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5 avril 2025 6 05 /04 /avril /2025 16:07

 

Adhérent depuis plusieurs dizaines d’années à France-Palestine-Solidarité, je ne me reconnais plus dans l’évolution actuelle du Comité de Nîmes auquel j’appartiens.

Lors de l’Assemblée générale du 26 mars, je suis intervenu pour faire part de mes interrogations concernant l’orientation du Comité. Je publie, ci-après le texte de mon intervention. Je m’inquiétais notamment de positions qui peuvent prêter le flanc à une accusation d’antisémitisme, en un moment où au contraire, il convient d’élargir le mouvement populaire afin de créer un rapport des forces en faveur d’un Etat de Palestine souverain aux côtés de l’Etat d’Israël. En d’autres termes, j’indiquais que c’est la politique de l’Etat d’Israël que nous combattons et non son existence. Quelles que soient, les conditions dans lesquelles cet Etat a été créé, il est désormais une réalité historique légale reconnue par l’ONU. De nombreuses interventions ont succédé à la mienne pour contester la légalité de l’existence de l’Etat d’Israël et un vote sur cette question m’a été refusé.

Dans les jours qui ont suivi cette AG, le bureau du Comité a publié un article d’un adhérent contestant la Résolution 181 de l’ONU, qui en 1947 a créé l’Etat d’Israël par  53 Pour, 10 Contre et 13 Abstentions, et affirmant, je le cite : « En peu d’années le pourcentage se serait inversé. ». C’était avant les décolonisations qui ont généré la création de nouveaux Etats. L’ONU en compte aujourd’hui 193, mais depuis a été confirmée à de multiples reprises et notamment le  3 mars 2016, ce que l’on appelle la solution à deux Etats avec un Etat d’Israël et un Etat de Palestine souverain dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale,   par 153 Pour, 7 Contre, 7 Abstentions.

Respectueux de la légalité internationale, nous ne demandons pas qu’Israël soit rayé de la carte du Monde, ce qui d’ailleurs serait impossible, mais nous combattons sans concession sa politique.

L’AFPS de Nîmes  avait confirmé sa prise position contre l’existence de l‘Etat d’Israël en invitant pour une conférence publique quelques semaines plus tôt, l’auteur très  controversé Michel Collon.

Une nouvelle Assemblée générale se tenant le 31 mars, en un moment ou Netanyahu avec le soutien de Trump affiche désormais ouvertement  son objectif hideux de génocide en créant une agence gouvernementale chargée de vider Gaza de sa population, je m’apprêtais  à intervenir à nouveau pour demander que, dans l’intérêt de la Palestine, nous ne donnions pas de prétexte à ceux qui nous accusent d’antisémitisme. Je fus brutalement interrompu, on m’intima de me taire  et je ne pus reprendre le cours de mon intervention, ce qui me contraignit à quitter la réunion.

Vieux militant anti colonialiste, je suis à la fois meurtri et très inquiet de l’orientation prise par mon Comité sous la pression semble-t-il de nouveaux adhérents et de nouveaux membres du Conseil d’administration.

Bernard DESCHAMPS

Ancien député PCF du Gard

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MON INTERVENTION LE 15 MARS 2025, LORS DE l'AG DE FRANCE-PALESTINE-SOLIDARITE-NÎMES :

Notre AG se tient dans une situation exceptionnelle. Nous vivons, selon les analystes, un « basculement historique », un « changement d’époque », avec la guerre en Ukraine, l’élection du néo-fasciste Trump et son alliance avec le criminel de guerre Netanyahu.

Nous sommes hantés par les images d’apocalypse de Gaza et de Cisjordanie où un génocide est en cours, et par la situation au Sud Liban. Et bouleversés par le courage de ces peuples martyrs. La situation est d’autant plus terrible que l’ONU qui dit le droit international est paralysée pour faire appliquer ses décisions en raison du veto que les 5 membres permanents peuvent opposer au Conseil de sécurité.

Dans cette situation d’une gravité exceptionnelle, la paralysie de l’ONU ne peut être surmontée que par l’action populaire. Par notre action.

Notre comité nîmois témoigne à cet égard d’une vitalité remarquable dont il faut féliciter les ami-es qui l’animent. Dans le même temps, nous devons nous interroger : nos rassemblements du samedi si nécessaires rassemblent toujours à peu près le même nombre de participant-es. Devant la gravité de la situation actuelle nous ne pouvons nous en satisfaire et nous devons nous interroger. Pourquoi, malgré l’activisme des militant-es, nous ne parvenons pas à y faire participer de nouvelles couches de la population ?

Nous sommes évidemment victimes de la propagande effrénée diffusée par les grands médias. Mais pourquoi cette propagande rencontre-t-elle un écho dans les consciences ?

Il y a notamment le racisme, la haine de l’islam et l’assimilation de notre action à de l’antisémitisme. Cette calomnie est d’autant plus efficace dans notre pays qui a connu la Rafle du Vel d’hiv en 1942 et où le souvenir des six millions de Juifs victimes de la shoah est très présent.

Nous devons nous demander si parfois nous n’y prêtons pas le flanc. Quand par exemple, nous refusons de nous prononcer pour la solution à 2 Etats, Israël et la Palestine, dans les frontières de 1967 ?

Je comprends les interrogations de certain-es de nos ami-es à ce sujet. Les conditions dans lesquelles fut créé Israël en 1947 furent contestables et la nakba (la catastrophe en arabe) fut une atrocité, un crime. Moi aussi, je rêve d’un Etat multinational où Israéliens et Palestiniens vivraient en bonne intelligence. Malheureusement, le fossé qui s’est créé est pour longtemps sans doute difficilement surmontable et l’Etat d’Israël est devenu une réalité historique. Nous combattons sa politique extérieure, mais ne remettons pas en cause son existence.

Lutter en faveur de la souveraineté de la Palestine, qui est notre objectif, et se prononcer pour  1 seul Etat  revient à demander la  suppression de  l’Etat d’Israël. Cela jette un doute sur notre engagement contre l’antisémitisme et gène notre combat en faveur d’un Etat palestinien souverain dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.

La solution à 2 Etats est aujourd’hui la règle en droit international. Et le respect du droit est un devoir pour tout démocrate.

Rappelons quelques dates clefs :

- 29 novembre 1947 : La Résolution 181 de l’ONU votée en Assemblée générale par 33 voix POUR (dont l’URSS, les USA et la France), 13 CONTRE et 10 ABST, décide de la création de 2 Etats, Israël et Palestine.

- 4 au 22 novembre 1967 : La Résolution 242 décide que la frontière entre les 2 Etats est celle du 4 juin 1967 avant les annexions de la guerre des Six jours (Victoire d’Israël sur Jordanie, Egypte, Syrie, Liban (participation de l’Algérie).

- 15 novembre 1988 : Proclamation à Alger de l’Etat de Palestine par Yasser Arafat.

- 30 novembre 2016 : L’AG de l’ONU exige (153 POUR, 7 CONTRE, 7 ABST ) de « Rendre les territoires occupés depuis 1967 » (Réponse à ceux qui pensent qu’un Etat de Palestine serait aujourd’hui impossible en raison de l’occupation)

- 23 décembre 2016 : La Résolution 2334 du Conseil de sécurité exige « L’arrêt des activités de peuplement dans les territoires palestiniens ».Depuis lors les instances de l’ONU continuent de se prononcer en faveur de 2 Etats. Je rappelle que l’article 2 des statuts de notre comité nîmois précise que nous agissons « sur la base de la légalité internationale ».

Bernard DESCHAMPS

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