Philippe SAUREL, le nouveau Président de l'Agglo de Montpellier vient d'annoncer que l'Hôtel Montcalm précédemment destiné à devenir le Musée de la France et de l'Algérie va être reconverti en musée d'art. Cette décision est contestée par des historiens. Le 16 mars 2006, le conseil d'administration de France-El Djazaïr avait adopté le communiqué ci-après qui, à mon sens, n'a pas pris une ride. Bernard DESCHAMPS

POUR DES MAISONS DE L'AMITIE ET DE LA COOPERATION EQUITABLE ENTRE LA FRANCE ET LES PAYS DU MAGHREB

Le Maghreb et la France ont une longue histoire commune marquée par des périodes d'échanges et d'enrichissement mutuel et par le temps de la domination coloniale dont l'Algérie, le Maroc et la Tunisie n'ont pu se libérer qu'au prix de combats douloureux et meurtriers.

Cette histoire commune, tourmentée, a profondément marqué nos mémoires et nos cultures. Aujourd’hui, de part et d'autre de la Méditerranée, Mare nostrum, nous avons un avenir commun à construire.

Pour être durable cet avenir doit être fondé sur la vérité et l'amitié, sur le respect mutuel et l'échange équitable.

A cet égard rien de solide ne pourra se bâtir si la France ne reconnaît  pas d’abord le mal fait aux pays du Maghreb et à leurs peuples au cours de la domination coloniale.

Quels que soient les dévouements individuels ou les réalisations matérielles, destinées le plus souvent, d’ailleurs, à servir les intérêts de la puissance colonisatrice, rien ne peut justifier une démarche de conquête et la domination d'un pays par un autre.

 Pour cette raison qui constitue le fondement même de la Charte des Nations-Unies, les projets de  Musées de la « Présence française » ou de « l'Oeuvre de la France » en Afrique du Nord qui sont en gestation à Marseille, Montpellier ou Perpignan vont à l'encontre d'une coopération saine et fructueuse entre nos pays.

Nous proposons la création de Maisons de l'Amitié et de la Coopération équitable, conçues à la fois comme lieux de mémoire, de rencontres et d’échanges, et comme lieux de ressources.

L'histoire des relations entre les pays du Maghreb et la France devrait y trouver sa place de manière objective, grâce au concours des historiens des deux rives de la Méditerranée. Elle devrait prendre en compte l'apport des civilisations arabo-berbéro­-judéo-musulmanes à notre pays, à notre région en particulier.

L'histoire ne saurait passer sous silence la violence et la cruauté de la conquête par la France : les spoliations, le vol des terres, l'étouffement de cultures multiséculaires, les sévices, les crimes, les humiliations dont les peuples de ces pays ont souffert.

N’est-ce pas Tocqueville qui déclarait dès 1847 : « Nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable et beaucoup plus barbare qu’elle ne l’était avant qu’elle fasse connaissance avec nous ».

Nous comprenons la souffrance d’un grand nombre de nos compatriotes issus d'Algérie, du Maroc et de Tunisie qui auraient pu continuer à vivre dans le pays de leur naissance sans le fossé de sang suscité par les décisions des autorités françaises et l’action criminelle des fanatiques de la domination coloniale. Ils ne sont pas les victimes des peuples qui ont été contraints d'engager la lutte pour leur indépendance. Ils furent les victimes de la cécité  et du calcul intéressé des gouvernants français et des lobbies qui refusaient d'admettre la légitimité de la décolonisation.      

Destinées à favoriser les rencontres individuelles et collectives et la coopération multiforme entre nos peuples et nos pays, ces Maisons de l'Amitié devraient disposer de salles de réunions et de conférences ainsi que d'un équipement hôtelier.

Un centre de documentation mutimédia y serait également indispensable. Il pourrait être conçu en partenariat avec l’Institut de Monde Arabe à Paris.

L'association FRANCE-EL DJAZAIR soumet ces quelques idées à l'appréciation de celles et ceux qui souhaitent  que s’ouvre une ère nouvelle pour les relations entre la France et le Maghreb.

16 mars 2006