Week-end à Soudorgues

  Les Cévennes silencieuses dans la brume d’où émerge la silhouette fantomatique des arbres sont encore endormies avant l’explosion prochaine du printemps. Il pleut par intermittence. Seuls signes de vie, le murmure de la rivière et la fumée qui monte lentement des maisons. Les gens comme des marmottes sont calfeutrés chez eux. Je lis au coin de la cheminée tandis que mijote une soupe de légumes au lard que je dégusterai – que mes amis musulmans me pardonnent - arrosée d’un rouge de pays du Duché d’Uzès. Plaisirs simples d’une valeur inestimable. Calme et sérénité.

  La vie tumultueuse du monde cependant me parvient à travers la lucarne de la télévision. Ce midi, Jean-Luc Mélenchon est à l’antenne. Il dit son horreur du viol de Théo à Aulnay-sous-Bois et exige la dissolution des brigades spécialisées de terrain (BST) comme on avait dissout en 1986 les pelotons de voltigeurs motocyclistes responsables de l’assassinat de Malik Oussékine.

  Ce crime de 1986 est encore très présent à mon esprit. Je venais en effet d’être réélu à l’Assemblée Nationale et le groupe communiste m’avait chargé d’intervenir en séance publique pour flétrir la politique de Pasqua et de Pandraud qui avaient couvert l’assassinat de ce jeune étudiant d’origine algérienne.

  Curieusement, sur la même chaîne, Maurice Szafran affirmera deux jours plus tard que Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas prononcé au sujet du drame d’Aulnay-sous-Bois. Mais est-ce si étonnant ?

Macron en Algérie

  Après Montebourg, Macron vient de passer deux jours en Algérie où il a été reçu par plusieurs ministres dont Abdelmalek Sellal. Ses déclarations à la presse habillées de phrases parfois séduisantes laissent, comme il en a l’habitude, ses véritables intentions dans le flou. Il lui est cependant difficile de cacher complètement son moi réel, quand par exemple il affirme (cité par TSA): « Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un Etat, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation (souligné par moi, BD) et des éléments de barbarie.", ce qui réduit singulièrement la portée de cette autre déclaration : « La France a importé la déclaration universelle des droits de l’homme en Algérie, mais elle a oublié de la lire. »

  Comme plusieurs médias algériens l’ont souligné, c’est un des fondés de pouvoirs des milieux d’affaires français qui effectuait cette visite éclair afin de « redynamiser » « une politique néocolonialiste. »

BD, 15/02/2017