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2 mars 2021 2 02 /03 /mars /2021 09:17

   

 (Mis à jour le 4 mars 2021 à 8h.)  

En dépit de la libération de plusieurs dizaines de prisonniers d’opinion et de la dissolution de l’Assemblée Populaire Nationale par le Président Tebboune, le hirak pour son deuxième anniversaire, après un an d’interruption en raison de la covid,  a, selon l’expression d’un média algérien, « repris le contrôle cde la rue » - toujours aussi pacifique à Kherrata le 16 février, le 22 à Alger et dans de nombreuses villes d’Algérie.

   Des foules considérables se sont à nouveau rassemblées, certes moins importantes qu’en 2019, mais autant qu’avant le confinement. D’après les images que j’ai visionnées, il apparait que les femmes et les jeunes y étaient moins nombreux que ce que j’avais pu constater en y participant en mars 2019. De nombreux témoins confirment cette impression. Autre différence, seuls quelques drapeaux algériens flottaient au-dessus des défilés lundi et vendredi dernier, alors qu’en 2019, de nombreux/ses participant(e)s défilaient enveloppé(e)s dans les couleurs nationales. On notait également quelques drapeaux amazigh. A l’évidence, ce n’est pas tout à fait le même public qui cette année manifeste.

   Les mots d’ordre sont assez semblables, mais le plus fréquemment scandé est makant madaniyat wa laysat aeskaritan (Etat civil, pas militaire). Plusieurs de mes correspondants en Algérie m'affirment qu’il s’agit du principal mot d’ordre des islamistes radicaux qui également rejettent le drapeau national. Il semblerait donc que ces derniers disposent de la plus forte capacité de mobilisation. En 2019, cela m’avait frappé, ils étaient marginalisés et expulsés des défilés s’ils tentaient de s’exprimer. Mardi et vendredi dernier, bien que faisant profil bas, quelques-uns assez isolés, reconnaissables à leur tenue vestimentaire - kamis et barbe - défilaient cependant sans être importunés.

   La presse algérienne ( El Watan, Le Jeune Indépendant, etc) et française, Le Point, l’Humanité du 1er mars font état de l’activisme du groupe Rachad constitué d’anciens responsables terroristes du Front Islamiste du Salut. Ce groupe dont le siège est à Genève est largement financé par la Turquie et le Qatar et compte des alliés, y compris parmi d’anciens opposants de gauche comme Karim Tabbou, ancien secrétaire général du Front des Forces Socialistes dont il a été exclu.

   Selon Algerie Patriotique (26 février 2021), le média électronique fondé par le  fils du général-major et ancien ministre de la Défense à la retraite, Khaled Nezzar : «  Rachad élimine toutes les figures de proue du Hirak soit parce qu’elles lui font de l’ombre, soit parce qu’elles s’opposent à ses velléités hégémoniques sur le mouvement de contestation populaire récupéré, depuis plusieurs mois, par les islamistes. La dernière à recevoir un «avertissement» en bonne et due forme est l’avocate et néanmoins présidente du parti de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul […] Une «décantation» qui ne cible pas uniquement les «symboles démocratiques et républicains», mais s’étend à leur propre camp, puisque Samir Benlarbi, pourtant proche de l’ancien numéro deux du FIS, Ali Benhadj, en a, lui aussi, fait les frais pour avoir «osé» porter un jugement défavorable sur les agitateurs outre-mer de Rachad qui actionnent leurs éléments en Algérie à partir de Londres, Paris et Genève. »

    Les anciens terroristes reconvertis espèrent devenir majoritaires à la faveur d’une faible participation à la prochaine élection législative qui aura lieu à la suite de la dissolution de l’Assemblée Populaire Nationale (APN), décidée par le Président Tebboune. Des médias  dont Liberté, le quotidien du milliardaire Rebrab, nient cette présence des islamistes et prétendent qu’il s’agit d’une fake news diffusée par les services de sécurité algériens afin de discréditer le hirak.

   Certains en Algérie, évoquent un désaccord entre le Président Tebboune et l’Armée (ANP) qui serait foncièrement hostile aux anciens du Front Islamique du Salut (FIS).

   Sous le titre " Comment contrer le courant radical et l’inquisition ?", Alger républicain publie un intéressant  article de Saïd DJABELKHIR paru dans le quotidien Liberté DZ : « il y a un très grand travail d’ijtihad, c’est-à-dire un effort de réflexion nouvelle sur les textes fondateurs de l’islam qui doit être fait, car les lectures traditionnelles ne répondent plus aux attentes, aux besoins et aux questionnements de l’homme moderne … il doit être opéré sur la base des nouvelles disciplines scientifiques et surtout les sciences humaines : histoire, sociologie, psychologie, linguistique, anthropologie, philologie, codicologie, étude critique et historique des textes, etc. »

Bernard DESCHAMPS

03 mars 2021

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