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LA GUERRE ?
Entendu il y a quelques jours sur BFMTV, au cours d’un dialogue entre Pascal Bruckner et un général à la retraite : « L’ennemi est parmi nous » et ce matin en ouvrant mon journal (l’Humanité), j’apprends que des syndicalistes CGT de Goodyear ont été condamnés à la prison ferme pour avoir, il y a sept ans « séquestré » des dirigeants de l’entreprise au cours d’une action contre un projet de suppression massive d’emplois.
Vous trouverez peut-être le rapprochement abusif et injuste, dans la mesure où l’ennemi désigné par Pascal Bruckner est le musulman selon lui à priori suspect et non des syndicalistes. Et pourtant ! Les médias dominants tentent, à l’évidence, de créer un climat de suspicion, de peur, d’affrontements à partir des évènements tragiques du 13 novembre, et dans le même temps, de façon coordonnée ( ?), les deux têtes de l’Etat s’apprêtent à faire voter par le Parlement réuni en Congrès une modification de la Constitution de notre pays qui va se traduire par une grave restriction des libertés publiques et la remise en cause du droit du sol hérité de la Révolution française. La condamnation des syndicalistes de Goodyear sur demande du Parquet donc de la Ministre de la Justice est un des éléments de ce plan qui vise à diviser et à museler notre peuple.
Cette offensive, sans précédent depuis les années 50, intervient en un moment de l’histoire marqué par une aspiration populaire croissante à une politique sociale en rupture avec les dogmes austéritaires du libéralisme économique et par des doutes sur la légitimité des expéditions militaires occidentales hors des frontières leur propre pays. D’une certaine façon, cette offensive contre les libertés, dangereuse et qui doit être combattue avec énergie, est un signe d’une évolution positive de la combativité populaire. Celle-ci réussira-t-elle à créer un rapport des forces favorable ? Rien n’est inscrit à l’avance et je remarque que parallèlement aux politiques autoritaires des pouvoirs en place, des initiatives se font jour pour capter cette colère et l’orienter dans des directions qui n’effraient pas les puissances d’argent. C’est le cas de Syriza en Grèce qui, après avoir « roulé des mécaniques » applique la politique de la troïka (Commission européenne, Banque Centrale Européenne, Fonds Monétaire International).
J’ai parfois le sentiment qu’une nouvelle social-démocratie est en gestation afin de pallier au discrédit des partis socialistes.
Daech et les groupes qui se réclament de l’Islam – qu’ils interprètent à leur façon - sont aussi une captation des aspirations bafouées des Peuples en perte de repères idéologiques depuis l’échec et l’implosion de l’Union Soviétique et le dévoiement de certains Etats « nationalistes » et la terreur sanglante que ces groupes propagent est à la mesure du désespoir de ces peuples.
Il n’est sans doute pas inutile de se remettre en mémoire quelques-uns des fondamentaux du mouvement ouvrier révolutionnaire inspiré par Karl Marx et ses continuateurs. La conscience révolutionnaire n’est pas spontanée. Elle ne surgit pas spontanément de la colère et du mouvement. Elle a besoin d’une théorie révolutionnaire qui s’enrichit certes de ceux-ci, mais qui ne peut venir que de l’extérieur du mouvement lui-même. D’où la nécessité de disposer d' "intellectuels révolutionnaires collectifs », donc de partis politiques qui ont intégré les enseignements de l’histoire de l’humanité.
Bernard DESCHAMPS
15 janvier 2016