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Mon intervention, le 15 mars 2025, lors de l’AG de France-Palestine-Solidarité Nîmes :
Notre AG se tient dans une situation exceptionnelle. Nous vivons, selon les analystes, un « basculement historique », un « changement d’époque », avec la guerre en Ukraine, l’élection du néo-fasciste Trump et son alliance avec le criminel de guerre Natanyahou.
Nous sommes hantés par les images d’apocalypse de Gaza et de Cisjordanie où un génocide est en cours, et par la situation au Sud Liban. Et bouleversés par le courage de ces peuples martyrs. La situation est d’autant plus terrible que l’ONU qui dit le droit international est paralysée pour faire appliquer ses décisions en raison du veto que les 5 membres permanents peuvent opposer au Conseil de sécurité.
Dans cette situation d’une gravité exceptionnelle, la paralysie de l’ONU ne peut être surmontée que par l’action populaire. Par notre action.
Notre comité nîmois témoigne à cet égard d’une vitalité remarquable dont il faut féliciter les ami-es qui l’animent. Dans le même temps, nous devons nous interroger : nos rassemblements du samedi si nécessaires rassemblent toujours à peu près le même nombre de participant-es. Devant la gravité de la situation actuelle nous ne pouvons nous en satisfaire et nous devons nous interroger. Pourquoi, malgré l’activisme des militant-es, nous ne parvenons pas à y faire participer de nouvelles couches de la population ?
Nous sommes évidemment victimes de la propagande effrénée diffusée par les grands médias. Mais pourquoi cette propagande rencontre-t-elle un écho dans les consciences ?
Il y a notamment le racisme, la haine de l’islam et l’assimilation de notre action à de l’antisémitisme. Cette calomnie est d’autant plus efficace dans notre pays qui a connu la Rafle du Veld’hiv en 1942 et où le souvenir des six millions de Juifs victimes la shoah est encore très présent.
Nous devons nous demander si parfois nous n’y prêtons pas le flanc. Quand par exemple, nous refusons de nous prononcer pour la solution à 2 Etats, Israël et la Palestine, dans les frontières de 1967 ?
Je comprends les interrogations de certain-es de nos ami-es à ce sujet. Les conditions dans lesquelles fut créé Israël en 1947 furent contestables et la nakba (la catastrophe en arabe) fut une atrocité, un crime. Moi aussi, je rêve d’un Etat multinational où Israéliens et Palestiniens vivraient en bonne intelligence. Malheureusement, le fossé qui s’est créé est pour longtemps sans doute difficilement surmontable et l’Etat d’Israël est devenu une réalité historique. Nous combattons sa politique extérieure, mais ne remettons pas en cause son existence.
Lutter en faveur de la souveraineté de la Palestine, qui est notre objectif, et se prononcer pour 1 seul Etat revient à demander la suppression de l’Etat d’Israël. Cela jette un doute sur notre engagement contre l’antisémitisme et gène notre combat en faveur d’un Etat palestinien souverain dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.
La solution à 2 Etats est aujourd’hui la règle en droit international. Et le respect du droit est un devoir pour tout démocrate.
Rappelons quelques dates clefs :
- 29 novembre 1947 : La Résolution 181 de l’ONU votée en Assemblée générale par 33 voix POUR (dont l’URSS, les USA et la France), 13 CONTRE et 10 ABST, décide de la création de 2 Etats, Israël et Palestine.
- 4 au 22 novembre 1967 : La Résolution 242 décide que la frontière entre les 2 Etats est celle du 4 juin 1967 avant les annexions de la guerre des Six jours (Victoire d’Israël sur Jordanie, Egypte, Syrie, Liban (participation de l’Algérie).
- 15 novembre 1988 : Proclamation à Alger de l’Etat de Palestine par Yasser Arafat.
- 30 novembre 2016 : L’AG de l’ONU exige (153 POUR, 7 CONTRE, 7 ABST ) de « Rendre les territoires occupés depuis 1967 » (Réponse à ceux qui pensent qu’un Etat de Palestine serait aujourd’hui impossible en raison de l’occupation)
- 23 décembre 2016 : La Résolution 2334 du Conseil de sécurité exige « L’arrêt des activités de peuplement dans les territoires palestiniens ».
Depuis lors les instances de l’ONU continuent de se prononcer en faveur de 2 Etats. Je rappelle que l’article 2 des statuts de notre comité nîmois précise que nous agissons « sur la base de la légalité internationale ».
Bernard DESCHAMPS
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