Le Figaro frissonne. La loi d’amnistie sociale, votée par le Sénat sur proposition des élus Front de gauche, serait «une loi scélérate». Laurence Parisot y dénonce un encouragement au «cassage social» et immédiatement le groupe UMP entonne le refrain. Alors que le mécontentement monte en Europe, qu’un million et demi de personnes ont défilé samedi à Lisbonne et dans les grandes villes portugaises, que de nouveaux projets de régression sociale sont à l’ordre du jour, les milieux dirigeants veulent brandir la menace du bâton contre les indignés de toute sorte. Angela Merkel avait vendu la mèche en prônant la soumission de la démocratie aux exigences des marchés («marktkonforme demokratie»), un autoritarisme «éclairé» par l’appétit de dividendes élevés...

Maquillé d’un trait de dialogue, le projet de loi sur l’emploi qui sera présenté demain au Conseil des ministres constitue un dynamitage du droit du travail. Quel parlementaire de gauche pourrait cautionner un tour de passe-passe qui verrait les exigences du Medef devant lesquelles des syndicats minoritaires ont plié - prendre force de loi? Un accord d’injustice comme le confirment les criitiques à son encontre du Syndicat de la Magistrature et de celui des Avocats de France. La généralisation de la précarité qu’il permettrait s’ajouterait à l’avalanche de plans de licenciements et de mesures d’austérité qui s’abattent sur les salariés français. Les 170 manifestations et les arrêts de travail prévus, demain, à l’appel de la CGT, de FO, de la FSU et de Solidaires sont un rendez-vous important. Pascal Lamy, le directeur général de l’OMC, socialiste que certains présentent comme ministrable, voit dans cette résistance le signe que «le GPS des Français est un peu détraqué» parce qu’ils veulent «une espèce d’îlot de bonheur provisoire danss un monde de catastrophes» alors que «la globalisation a des bons côtés» puisqu’il «y en a qui s’en sortent». Viser la seule survie du plus fort et du plus riche, voilà ce qu’on voudrait nous vendre pour de la modernité et comme un haut degré de civilisation!

L’importance de la mobilisation aidera les parlementaires socialistes et EELV à se souvenir des raisons pour lesquels Nicolas Sarkozy a été battu et eux élus. Dans les hémicycles, chacun aura à se prononcer sur les amendements qu’annonce André Chassaigne dans nos colonnes. «La France ouvrière, écrivait Jean Jaurès, est un vaste champ de bataille où les exploités se dressent en face des exploiteurs»...

 (Publié dans l'Humanité du 4 mars 2013)