En ce jour anniversaire, je tiens à manifester toute ma sympathie au frère d’Abderrahmane Arbadji, notre ami Mahmoud Arbadji que j’ai plaisir à rencontrer lors de mes séjours à Alger. Mahmoud fut lui aussi un mujâhidun.  Membre des groupes de choc du FLN, il fut emprisonné au bagne de Lambèze. Sur la photo ci-après (Mahmoud est  debout, 3^e à partir de la droite. Le 2e est Tahar El Hocine), au siège de la Zone autonome historique à Alger.

Bernard DESCHAMPS

EL MOUDJAHID

24/02/2025

Farida Larbi

« Nombreux sont les combattants de l’ALN ayant marqué la Guerre de libération nationale par leur courage et leur sacrifice, mais l’Histoire, soit par ignorance, soit par mégarde, ne leur a pas réservé la place qu’ils méritent vraiment dans le panthéon de nos martyrs. Parmi ces vaillants militants, Abderrahmane Arbadji, qui a joué un rôle des plus importants dans la Bataille d’Alger.

À l’occasion de l’anniversaire de sa mort, le 23 février 1957, les moudjahidine, les enfants de chouhada, ses compagnons de lutte et les membres de la kasma FLN de la commune de la Casbah lui ont rendu hommage, hier au siège des anciens Scouts musulmans, situé à la basse Casbah. C’est son cousin et ami Tahar, anciens combattants, qui ont eu le privilège de présider cet hommage, en rappelant à l’assistance le parcours glorieux de l’adjoint de Yacef Saâdi dans la zone autonome d’Alger . Natif de la Casbah, Abderrahmane Arbadji a vu le jour, le 6 mars 1929, au 31 rue Sidi M’Hamed-Chérif. Son père, Lakhdar, était alors connu, à l’instar de toute cette modeste famille des Arbadji, par son dévouement à la cause nationale, d’abord durant les années 1940, et par son engagement, ensuite, au sein de la Révolution, à partir de novembre 1954. Il grandira, donc, au sein d’une famille modeste, mais consciente de la nécessité de transcender la dure réalité coloniale.

École, scoutisme et football

C’est à Blida que l’enfant Arbadji entame sa scolarité. Et au bout de la deuxième année d’études, il quitte la ville des Roses pour rejoindre M’cid Fatah, une école située au boulevard de Verdun, à Alger. Son cursus scolaire sera couronné par l’obtention du fameux CEP, à l’école de la rue Tanger. Comme la plupart des Algériens de l’époque, Abderrahmane Arbadji n’aura pas la chance de poursuivre ses études. Membre des Scouts musulmans algériens (SMA), il a su tirer profit de la passion qu’il avait pour le scoutisme, en forgeant ainsi son esprit de militant convaincu. Le scoutisme lui permet également d’acquérir des connaissances fondamentales dans le domaine paramilitaire. L’enfance et l’adolescence de Abderrahmane Arbadji sont marquées par l’intérêt qu’il a pour le sport roi. En effet, il a effectué un passage remarquable au sein du prestigieux club de Soustara, l’USMA.

Il a joué, notamment, au sein des jeunes catégories de ce club de football algérois, qui avait d’ailleurs compté parmi ses rangs plusieurs autres chouhada et militants de la cause nationale. Abderrahmane Arbadji intègre très tôt la vie active, en décrochant un poste de travail au sein des PTT. Son travail lui permet d’effectuer plusieurs déplacements à l’étranger, mais aussi à l’intérieur du pays.

Ces différents voyages renforcent son potentiel politique, mais aussi culturel. Convaincu de la nécessité de l’action armée pour venir à bout du système colonial, Abderrahmane Arbadji est au rendez-vous, dès les premières heures de la Guerre de libération déclenchée le 1er Novembre 1954.

C’est à la Casbah, son terrain de prédilection, qu’il a pris alors l’initiative de mettre en place un groupe de fidaïne au service de la lutte du peuple algérien, pour le recouvrement de son indépendance. Il bénéficie alors du précieux concours d’Omar Hamadi, qui était soldat à la caserne d’Aïn Taya, où il effectuait son service militaire.

Hauts faits d’armes révolutionnaires

Le duo Arbadji-Hamadi fut derrière une opération spectaculaire, en janvier 1956. Cette opération, qui consistait à récupérer une importante quantité d’armes et de munitions de la caserne de la 22e compagnie rurale d’Aïn Taya, où était justement Omar Hamadi, fut préparée et étudiée minutieusement par le baroudeur d’Alger, Yacef Saâdi, futur responsable militaire de la Zone autonome d’Alger, créée après le Congrès de la Soummam du 20 août 1956. Cette opération «n’était pas sans risques», selon Yacef Saâdi.

Moins de deux mois passés au maquis de Palestro, Abderrahmane Arbadji et Omar Hamadi furent désignés pour accompagner, à Alger, deux combattants de l’ALN. Une fois à Alger et après avoir évidemment accompli leur mission, Yacef Saâdi leur demanda d’y rester pour poursuivre la lutte sur place.

L’hyperactivité de Arbadji au niveau d’Alger, où il participa à plusieurs actions, notamment celles qui visaient des gardiens de prison ayant maltraité les détenus et les condamnés à mort de la prison de Barberousse (Serkadji), ne laissa pas indifférentes les autorités coloniales, qui finirent par découvrir son identité. Son portrait fut affiché dans tous les commissariats de police et dans les quartiers généraux de l’armée coloniale. Il fut alors activement recherché comme tous les héros de la Casbah, Ali La Pointe, Belkacem Bouchafa, Yacef Saâdi et tant d’autres. Abderrahmane Arbadji fut promu responsable de région, avec la création de la Zone autonome d’Alger (ZAA), à l’issue du Congrès de la Soummam, le 20 août 1956. Il fut ainsi responsable militaire de la région I de la «ZAA», avec comme adjoint Othmane Hadji, alias «Ramel». Une responsabilité qu’il occupera jusqu’au mois de février 1957, date de sa mort. Après la découverte de son refuge à la rue du Diable, au cœur de la Casbah, par les parachutistes, Abderrahmane Arbadji fut cerné de toutes parts. Refusant de se rendre à l’ennemi, il choisit de se battre jusqu’au bout. Après une résistance héroïque, Abderrahmane Arbadji fut abattu les armes à la main le 23 février 1957 au cœur de la Casbah.

F. L.