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28 février 2014 5 28 /02 /février /2014 09:33

JEAN-SENAC-2.jpgLa soirée Jean Sénac organisée par France-El Djazaïr, en coopération avec l’IRIEC de la faculté Paul Valéry de Montpellier, a tenu ses promesses. Sous la présidence du Professeur Guy Dugas, M. Hamid Nacer-Khodja a déroulé avec une grande finesse le film de la vie si courte et cependant si pleine du poète. De sa naissance de père inconnu à son assassinat crapuleux. De sa jeunesse dans un milieu pétainiste à son engagement indépendantiste. De son ignorance des Arabo-berbères à son choix d’être un des leurs vivant parmi eux. Le rôle de la mère fut mis en lumière par le conférencier et les étapes de son cheminement personnel qui le conduisit à s’identifier au peuple algérien. Les influences de Camus avec lequel il rompra  et de René Char notamment dont la démarche et le style seront pour lui sources d’un nouvel élan poétique que le comédien Louis Beyler illustra en lisant plusieurs textes avec talent :

 

"Il faut pour te parler un silence de roche

une attente affinée de tendresse d'erreur

un duvet de souveraine

où s'éveille la vigueur.

Il faut aller très loin dans l'honneur de tes lèvres

t'élever connaissance à la hauteur du pain..."

 

Et dans un autre registre:

 

« L’Afrique se lève pour un face à face lucide

Avec les forces de la nuit ! »

 

« La Révolution a donné un regard à ce peuple.[…]

J’avais rêvé. Ce peuple est plus grand que mon rêve. »

 

Le public nombreux qui se pressait dans la salle de la Maison du Protestantisme fut par ses questions un acteur de la réussite de cette soirée. Quand l’orateur et le public sont en phase, un climat particulier s’instaure qui crée les conditions d’une réflexion d’une haute tenue intellectuelle. Ce fut le cas mercredi soir.

Parmi tous les sujets abordés, je retiendrai cette remarque sur « l’identité multiple » de Jean Sénac, à l’image de « l’identité » algérienne, riche d’influences diverses et d’ethnies multiples. En écoutant l’échange sur ce point entre un auditeur et le conférencier, je repensais à une réunion récente de France-El Djazaïr, au cours de laquelle un débat, disons vif, s’instaura à propos de la qualification de la profanation récente du drapeau algérien sur un média électronique. Certains amis soutenaient qu’il s’agissait d’un acte raciste, comme si le peuple algérien était constitué d’une seule « race ». Je défendais au contraire l’idée qu’il s’agissait d’un acte xénophobe. La plupart sur l’instant n’ont pas compris pourquoi j’attachais tant d’importance à cette qualification. J’avais en tête cette multiplicité des composantes du peuple algérien. J’avais aussi en tête les difficultés rencontrées par Jean Sénac qui n’obtint pas la nationalité algérienne, alors qu’il avait lutté pour l’Indépendance du pays et se considérait comme Algérien. Il ne fut alors malheureusement pas le seul dans ce cas. William Sportisse raconte lui-aussi dans « Le camp des Oliviers » les difficultés qu’il a rencontrées. Comme le fit remarquer M. Hamid Nacer-Khodja les choses ont heureusement évolué dans le bon sens depuis le Code de la Nationalité de 1970 et surtout depuis 2005. Mais le débat n’est pas clos entre « droit du sang » et « droit du sol ». En France aussi…

Au cours de la soirée il fut également question de notre chère Annie Steiner (Fiorio) à qui Jean Sénac dédia  ainsi qu’à Ahmed Taleb et Layachi Yaker "Le soleil sous les armes" avec cette  dédicace manuscrite :  « A toi, Annie, ce bivouac où ta présence affirme que LE SOLEIL ne sera plus SOUS LES ARMES, mais dans le cœur fraternel de notre peuple. Je t’embrasse soleil ! Jean « 

Cette soirée fut honorée de la présence de M. Dahmane Smaïl, Consul-adjoint d'Algérie à Montpellier. 

Bernard DESCHAMPS

28/02/2014

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commentaires

J
Bonjour Bernard, je n'ai pas pu venir à cette soirée mais je me réjouis de son succès. J' avoue que je ne connaissais pas Jean Sénac avant, et j'en ai profité de mon côté pour en apprendre<br /> davantage sur lui et son oeuvre. Lumineux comme un soleil, il est de ceux qui contribuent à dissiper les ombres de la nuit.<br /> Amicalement, José Gomez.
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