(Dernière mise à jour, le 14 avril 2025)

Les deux informations nous sont parvenues quasi simultanément, annonçant la fermeture totale de la Verrerie de Vergèze propriété du groupe américain Owens Illinois, et le rapport des hydrogéologues mandatés par l’Etat qui rend un avis plutôt défavorable à la poursuite de l’exploitation de l’usine PERRIER en tant qu’eau minérale naturelle, mettant en cause la responsabilité du groupe Nestlé Waters.

Créée en 1973, la verrerie du Languedoc a été rachetée par le groupe américain Owens Illinois en 2011 et elle est devenue le principal fournisseur de bouteilles en verre pour Perrier. Les problèmes  de la source Perrier ont impacté la verrerie. "On a fermé une ligne sur les trois dédiées à Perrier, et le stock de bouteilles s’accumule. Un four et trois lignes de production ont été fermés par le passé et le four restant est vétuste. Aucun investissement n’a été réalisé dans l’usine" dénoncent les syndicats.

Les salarié.es ont appris brutalement la suppression de 164 emplois et la fermeture de leur usine.

J’imagine leur détresse. Je sais le drame que vivent ces familles avec souvent de jeunes enfants et qui pour certain.es se sont endettées pour construire leur logement. Où retrouver un emploi ?

Je pense ce soir à mes amis syndicalistes  Jean Daumas, Patrick Bonton, Jean-Luc Damour,  Jean-Pierre Runel, André Ollier, Jean Paul Ferrier, Roger Blanc et aux militants d'aujourd'hui qui ont donné de leur temps, souvent au détriment de leur vie de famille, sacrifié leur carrière, affronté la répression patronale pour que ces deux entités vivent, se développent et pour arracher au patronat une part des profits générés par le travail des salariés.

Je pense à l’occupation du site en 1968 durant plusieurs semaines et aux multiples mouvements revendicatifs à la Source et à la Verrerie.

L’eau minérale naturelle Perrier mérite qu’on se batte pour elle, pour ce patrimoine exceptionnel qui a toujours fait la fierté des Vergézois et bien au-delà, de la France toute entière.

La source Perrier est née il y a 120 millions d'années lorsque l'eau s'infiltrant sous terre a rencontré le gaz d'origine volcanique remontant à la surface. Les deux éléments se sont frayés un chemin à travers des fissures ouvertes dans les roches calcaires avant de jaillir à la surface dans un aspect bouillonnant lié au dégagement de dioxyde de carbone. D’où le nom du lieu-dit abritant la source « Les Bouillens ». Les premières traces d'exploitation de la source sont romaines. Un bassin romain a en effet été découvert lors de travaux en 1830 .

Le premier propriétaire connu en 1232 est Guillaume de Vézénobres. Des études médicales entreprises dans les années 1840-1850 confirment les vertus des eaux et du gaz naturel. Alphonse Granier alors propriétaire de la source a  l’idée d'exploiter cette eau qui a la réputation de guérir les maladies de peau. Napoléon III signe le décret de reconnaissance de « qualité d'eau minérale naturelle » le 23 juin 1863.

Louis Perrier achète la source et les terrains dix ans plus tard pour créer la Société des eaux minérales, boissons et produits hygiéniques de Vergèze.

Sir Saint John Harmsworth rachète la source au docteur Perrier en 1903 et délaisse le thermalisme au profit de la vente d'eau embouteillée, rebaptisant l'entreprise Compagnie de la source Perrier. C'est à cette époque que la célèbre bouteille en forme de massue est créée. La banque Morin-Pons rachète 95 % des actions de la source Perrier fin 1947. La marque est rachetée par Nestlé en 1992.

Ici, on a longtemps bossé de père en fils, grand-père, oncle, cousin… on faisait sa carrière à la Source ou à la Verrerie, deux  usines presque devenue une seconde famille.

Perrier ne cesse d’être cité au cœur du scandale des eaux minérales dont doit actuellement répondre Nestlé Waters. La Verrerie a quatre lignes de production. Les trois quarts pour Perrier : les bouteilles de 20, 33 et 75 cl.

Que vont devenir les familles de la Verrerie? Quel sort attend les 800 salarié.es de la Source ? Et quid des ressources de la mairie de Vergèze  et des autres collectivités  concernées? Je conçois les inquiétudes et la colère de la dynamique maire, Mme Pascale Fortunat-Deschamps angoissée de la situation de ses administré.es et de l’état du budget de sa commune.

Les syndicats de salarié.es, la mairie de Vergèze, le département et la région sont décidés à se battre.

Je les assure de mon soutien résolu.

Bernard DESCHAMPS

Ancien député PCF du Gard (circonscription de la Source Perrier)