REGARDS DE LA PRESSE ALGERIENNE SUR LA CONFERENCE NATIONALE POUR LA TRANSITION DEMOCRATIQUE (EXTRAITS)
Le Matin, Dz, 10 juin 2014
La terrible faute des démocrates algériens
(Ali Benhadj, photo Le Matin)
"Pour s'attacher la sympathie des chefs du parti dissous, les leaders démocrates (1) n'ont pas hésité à taire leurs propres principes. Ainsi se déclarent-ils en parfaite harmonie avec les islamistes à propos du « diagnostic de la situation qui prévaut en Algérie et des dangers qui la guettent à cause de la domination de la corruption et de la médiocrité et de l’interdiction des libertés par le pouvoir» ! C'est tout ? Et le terrorisme, dans tout cela ? Et l'utilisation de la religion à des fins politiques ?
A la seconde où ils entreront, bras dessus bras dessous avec les dirigeants de l'ex-FIS, dans la grande salle de l'hôtel Mazafran pour y tenir cette frivole et dangereuse «conférence pour la transition», nos amis démocrates auront définitivement franchi la ligne de disqualification. Ils auront cessé de représenter l'honneur des Algériens. Pour avoir osé compagnonnage douteux avec les chefs d'une organisation intégriste sans en référer à leur base, ils ne parleront, désormais, qu'en leur propre nom […]
Cette rencontre du Mazafran n'aura eu d'utilité, en définitive, que celle d'avoir remis le chefs du parti dissous sur selle. Nos amis, dans leur infinie crédulité, pensaient pouvoir constituer, avec les islamistes, un «arc de la colère» qui impressionnerait le pouvoir algérien et dont-ils tireraient les marrons du feu. M. Bellabes du RCD parle, ainsi, de «construction d’un rapport de force», signifiant par là que les troupes intégristes seraient d'un apport capital quand viendra le moment d'occuper la rue. Mais qu'y scandera-t-on ? "Alaïha nahya, alaïha namoute" ou "Algérie libre et démocratique" ? […] M. Makri du MSP assure que "les formes d'une collaboration bien pensée sont réunies". Lui emboîtant le pas, M. Bellabès, au sortir de la rencontre avec deux hauts responsables du FIS, Kamel Guemazi et Ali Djeddi, annonce une "convergence des points de vue". Convergence ? Sur quoi, diable, pourraient converger un parti qui prône l'Etat théocratique et un autre qui a inscrit l'État laïc dans ses textes fondamentaux ? Abassi Madani pour qui la place de la femme est à la maison ? […] Oui, que peut bien partager un militant du RCD qui a tôt appris à réclamer «La séparation du champ politique du religieux et la garantie de la liberté de conscience et de culte» avec Kamel Guemazi qui a décidé, du temps où il était maire d'Alger, que les Algériens ne peuvent assister au gala de Linda De Souza sous peine de sortir de «l'ordre de Dieu» et s'exposer à la répression des autorités de la ville ? […] Bref, nos amis démocrates s'amusent à jouer à la roulette russe. Ils étaient censés porter haut les espérances d'une Algérie avide de modernité et de justice ; les voilà qui se font l'avocat de cercles archaïques, intrigants et, pour tout dire, complices de tant d'assassinats […] Ainsi le communiqué sanctionnant la rencontre avec les deux dirigeants intégristes, les présente-t-il comme «personnalité politiques et membres de la société civile» !
(1) (1) Parmi les partis qui ne sont pas membres du CNLTD et qui n’étaient pas à la conférence, citons : le PADS (communiste), le MDS (communiste), le PT (trotskiste), le PST, l’ANR…(note de B.D.)
Le Soir, 11 juin 2014
« La Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) a réuni sa conférence nationale, hier, à Zéralda. Les participants, fort nombreux et de qualité, ont, dans leurs interventions, affirmé partager l’idée du changement pacifique comme fonds de conviction commune. Une étape de réussie, en attendant que s’accomplisse le parcours projeté.
Sofiane Aït Iflis - La conférence de Zéralda a posé la première pierre pour la construction d’un projet politique alternatif […] Une conférence présidée par l’ex-chef du gouvernement Ahmed Benbitour qui, dans son allocution de bienvenue, expliquera que «la démarche s’adresse à tous les Algériens, sans exclusive, et qu’il s’agit de sauver le pays du réel péril qui le menace» […] Le premier secrétaire national du FFS, Ahmed Betatache, a indiqué pour sa part que «le changement doit intervenir avec et non contre le système», précisant que son parti a pris part à la conférence pour écouter les uns et les autres et a dit espérer que les initiatives en cours, celle du FFS, la conférence du consensus national du FFS y compris donc, se rejoignent. La conférence de la CNLTD devra voter un texte qui servira de base aux actions futures dans cette quête de la transition politique pacifique[…]
Mouloud Hamrouche a salué en la conférence une «maturité politique» dont il a dit rêver depuis un quart de siècle. «C’est l’acte de naissance du pluralisme politique, l’ancien a été un pluralisme tapageur.» Fidèle à sa lecture de la crise politique et à la démarche qu’il entrevoit comme la seule à même de la solutionner, Hamrouche a estimé que la transition, à laquelle il adhère, devra se faire avec le concours de l’armée. «Nous avons besoin de ce consensus avec l’armée. » L’autre ex-chef du gouvernement, qui est intervenu au nom du changement, a pris tout son temps pour expliquer sa vision. Il a reconnu qu’entre ce qu’il entretient comme perspectives dans sa démarche de groupe pour le changement et ce que retient la CNLTD, il y a bien des convergences. Seulement, on le sentira hésitant à s’engager pleinement dans le chantier lancé par la Coordination. Pour lui, les consultations autour de la Constitution sont un «camouflage» et une manière de gagner du temps. «Les amendements proposés à la Constitution ne changeront pas la nature du pouvoir personnel et autoritaire […]
Ali Djeddi, au nom du FIS
Les anciens dirigeants du parti dissous (ex-FIS) ont pris part à la conférence, à travers les personnes d’Ali Djeddi, Kamel Guemmazi et Abdelkader Boukhamkham. Et c’est Ali Djeddi qui s’y exprima devant la conférence, prenant le soin de répéter qu’il parlait au nom du FIS. Il a commencé par transmettre les salutations d’Abassi Madani et d’Ali Benhadj aux conférenciers » S. A. I.
AlgérieExpress, 10 juin 2014
Enjeux historiques dans un contexte trouble
« Personne ne sait avec précision de quoi va accoucher la rencontre de la CNLTD que d'aucuns appellent déjà la conférence du 10 juin. Une chose est cependant d'ores et déjà certaine, les initiateurs – en sont-ils conscients eux-mêmes ? - ont réussi un coup inédit dans l'histoire de l'Algérie indépendante […]
Pourquoi cette rencontre suscite-t-elle tant d'engouement ?
D'abord elle est inédite en Algérie […] Et en matière de comparaison historique, les grincheux qui assimilent la conférence du 10 juin à celle de San Egidio font montre au minimum de légèreté au pire de mauvaise foi. La rencontre de Rome était sponsorisée par des tutelles étrangères. Elle associait un mouvement insurrectionnel armé en activité et avait, on s'en souvient, débouché sur des résolutions soumises à « la suprématie de la loi légitime » (qanun charâi ). Enfin, le courant islamiste était dans une dynamique ascensionnel qui l'autorisait à se commettre dans toutes les aventures quitte à en renier les engagements. Pour des considérations nationales et extérieures, nous n'en sommes, heureusement, plus là aujourd'hui. »
Ali Graïchi.
Algérie 1, 11 juin 2014
« Les participants à la première réunion nationale pour les libertés et la transition démocratique dont les travaux se sont achevés mardi soir, ont annoncé l’approfondissement du dialogue et l’enrichissement du projet de plate-forme de la réunion ainsi que l’élaboration d’un document consensuel de référence à soumettre au pouvoir et à la société […] Ils ont également appelé le pouvoir à « réagir d’une manière positive vis-à-vis de la transition démocratique tel que proposé par la réunion », en mettant en garde, par ailleurs, contre »la propagation de la corruption, l’aggravation du favoritisme et l’absence d’une vision économique pour un développement global » […] Ils ont aussi souligné l’importance de « l’ouverture des champs politiques, culturels, sociaux et médiatiques, et de lever tous les obstacles qui entravent la liberté d’expression, de rassemblement ou de manifester », ainsi que l’importance d’ »établir une réconciliation nationale fondée sur la vérité et la justice » […].
En annonçant la clôture des travaux de la réunion, l’ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, a souligné « la nécessité d’établir une coalition nationale pour les libertés et la transition démocratique et de coordonner avec les forces du changement afin d’éviter tout risque de déviation et d’anarchie dans la transition démocratique et de sauver l’Algérie d’une manière pacifique ».(Aps)
La Tribune, 11 juin 2014
Les animateurs de la CNTLD réunis en présence de figures de l’ex-FIS
Par Amar Rafa
« Cette rencontre a rassemblé les principaux dirigeants de l’opposition, tous courants confondus, regroupant aussi bien des islamistes que des laïcs, organisés au sein de la Cntld, notamment Abderrazak Makri (MSP), Mohcine Belabbès (RCD), Abdallah Djaballah (FJD), Soufiane Djilali (Jil Jadid) et Mohamed Douibi (Ennahda), auxquels se sont joints d’autres personnalités nationales, dont trois anciens chefs du gouvernement (Benbitour, Benflis, Hamrouche), Ali Yahia Abdenour, Saïd Sadi, Mokrane Aït Larbi, le FFS et d’anciennes figures de l’ex-FIS, Ali Djeddi, ainsi que Benbaïbeche.
Les participants ont appelé dans leur projet de plateforme à instaurer «sans tarder» une période de transition pour un changement pacifique du système et préconisé la mise en place d’un gouvernement de transition démocratique et consensuelle, d’une commission indépendante de préparation et de supervision des élections, l’élaboration d’une nouvelle Constitution consensuelle qui passe par la voie référendaire, et l’instauration d’un débat national autour des questions de la corruption et de l’impunité […]. »
Ils ont en outre énoncé les bases de leurs activités politiques communes contenues dans leur projet de résolutions politiques, en insistant sur l’impératif de consacrer le principe de la citoyenneté, l’alternance au pouvoir et la nécessité du retour aux principes contenus dans la Déclaration du 1er Novembre. Les partis et personnalités nationales ont souligné en outre la nécessité d’adopter le refus de la violence comme base de toute activité politique ainsi que le principe de dialogue et du refus d’intervention étrangère sous toutes formes, en plaidant pour un pouvoir civil et à éloigner l’institution militaire de la scène politique, et pour concrétiser les principes de séparation des pouvoirs et permettre à la société et aux medias de se développer.
Djaballah, qui a dressé un parallèle avec la conférence de Sant’Egidio en 1995, s’est interrogé sur la prise en charge de ses résolutions par le pouvoir. »
A. R.
Liberté, 11 juin 2014
Pari réussi pour l’opposition
Par : Arab Chih
« Toutes les tendances politiques y sont représentées : démocrates (Mohcine Belabbas du RCD, Ahmed Bettatache du FFS, Djilali Soufiane de Jil Jadid, Karim Tabou, Saïd Sadi, etc), islamistes (Abderrezak Makri du MSP, Abdallah Djaballah du FJD, Ali Djeddi et Kamel Guemazi de l’ex-FIS, etc) et “nationalistes’’ (Ali Benflis, Mouloud Hamrouche, etc). Des hommes politiques, des politologues (Mohamed-Chafik Mesbah, Rachid Tlemçani, des universitaires de renom (Djabi, Remaoune, etc), des syndicalistes (Meziane Meriane…), de grandes figures de la société civile à l’image du patriarche des droits de l’Homme, Me Ali Yahia Abdenour et l’avocat Me Mokrane Aït Larbi sont, eux aussi, de la partie […] Les familles de disparus, portraits de leurs enfants à la main, n’ont pas laissé échapper cette belle occasion pour rappeler aux présents leur drame […] Le président du RCD a longuement loué le respect mutuel que se vouent les membres de la CNLTD mais aussi l’absence chez eux de toute tentative d’imposer un avis à autrui. “Nous refusons toute forme de monopole, d’alliances tribales sans haine ni volonté de régler des comptes”, a-t-il ajouté. »
L’Expression, 11 juin 2014
Par Karim AIMEUR – « Annoncé en grande pompe et à coups de déclarations dans la presse par les islamistes, Ali Benhadj n'a finalement pas assisté à la conférence nationale pour la transition démocratique qui s'est déroulée, hier soir, à l'hôtel Mazafran, à Zéralda, à l'ouest d'Alger.
Invité par la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (Cltd), initiatrice de la conférence, le numéro 2 de l'ex-FIS dissous a cédé aux conseils de son entourage pour ne pas créer des incidents. «Ses proches lui ont conseillé de ne pas venir pour éviter tout incident de nature à gâcher l'événement […] Cependant, la place réservée à Benhadj était occupée par l'un de ses collaborateurs, en présence d'anciens cadres de l'ex-FIS à l'instar de Kamel Guemazi et Ali Djeddi.
Mais Ali Benhadj n'était pas le seul absent à cette conférence. L'ex-chef de gouvernement, Ahmed Ghozali, dont la présence a été maintes fois confirmée, a brillé lui aussi par son absence.
Raison: l'un des organisateurs affirme ne pas avoir de réponse. Ce qui a encore marqué cette conférence est le geste de l'ancien président du RCD, Saïd Sadi, qui a quitté précipitamment la salle […] Sadi dont une allocution était attendue est sorti juste après la fin de l'intervention de Ali Benflis. Si personne ne pouvait avancer la raison de cet acte, il reste que l'ancien président du RCD donnait l'impression d'être mécontent […] Les divergences du passé entre les différentes tendances politiques (islamistes, laïcs, démocrates, nationalistes et socialistes) semblent avoir été effacées.[…]«C'est une journée historique», se félicitait, pour sa part, Abderrazak Makri, président du MSP, membre actif de la Cltd. »
Le Quotidien d’Oran, 11 juin 2014
Démonstration de force de l'opposition à Zéralda
par Salah-Eddine K.
« Mouloud Hamrouche, dans une rapide intervention, résumera: «Si l'opposition est aujourd'hui là dans la même salle, nous devons encore chercher les meilleurs moyens pour créer une opposition qui n'existe pas encore réellement sur le terrain». […] Hamrouche dira que l'armée ne doit pas servir de support pour le gouvernement actuel mais doit avoir pour rôle la défense de la nation, être au service de la nation et pas au service d'un gouvernement. »