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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 08:11

Jp-ChabrolMichel Boissard signe une biographie de Jean-Pierre Chabrol publiée aux éditions Alcide de Nîmes: Jean-Pierre Chabrol, le rebelle. Cet ouvrage dense, témoignant d'une grande érudition, écrit dans un style très travaillé, retrace le parcours du Cévenol, du Maquisard, du Communiste et du Romancier.

Je connais bien Michel Boissard, car c’est lui qui, en 1971, lorsque je suis devenu membre du secrétariat fédéral du PCF, m’a succédé comme secrétaire particulier auprès d’Emile Jourdan, Maire de Nîmes, auquel je l’avais présenté. Michel était étudiant en faculté et adhérent des Jeunesses Communistes. Il accepta d’emblée cette tâche qu’il assuma jusqu’à la fin des mandats d’Emile Jourdan en 1983.

J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour Jean-Pierre Chabrol. J’étais, et je suis toujours, un fervent admirateur de sa trilogie, Les rebelles, La gueuse et L’embellie. N’étant pas originaire du Gard, c’est au travers de ces romans que j’ai découvert les mineurs cévenols que j’aurai, par la suite, l’occasion de souvent côtoyer. Et c’est avec Les fous de Dieu que j’ai, pour la première fois, senti battre le coeur des Réformés des Cévennes. Lors du Colloque d’historiens de mars dernier à Nîmes, j’ai rappelé que Fernand Corbier, Maire communiste de La Vernarède et Conseiller général de Génolhac,  avait servi de modèle à Jean Pierre Chabrol pour son héros Noël Tarrigues de La Gueuse. Fernand Corbier figure au milieu des mineurs algériens du camp des Nonnes à Branoux, sur la photo qui illustre l’affiche de ce colloque.

Nul n'en sera surpris, j’ai commencé la lecture du livre de Michel Boissard par le chapitre « La saison du communard », le plus long du livre qui témoigne du lien qui rattachait Jean-Pierre Chabrol au Parti Communiste Français. En dépit des critiques souvent acerbes qu’il formulait et des désillusions. Le rebelle cévenol, l’ancien maquisard qui avait côtoyé les mineurs, partagé leurs combats et leurs rêves, ne rompit jamais tout à fait avec ce parti encore à ses yeux porteur d’espoir. En 1978, alors que le reflux du PCF était pourtant amorcé, il accepta de coprésider mon comité de soutien pour l’élection législative, contribuant ainsi à mon élection à l’Assemblée nationale.

Il fut comme nous tous, en son temps stalinien. Il ne s’en cachait pas, assumant courageusement, contrairement à d’autres, ses responsabilités. Nous n’avions pas de sang sur les mains et nous n’avons attenté à la liberté de personne, mais nous avions la foi – une foi teintée de religiosité - en un régime que nous idéalisions. Nous en avons terriblement souffert, ayant le sentiment d’avoir été abusés dans la confiance que nous mettions en l’Union soviétique qui, à nos yeux, représentait la victoire de la Commune de Paris de 1871. C’était une expérience historiquement datée, mais nous mîmes du temps à ouvrir les yeux, à nous défaire de la vision idyllique que nous en avions et à admettre les crimes qui l’ont accompagnée.

Jean-Pierre Chabrol n’en rendait pas pour autant responsable le bel idéal de « communion » qui est le nôtre.

« Huguenot sans Dieu, coco sans Parti… », tel fut Jean-Pierre Chabrol.

Bernard DESCHAMPS, 22/10/2012.

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