chen au erhu accompagnée, sous la direction de Christophe Giovaninetti, par quatre violons, deux violoncelles et l’accordéon. Elle déroula avec une virtuosité inouïe, sans partition, de mémoire, Introduction et Rondo Capriccioso, opus 28 de Camille Saint-Saëns et l’accordéon. La lumière du matin qui émerge lentement, hésite puis s’affirme. La Mélodie par six  violons et un violoncelle de Gluck est également calme et douce comme un chant d’oiseau le matin au bord d’un lac d’où surgit une naïade.

  Avant les surprises promises pour la clôture par Pierre-Henri Xuereb, l’ensemble composé de deux violons (Christophe Giovaninetti et Yibin Li), un alto (Pierre-Henri Xuereb ) et deux violoncelles (Frédéric Audibert et  Yehuda Hanani) nous donnèrent le Sextuor à cordes n°1 en si bémol majeur de Johannes  Brahms, magnifique déclaration d’amour brodée par le violon de Christophe Giovaninetti et le violoncelle de Frédéric Audibert dans un duo passionné.

   L’alto et l’accordéon nous offrirent ensuite une valse ; puis un virtuose vénézuélien une  improvisation de haute voltige au violon. Nous ne pouvions cependant pas nous séparer sans avoir une fois encore succombé au charme de Jiali Chen et du erhu qui nous offrit la fantastique chevauchée de « Course de chevaux », hallucinante de virtuosité.

   Un immense merci à Viv’alto et à sa présidente Marie-Hélène Bénéfice, à Pierre-Henri Xuereb, le Directeur artistique de la Fête de l’alto et aux nombreux bénévoles sans lesquels cette fête n’aurait pas lieu. Merci, pour ces moments merveilleux que vous nous avez permis de vivre.

Bernard DESCHAMPS

23 août 2019

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