Dans quelques heures les gerbes multicolores des feux d’artifice célèbreront l’entrée dans la nouvelle année. Nous fêtons avec Ann-Charlotte et Frédéric, la famille et les ami(e)s les trente ans de Cécilia née un 31 décembre, tandis que Nael vient de vivre son premier Noël.
Cette année fut prodigieuse.
Nael qui est né le 2 février bientôt marchera mais pour l’heure il crapahute dans les pièces de l’appartement de ses parents, Annélie et Adil. C’est un beau bébé souriant que sa grande sœur Anna-Sofia adore et qui tire ma moustache en riant aux éclats.
Une année prodigieuse donc, jalonnée d’une multitude d’évènements petits et grands, publics ou intimes. En vrac : la défense du jeune guinéen Moussa Camara ; les propos méprisants du président des riches ; la sortie de mon livre El Djazaïr ; l’invitation à le présenter au Village du Livre de la fête de l’Humanité ; la manifestation de Beaucaire contre la suppression par le maire RN des repas de substitution dans les cantines scolaires ; de nombreux séjours dans les Cévennes ; le Festival du documentaire et des concerts à Lasalle ; une escapade à Sète et ses musées ; le 10e Panorama du Cinéma algérien et la soirée à Aigues-mortes avec MIchèle Audin et François Demerliac le réalisateur du film « La disparition de Maurice Audin » et des lectures nombreuses d'auteurs divers: Giorgio Agamben, Louis Althusser, Bernard Bajolet, Ludivine Bantigny, Rachid Boudjedra, Gaël Faye, Bernard Friot, Edouard Glissant, Pierre Guyautat, Philippe Herzog, Anselm Jappe, Philippe Joutard et Jean-Clément Martin, Danielle Julien, Roger Martelli, Jean-Claude Michéa, Rayhana, Jean-Pierre Rosenscveig, Lucien Sève, Jean Vioulac, et, dans l’intervalle, des romans policiers pour me reposer l’esprit.
Certaines de ces lectures et plusieurs évènements m’ont particulièrement marqué. J’ai notamment découvert, grâce à L., la saga romanesque d’Elena Ferrante et l’amitié « prodigieuse » (d’où le titre de cette chronique) de Lila et d’Elena dans la Naples populaire de l’après-guerre et des années de plomb. Une immersion dans la psychologie féminine à une époque troublée de l'histoire de l'Italie.
Bien évidemment j’ai également suivi et vécu avec passion la préparation puis le déroulement du 38e congrès du parti communiste français, ce parti dont je suis adhérent depuis soixante-sept années et qui vient de connaître pour la première fois de son existence un tsunami : sa direction nationale mise en minorité sur le texte d‘orientation et qui malgré ce – alors que tant d’autres explosent ou se déchirent - a évité les combats de chefs et maintenu sa cohésion sur une orientation politique qui a donné lieu à un remue-méninges sans précédent.
Le nouveau voyage en Algérie qui me conduisit en novembre d’Alger, à Tibherine, Guelma et Constantine, me replongea dans ce pays que j’aime et qui s’interroge sur son avenir à quelques mois d’une élection présidentielle.
Enfin, en ces jours de fête, les « gilets jaunes » poursuivent leur combat et malgré le froid et les manœuvres du pouvoir continuent d’occuper de jour et de nuit, à la lumière des braséros, les carrefours routiers et des points névralgiques du pays de France où il faisait « si bon vivre » et où la misère a explosé sous les coups de boutoir des oligarchies financières et du « président des riches ». Une nouvelle fois dans l’histoire de notre peuple les gueux se sont levés pour libérer toute la société. Dans quelle direction et jusqu'où ira ce mouvement ? Rien n’est jamais écrit à l’avance. Qu'est-ce qui l’emportera des manœuvres souterraines de Macron pour favoriser l’extrême-droite ou des aspirations démocratiques et progressistes ?
Que 2019 soit l’année de la réalisation de nos rêves.
Bernard DESCHAMPS
31 décembre 2018