La visite du chef d’état-major des armées françaises en Algérie n’a pas été commentée par la presse française.
Les conséquences d’une nouvelle intervention militaire en Libye seront désastreuses pour ce pays et pour le voisinage. Les effets de la première intervention de l’Otan qui a mis fin à la vie d’El Gueddafi et plongé la Libye dans une situation de chaos sécuritaire, sont là et n’ont pas fini d’alarmer toute la région, notamment à cause de l’incontrôlable mouvement des armes.
Les ambitions françaises de renouveler une intervention militaire en Libye ont de quoi susciter bien des inquiétudes sur un embrasement qui risque de dépasser les frontières libyennes.
La dernière visite du chef d’état-major des armées françaises en Algérie avait donné lieu à bien des analyses de la part de la presse algérienne relayant le principe de non-intervention militaire algérienne hors de ses frontières. La presse française est restée, quant à elle, bien avare en articles sur cette visite intervenant dans un contexte où la France tente de faire rallier les pays du Maghreb à son expédition libyenne. Le niet d’Alger exprimé par son chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, et son offre de dialogue à tenir en Algérie entre les Libyens ne sont pas pour étonner la partie française. Mais au-delà de cette réponse prévisible et qui a sans doute touché les portes de l’Elysée avant qu’elle ne soit délivrée à la presse, il serait utile de noter que le choix de participer ou non à une intervention militaire ne se décide pas lors de la visite d’un chef des armées.
Ces décisions se prennent, du moins du côté français, au niveau politique ; le chef des armées est pour sa part concerné par les aspects opérationnels. D’où l’interrogation sur l’objet réel de la visite du général Pierre de Villiers en Algérie (Alger et Biskra) pendant que Lamamra affirmait que l’Algérie ne fera pas partie de l’expédition militaire en Libye. De Villiers a-t-il été invité à livrer les intentions de l’intervention technique en Libye ou est-il venu demander aux Algériens une assistance extra-muros, c’est-à-dire en dehors des frontières libyennes en cas d’opération militaire dans le pays voisin ? Le silence assourdissant de la presse française n’apportant pas de réponse, a été habillé par deux sites anglophones, l’un est turc, World Bulletin, et le deuxième est moyen-oriental, Middleeast Monitor, qui se sont intéressés à la visite du responsable militaire français en Algérie et ont cité une source diplomatique algérienne anonyme sur le sujet.
«Les officiels algériens désirent discuter avec le chef des armées français, Pierre de Villiers, de garanties permettant d’éviter de cibler des civils, si intervention militaire occidentale il y a, et le déploiement d’une force capable de préserver la sécurité pour les Libyens une fois l’intervention terminée», indique le site turc World Bulletin en citant un diplomate anonyme s’exprimant à l’agence turque Anadolu. Ce diplomate aurait déclaré que l’Algérie avait conditionné son appui à l’opération si ces deux exigences étaient garanties. Et d’ajouter : «L’Algérie n’est pas convaincue qu’une intervention militaire agirait en faveur de la stabilité en Libye», en rappelant l’anarchie et l’instabilité régnant dans ce pays voisin depuis la dernière intervention de l’Otan en 2011.
La même source précise en outre que : «L’Algérie craint que le degré de violence connaisse une hausse avec une nouvelle intervention militaire ce qui pourrait avoir des conséquences sur la sécurité dans la région du Maghreb.»
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait suggéré que les troupes françaises postées au Mali seraient mises à contribution pour intervenir en Libye. La question est de savoir si l’Algérie permettra une nouvelle fois le survol de son territoire pour ces troupes postées au Mali en partance vers la Libye ou bien ira-t-elle jusqu’à permettre un passage terrestre ?