Je m’étais assoupi devant la télévision pendant le défilé du 14 juillet à Paris, et, enthousiasmé, je voyais fièrement s’avancer une unité de l’Armée Nationale Populaire d’Algérie, en treillis et casquettes, chaussée de pataugas comme en avaient les djounoud dans la montagne; le drapeau né dans l'immigration algérienne en France à l'époque de l'Etoile nord-africaine flottant au vent et porté par le chef de l’unité. En passant devant la tribune officielle où présidait François Hollande, les clairons de la Garde Républicaine faisaient sonner Kassaman, l’hymne algérien aussitôt salué par d’innombrables youyous dans la foule des spectateurs qui se pressaient sur le parcours. Les filles et les fils des héros de la guerre d’Indépendance reçus avec chaleur par les descendants des Sans-culottes et de l’armée des Ombres…Je suis toujours ému lorsque retentit Kassaman. L’émotion me réveilla. J’avais rêvé. Ce n'était pas une unité de l'ANP qui défilait sur les Champs-Elysées, mais, parmi quatre-vingts autres délégations étrangères, trois militaires algériens en tenue blanche d'apparat portant le drapeau vert et blanc frappé de l'étoile et du croissant rouge. Certes une première. C’était déjà trop pour les nostalgiques de « l’Algérie française » qui s’étaient fendus, ces jours derniers, de communiqués vengeurs, anachroniques…et contraires à l'amitié entre les Peuples algérien et français!
Bernard DESCHAMPS
14 juillet 2014