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Monsieur le Consul d’Algérie, Najib Boukhatem, accueillait mercredi soir ses invité-es en ce 63e anniversaire du 19 mars 1962, pour un repas de rupture du jeûne du Ramadan de l’année 1446.
Dans son allocution suivie de Kassaman et d’une minute de silence, il rendit un émouvant hommage aux sacrifices des mujâhidun de la guerre de libération et salua la présence de jeunes, de la génération qui aura à bâtir l’Algérie nouvelle.
Cette commémoration revêtait cette année une importance exceptionnelle en raison de la crise entre la France et l’Algérie, la plus grave depuis 1962. M. le Consul Boukhatem n’y fit pas allusion. Cette modération qui témoigne d’une volonté d’apaisement des autorités algériennes, tranche singulièrement avec les mensonges et les injures qui ont envahi la plupart des médias français (l’Humanité fait exception, qui a publié hier un numéro spécial « Paris-Alger, l’appel des Deux Rives à la raison »).
Le déchaînement de haine en cours a pris prétexte du refus de l’Algérie de recevoir sur son sol des OQTF accusés d’avoir proférer sur les réseaux sociaux des menaces contre des opposants algériens. Comme l’ont écrit le journal Le Monde du 6 janvier 2025 (1) et Abdou Semmar, lui-même opposant qui vit en France depuis 2019, fondateur du média en ligne Algérie Part, après avoir été journaliste à Midi libre et El Watan, rien ne prouve que ces « influenceurs » aient été aux ordres de l’Etat algérien.
Rappelons que selon l’INSEE, seulement 13,1% des personnes vivant en France sont nées à l’étranger et que, selon le Service statistique ministériel français de la sécurité intérieure (SSMSI), les étrangers représentaient en 2024, 17% des personnes mises en cause par la police et la gendarmerie. Par ailleurs les OQTF ne sont pas toutes/tous des délinquant.es. Je connais des personnes parfaitement honorables qui ont été expulsées de France parce que leur titre de séjour était périmé et que pour des raisons de santé elles n’avaient pas été en mesure de le renouveler.
Cette campagne de dénigrement de l’Algérie fait suite à la décision du Président Macron de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental au mépris des décisions de l’ONU favorable à son autodétermination que soutient l’Algérie.
C’est dans ce contexte qu’est intervenue le 16 novembre 2024, l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal accusé d’ « atteinte à l’intégrité territoriale» pour avoir mis en cause la frontière actuelle entre le Maroc et l’Algérie dans une déclaration au journal français d’extrême-droite Frontières. Depuis lors, âgé de 80 ans et malade, il est incarcéré dans l’unité pénitentiaire d’un hôpital d’Alger. Boulem Sansal dont on connait la proximité avec les milieux de l’extrême-droite française, avait donné cette interview au média Frontières créé en septembre 2024 et dont le directeur Erik Tegner est un proche d’Eric Zemmour. « On ne combat pas des idées par la prison », comme je l’ai écrit dans « Chroniques algériennes, 2020-2024 »(2). L’emprisonnement de Boualem Sansal est une faute grave, aux plans humain et de l’éthique. Elle est de plus contre-productive car elle en fait un martyr que l’on hésite à critiquer.
Comme le soulignent tous les observateurs, ce déchaînement de haine vise à flatter l’électorat raciste et xénophobe du Rassemblement national. Elle s’inscrit également dans l’opération de remodelage politique du Maghreb, du Proche et du Moyen-Orient sous la direction des USA et d’Israël. En effet, l’Algérie est un des pays qui n’ont pas signé les Accords d’Abraham et qui soutient le droit des Palestiniens à un Etat souverain aux côtés d’Israël, dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Nous devons en avoir conscience car c’est la Paix l’avenir du Monde qui sont en jeu.
J’ai eu l’honneur de participer à cette soirée au Consulat aux côtés de la mûjahida alèsienne Madame Fatima Krim et de Maître Khadija Aoudia, bâtonnier de l’Ordre des avocats du Barreau de Nîmes.
Bernard DESCHAMPS
22 mars 2025
1-Le Monde, Christophe Ayad et Frédéric Bobin, 6 janvier 2025.
2 « Chroniques algériennes, 2020-2024 », page 247.