Bouteflika aurait pu saisir l’opportunité de la tenue du Conseil des ministres lundi dernier pour se replacer au-devant de la scène en se positionnant sur les différentes questions d’actualité. Et ce n’est pas les évènements qui manquent : présidentielle de 2014, tension sociale, débat sur la révision de la Constitution, sécurité aux frontières avec la Libye et le Sahel, difficultés économiques du pays, violences à Ghardaïa…
Le président n’a presque rien dit. Prolongeant ainsi son silence, donnant la nette impression de vouloir rester en recul.
Par ailleurs, lors du même Conseil des ministres, le Président a apporté son soutien au travail du Premier ministre en estimant «que le pays est en train d'accomplir un bond qualitatif sur la voie du progrès et de la croissance durable.» «L'envergure des projets réalisés et l’importance des moyens engagés ont sensiblement amélioré le quotidien des Algériennes et des Algériens». a-t-il jugé.
Ce même Sellal qui a été sévèrement critiqué et qualifié comme «un mauvais joueur en politique», par Amar Saadani, secrétaire général du FLN, bénéficie donc de l’appui du chef de l’État qui, non seulement salue ses sorties dans les wilayas, mais lui offre l’opportunité d’annoncer l’initiative de sortie de crise qui fait actuellement l’objet de discussions entre le gouvernement, les notables et les représentants de la société civile à Ghardaïa. Pourtant, depuis son arrivée au pouvoir en 1999, le président de la République centralisait tout à son niveau notamment les initiatives et les annonces politiques.
Cet appui explique en partie l’assurance et la confiance en soi constaté chez le Premier ministre au fil de ses visites à travers le pays. Le Premier ministre ne se contente plus de distribuer des budgets et d’inspecter des projets, il affiche désormais ses positions politiques, répond « à ses détracteurs» et soigne son image. Lors d’une récente sortie à l’intérieur du pays, Sellal n’a pas hésité à rappeler qu’il est le seul chef du gouvernement à avoir effectué autant de visites de travail à l’intérieur du pays et à distribuer autant d’enveloppes budgétaires. Le mérite revient sans doute à une conjoncture politico-économique assez particulière et à l’approche de la présidentielle. A quelques jours de la convocation du corps électoral, les ambitions de Sellal, qu’on avait présenté d’abord comme un éventuel vice-président, puis comme présidentiable, seront enfin dévoilées !