
Contradictions ?
Le dernier sondage au sujet de la prochaine élection européenne réalisé par BFMTV rendu public hier soir crédite la liste pilotée par le communiste Ian Brossat de 2% des intentions de vote, alors que LaREM (Macron) arrive en tête avec 23,5% devant le RN (Le Pen) avec 20,5%.
Pourtant hier, dans le quartier nîmois du Chemin-Bas-d’Avignon plus de 400 personnes – dont de très nombreuses femmes et beaucoup de jeunes - se pressaient dans la salle André Malraux pour les vœux de Christian Bastid, vice-président communiste du Conseil départemental du Gard et d’Amal Couvreur, vice-présidente apparentée-socialiste. Quelques jours plus tôt, pour les vœux de la fédération gardoise du PCF, le Prolé s’etait révélé trop exigu et les observateurs avaient noté, comme dans le Quartier du Chemin-Bas, une assistance plus nombreuse que les années précédentes et la présence des organisations démocratiques syndicales et politiques. Une situation identique nous est signalée dans les autres secteurs du département
A l’évidence, après des passages difficiles, le PCF amorce une remontée de son audience.
Comment expliquer la contradiction avec le résultat du sondage cité ci-dessus? Sans doute, avons-nous conservé pour des raisons historiques, dans ce département, un rayonnement certain. Peut-être aussi, compte tenu de la marge d’erreur des sondages, notre audience réelle est-elle légèrement supérieure. Il demeure que nous ne décollons pas vraiment au plan politique. Ce n’est pas nouveau qu’un écart existe entre les résultats des élections locales et nationales. Mais cette réalité est accentuée par l’actuel discrédit général à l’égard des élus nationaux, tandis que les élus locaux conservent un certain prestige. Les électeurs peuvent en effet constater de visu le rôle d’un maire ou d’un conseiller départemental qu’ils côtoient quotidiennement. C’est déjà plus compliqué avec un conseiller régional et surtout avec un député ou un sénateur.
Pour les communistes, la tâche est d’autant plus complexe en vue des prochaines élections qu’ils combattent l’actuelle orientation de l’Union Européenne tout en considérant l’échelon européen comme étant pertinent (voir Cause commune de ce mois-ci), alors que la vision binaire Pour ou Contre l’Europe est largement dominante parmi nos concitoyens.
Le combat engagé par les Gilets Jaunes crée cependant un climat favorable nouveau. D’intenses discussions politiques ont lieu sur les ronds-points parmi des personnes qui jusqu’alors, dégoûtées, se désintéressaient de la politique. Or la plus grande partie des propositions des communistes recoupent leurs attentes : hausse du pouvoir d’achat, démocratie participative, rétablissement de l’ISF…Ne nous cachons pas cependant les obstacles à surmonter : la hausse du pouvoir d’achat, par exemple, peut aussi bien se traduire, comme nous l'exigeons, par la hausse du SMIC, que par la baisse des cotisations sociales comme le demandent la droite et l’extrême-droite. Or, la mise en cause des riches est plus présente sur les ronds-points que la lutte des classes, ce qui explique que les revendications des Gilets Jaunes sont surtout orientées vers l’Etat et plus rarement en direction des entreprises…
Tout en appuyant le mouvement, nous ne devons donc pas nous interdire d’apporter notre propre éclairage.
Il appartient également aux élus communistes, comme aux autres militants, dans leurs contacts avec la population, de faire le lien entre leur action locale et les choix politiques nationaux et internationaux. Entre les difficultés qu’ils doivent surmonter localement pour répondre aux besoins et les politiques mises en œuvre par l’Etat français et l’U. E.
Nous vivons un moment d’accélération de la vie politique. Beaucoup de choses peuvent changer d’ici le 26 mai date des élections. Rien n’est joué.
Bernard DESCHAMPS
24 janvier 2019
(Photo: l'assistance dans la quartier populaire du Chemin-Bas-d'Avignon à Nîmes)