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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 16:53

THESEE ET LE MINOTAURECOMMENT ETRE HEUREUX QUAND DES ENFANTS

MEURENT A NOTRE PORTE

J'ai scrupule à parler d'autre chose que du drame épouvantable qui se prolonge à Gaza. Au 25e jour de l'agression israélienne, on dénombre 1395 morts dont 245 enfants et plus de 7 000  blessés palestiniens. C'est un crime de guerre et un crime d'Etat dont l'Etat d'Israël et ceux qui l'ont soutenu devront rendre compte. Heureusement des gouvernements sont passés des paroles aux actes pour sanctionner Israël. C'est le cas de ceux de Bolivie, du Vénézuéla, du Salvador, du Chili, du Pérou, du Brésil et de l'Equateur qui viennent de rompre leurs relations diplomatiques avec Israël. Déjà la plupart des pays musulmans dont l'Algérie, la Syrie, l'Iran n'entretenaient pas de relations diplomatiques avec ce pays.

Tapisserie de Marc Saint-Saëns: Thésée et le Minotaure,

allégorie symbolisant la Résistance terrassant le nazisme.

MARC SAINT-SAËNS, AIGUES-MORTES 1er AOÛT 1964

Il y a très exactement 50 ans, la municipalité communiste d’Aigues-Mortes présidée par André Fabre, inaugurait, après celle de Jean Lurçat en 1963, une seconde exposition de tapisseries dans les salles de la Porte de la Gardette. Comme pour la première, j’avais été chargé de l’organiser avec l’aide précieuse du céramiste aigues-mortais David Sol. Marc Saint-Saëns dont je fis alors la connaissance, un des rénovateurs de la tapisserie française avec Lurçat et Dom Robert, était un homme d’une extrême gentillesse et d’une grande modestie. Il a été très présent tout au long de la préparation puis de l’accrochage. La mairie d’Aigues-Mortes qui n’était alors pas très riche, ne disposait que d’un seul véhicule, un fourgon Renault qui servait, entre autres…de corbillard ! C’est dans cet équipage que nous sommes allés ensemble avec Marc Saint-Saëns chercher deux grandes pièces au théâtre du Capitole à Toulouse. Sans escorte ! De son côté Marc avait transporté lui-même jusqu’à Aigues-Mortes, sa tapisserie la plus célèbre Thésée et le Minotaure. On aurait pu la lui voler. Les choses étaient ainsi en ce temps-là. Nous n’étions pas obsédés par le « principe de précaution », car ne régnait pas encore le climat « sécuritaire » qui depuis nous a envahis.

VIERGES-FOLLES.jpgEn plus de Thésée et le Minotaure, nous avions également accroché sur les vieilles pierres dorées  des salles voûtées des Remparts, Les Vierges folles, La musique, Oiseaux et feuillage, L’oiseau sophistiqué…Au total une vingtaine d’œuvres. L’affiche de présentation était illustrée d’une gouache originale de l’artiste représentant un taureau de combat à tête de hibou.

Parmi les visiteurs qui signèrent le Livre d’Or de l’exposition, nombreux venaient d’Allemagne, de Belgique, de Grande-Bretagne, du Danemark, de France aussi bien-sûr et, nous en étions très fiers, d’Aigues-Mortes…Les appréciations, à de rares exceptions près, étaient élogieuses et célébraient le mariage heureux de la pierre et de la laine, ainsi que le jeu de la lumière sur la matière. Une mention spéciale pour une aigues-mortaise célèbre : Jeanne Demessieux, organiste de La Madeleine à Paris, professeure au Conservatoire de Liège, qui fit précéder sa signature de quelques notes de SAINT-SAENS-2.jpgla Symphonie n°3 avec orgue de…Camille Saint-Saëns, l’oncle de Marc. Beaucoup souhaitaient une suite. Malheureusement l’année suivante nous perdions la mairie et de suite il n’y eut point… Quand je quittai Aigues-Mortes, appelé auprès du nouveau Maire de Nîmes Emile Jourdan, mes collègues enseignants m’offrirent le Grand Livre de la Tapisserie édité par Edita. Je viens de le consulter une nouvelle fois et c’est avec une profonde émotion que j’y retrouve la signature de chacun(e) d’eux, dont quelques-un(e)s, Ô, temps qui passe ! ont disparu…

 

IL EST DES REVES PAISIBLES

Tapisserie_Bach_1980.jpgDans le petit salon,

fenêtre ouverte sur le jardin de Montaury, j’écoutais Nicolas Angelich qui venait d’attaquer les  Variations Goldberg à la Grange de Meslay. Je fermai les yeux envoûté par le murmure, d’une douceur infinie, du premier Aria. Je vis alors apparaître devant le cèdre, sur le rythme de la première variation, un Pierrot tourbillonnant, tandis que  dans l’allée des seringas, un homme s'avançait ayant l’allure et la démarche d’un philosophe, vêtu d’une redingote , cheveux sur les épaules,  parlant avec emphase à deux jeunes filles  enrubannées dont l’une lui répliquait avec vivacité, tandis que la seconde la tempérait. Puis, venant de la terrasse, un monsieur bedonnant, jovial, presque chauve mais ne portant pas perruque, les rejoignit en leur souhaitant la bienvenue. A l’évidence il s’agissait du propriétaire des lieux. C’est alors qu’un groupe de jeunes gens, en justaucorps, riant et parlant haut, entrèrent par le portail du jardin. On ne vit et entendit bientôt qu’eux, pleins de vie, allant d’un groupe à l’autre. Ils brassaient tellement d’air que je n’avais pas remarqué une jeune personne, modestement vêtue qui, sans bruit, était allée s’asseoir sur un des bancs de pierre près du bassin. Comme pour la distraire, car un voile de tristesse assombrissait son doux visage, un papillon vint gentiment voleter près d’elle tandis que l’accompagnaient les notes de l’Aria. Un oiseau, ému lui aussi par la douceur de ce tableau, fit alors entendre, du haut du tilleul, son chant cristallin. La porte de la maison s’ouvrit pour laisser la maîtresse de maison en robe volante de soie, venir accueillir ses invités, bientôt suivie d’une dame âgée, très belle avec ses cheveux gris en bandeaux qui, s’appuyant sur sa canne, s'installa dans un fauteuil sur la terrasse, sous la glycine. Une explosion joyeuse de cris d’enfants nous annonça l’arrivée en fanfare des héritiers de la famille. Les derniers rayons du soleil égayaient le massif de lilas et, des cyprès qui veillent sur nous, nous parvint par ricochet, comme une voix bienveillante et lointaine, le chant léger des notes du piano de Nicolas Angelich. Au gré des trente variations, à mesure que le soir descendait, les groupes dispersés dans le jardin se formaient et se reformaient et la musique de leurs conversations animées jaillissait des doigts du magicien qui interprétait Bach. Le dernier Aria, déroulant sa mélodie apaisante, accompagna en leur souhaitant une bonne nuit, les invités qui peu à peu prenaient congé, poursuivant les conversations engagées ponctuées parfois d’un bref éclat de rire …J’avais beaucoup aimé Glenn Gould dans les Variations. J’ai été subjugué par le jeu si expressif de Nicolas Angelich.

JEAN JAURES

J’ai publié hier sur ce blog  la remarquable étude de l'historien Gilles Candar, président de la Société d'études jaurésiennes, sur l’évolution de Jaurès, de l’approbation du colonialisme à son combat anticolonialiste. Alors que certains travestissent sa pensée, un tel article intellectuellement honnête est réconfortant. C’est également un appel à se ressaisir, à ceux qui actuellement font le chemin inverse de Jaurès. Les Aigues-Mortais ont une expression pour cela : « aller en récaguant ».

PERSONNE N’EN PARLE : LES DELEGUES SENATORIAUX DE BEAUCAIRE

Les conseils municipaux ont désigné en juin leurs délégués sénatoriaux qui éliront les sénateurs du Gard en septembre prochain. Le conseil municipal de Beaucaire, désormais présidé par un lepéniste, Julien Sanchez, a élu 23 délégués sénatoriaux Front National en plus de Sanchez, conseiller régional.

Curieusement personne n’en parle, alors que cela renvoie à l’attitude des partis politiques qui ont permis l’élection du Front National à la Mairie de Beaucaire.

DERNIERE MINUTE

J'ai téléphoné à nos ami(e)s à Alger. Le tremblement de terre a été ressenti très fort, mais ceux/celles que j'ai pu joindre me disent:  "il y a eu plus de peur que de mal". Quelques maisons en mauvais état pourtant se sont écroulées et dans la panique des personnes se sont jetées de leur fenêtre et sont décédées. C'est le quartier de Bologhine qui a été touché, mais le cimetière (ex-Saint Eugène) et le stade n'ont pas souffert. Je n'ai pas réussi à joindre Aïssa Mokrane qui habite ce quartier avec sa famille.

Bernard DESCHAMPS

1er août 2014


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commentaires

B
"Aller en récaguant" signifie"reculer en déféquant"
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