Le Jeune Indépendant, DZ 6 juin 2015 |
Kamel Aït Bessaï
"L’Algérie a relevé le degré d’alerte de ses forces armées, notamment en ce qui concerne sa frontière avec la Libye, dans le but de prévenir l’infiltration d’éléments terroristes sur son territoire. Cette mesure fait suite aux derniers développements de la situation en Libye, notamment avec la prise de la ville de Syrte par les terroristes de Daech et leur contrôle de l’aéroport de la ville avec, surtout leur mainmise sur des avions de chasse qui pourraient être utilisés dans des opérations visant le territoire algérien. Dans un dossier consacré à la menace terroriste véhiculée par le groupe Daech, intitulé « le péril Daech » et publié dans le I du 1er juin 2015, il est rappelé que la chute de la ville libyenne de Syrte aux mains de l’organisation terroriste Daech confirme malheureusement ce que l’Algérie avait toujours craint : le chaos en Libye va créer une situation géopolitique nouvelle, le territoire de ce pays se transformant en une zone où les groupes les plus radicaux vont faire régner la loi du plus fort pour, en fin de compte, déborder sur les Etats voisins. Désormais, le phénomène Daech et ses visées terroristes dans la région du Maghreb font partie des nombreux scénarios auxquels les forces de sécurité algériennes se préparent depuis le début de ce qui a été baptisé le « printemps arabe ». Dans le même dossier, il est rappelé également que l’Algérie, qui partage des puits de pétrole avec la Libye et qui sont convoités par Daech, sera amenée à recadrer militairement sa relation avec la Libye et en même temps à redoubler d’efforts pour que la solution politique prime dans ce pays frontalier avec nous, d’autant que Daech est en passe de devenir un phénomène aussi puissant qu’en Syrie et en Irak. L’Algérie, consciente de tous ces enjeux, n’a pas tardé à prendre une batterie de mesures sécuritaires et ce, depuis 2011, pour contrecarrer cette menace venant de l’extérieur et tout en resserrant l’étau sur Jund al khilafa à l’intérieur. Le dossier du I consacré au mouvement Daech fait observer que la prise de contrôle par l’organisation d’une bonne partie des territoires syriens et irakiens avec une « occupation » de zones pétrolifères, dont certaines en exploitation, semble avoir donné des envies au groupe. Seulement, la complexité de la situation et l’entrée en lice dans la région de milices chiites aux côtés des armées régulières des deux pays et diamétralement opposées au mouvement d’Al-Baghdadi pourraient avoir quelque peu dissuadé Daech de se maintenir exclusivement dans cette seule région. Aussi, il est mentionné que la Libye, pays en crise depuis la chute du régime de Kadhafi, intéresse Daech vu qu’il s’agit d’une contrée vaste et riche à même de permettre une expansion du groupe avec des visées plus importantes sur le Sahara algérien. La nébuleuse terroriste de l’Etat islamique conclue le dossier du JI, est menée en Libye par un certain Abdelhakim Belhadj, un sanguinaire ayant fait ses classes de djihadisme aux côtés du chef autoproclamé de Daech en Syrie et en Irak, Abou Bakr Al-Baghdadi, avant d’opérer un retour en terre libyenne où, profitant du chaos qui y règne, il a réussi avec une mosaïque de terroristes aux origines diverses (du Maghreb, du Machrek et même du Caucase) à s’introduire puis à se maintenir et même à installer un califat prêtant allégeance à son mentor Al-Baghdadi. Parmi les objectifs de Belhadj : faire régner la tyrannie et plonger toute la région dans un climat de terreur."