Azzedine Mihoubi au Forum d’El Moudjahid :
« Promouvoir la langue pour préserver l’identité nationale »
Le président du Haut Conseil de la langue Arabe (HCA), Azzeddine Mihoubi, et ambassadeur de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe », est revenu hier, lors de son passage au forum d’El Moudjahid sur la nécessité de promouvoir l'utilisation de la langue arabe dans tous les domaines pour préserver l’identité nationale. Comme il a appelé à faire de la manifestation culturelle que s’apprête notre pays à abriter, une grande réussite à l’image de l’Algérie. S’étalant sur le sujet, l’ancien ministre de la Communication a souligné que l’Algérie est le seul pays qui dispose de trois institutions dédiées à la langue. Il s’agit du Haut Conseil de la langue arabe, l’Académie algérienne de la langue, et le Haut-Commissariat à l’amazighité. « Ceci reflète tout l’intérêt qu’accorde l’Etat à la question de la langue, car la langue constitue l’enveloppe protectrice de l’identité nationale. Elle contribue à la cohésion nationale et à la préservation de notre patrimoine historique qui lie les Algériens », a-t-il précisé.
S’agissant du Haut Conseil de la langue arabe, M. Mihoubi explique qu’il s’agit d’une institution de l’Etat qui veille au suivi de la généralisation de l’utilisation de la langue arabe. « Il s’agit bien de la généralisation de l’utilisation de la langue arabe et non pas de l’arabisation, car cette dernière concerne les pays n’utilisant pas la langue arabe, alors que l’Algérie est un pays arabe », a-t-il précisé. Il dira également que cette institution, qu’il préside depuis 2013, est en contact permanent avec un nombre d’institutions et ministères, pour essayer de leur porter aide quant à la question des termes techniques qui continuent à être utilisés en langue française. Il a rappelé que le HCA se mettait à la disposition de tout secteur ayant besoin de son expérience affirmant que son institution avait procédé à la publication de guides fonctionnels sous forme de dictionnaires et glossaires, dans les domaines administratifs, scientifique, technologique et technique. Il soulignera par ailleurs : « L’école algérienne a réalisé plusieurs acquis dont nous sommes fières aujourd’hui ». M. Mihoubi a insisté sur l'importance de préserver et de développer ces acquis réalisés dans le domaine éducatif en Algérie.
« On ne peut rester enfermé avec une seule langue » La mondialisation impose la connaissance de plusieurs langues, estimant « primordiale » l'ouverture sur les langues. Encourager l’ouverture des écoles pour l’enseignement des langues. Nous devons apprendre à nos enfants d’autres langues. C’est la société qui préserve la langue et non pas la loi. La société civile et les collectivités locales ont également un rôle à jouer dans ce sens. M. Mihoubi a relevé que les sociétés qui promeuvent le savoir et les investissements générateurs de richesses sont les "plus aptes à diffuser leur langue et à en assurer l’évolution". Face aux défis de l’ère de la numérisation et du "déluge informationnel", les langues, y compris celles qui sont les plus présentes dans le monde actuel "trouvent des difficultés à suivre ce rythme effréné", d’où "l’apparition d’un nouveau mode de communication chiffré", a souligné le président du HCA , considérant que cette dynamique cognitive a imposé à chaque société de "chercher à sécuriser son capital linguistique et à l’enrichir". M. Mihoubi a relevé à ce propos que la langue française est de moins en moins présente en matière de production de savoir, quasi monopolisée par la langue anglaise, tandis que le mandarin, l’allemand et le russe se font de plus en plus présents sur la scène internationale.
Le vocabulaire de la langue arabe est riche de plus de 12 millions de mots dont seule une très infime partie est aujourd’hui utilisée, a encore indiqué le conférencier, estimant que la préservation de la langue arabe, qui reste "l’une des langues les plus parlées dans le monde" est une "question souveraine attachée à l’identité de la société". Outil majeur de communication sociale, la langue a « besoin de se diversifier et de produire du savoir pour assurer sa vitalité », a également indiqué M. Mihoubi.
« Constantine, capitale de la culture arabe » : un évènement à valeur ajoutée Evoquant par ailleurs les préparatifs pour le lancement de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe, dont le démarrage est prévu le 16 avril prochain, Azzedine Mihoubi, a indiqué que tout est fin prêt pour que cet évènement se déroule dans les meilleures conditions. « Toutes les infrastructures devant abriter l’évènement sont prêtes. Restent certains monuments qui ont subi des opérations de restauration, ceux-ci nécessitent du temps car de telles opérations ne doivent pas se faire dans la précipitation », a-t-il indiqué. M. Mihoubi a souligné par ailleurs la nécessité de l’implication de tous, afin d’assurer la réussite de cette manifestation et d’en faire un évènement à valeur ajouté. Il a estimé que « la capitale de la culture arabe 2015 », devra refléter « la place de l’Algérie au niveau international », d’autant plus que plusieurs pays d’Europe, d’Amérique latine et d’Asie ont exprimé leur désir de participer, à cette manifestation qu’abrite la capitale de l’Est algérien, berceau de l'Association des oulémas musulmans, réputée pour son histoire culturelle et civilisationnelle. L’ambassadeur de la manifestation, a affirmé qu’un grand nombre d’invitations ont été adressées aux institutions et personnalités du monde arabe. Pour le moment, quelque 30 invitations ont été remises à des ministres arabes de la Culture, et des responsables de hautes instances, dont le Secrétaire générale de la Ligue arabe.
Salima Ettouahria