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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 15:14

220px-Yasser-arafat-1999-2.jpgAlexandra Cagnard, RFI, mardi 19 novembre 2013

(Mon commentaire à la fin du texte. BD)

Après Israël, François Hol­lande est ce lundi dans les Ter­ri­toires Pales­ti­niens. Le pré­sident français a déposé une gerbe au mau­solée de Yasser Arafat avant de s’entretenir à la Mouqata avec le pré­sident pales­tinien Mahmoud Abbas. Lors d’une confé­rence de presse commune, François Hol­lande a réclamé l’arrêt « total et défi­nitif » de la colo­ni­sation par Israël dans les Ter­ri­toires occupés. Pour Alain Gresh, ani­mateur du blog « Nou­velles d’Orient », réclamer l’arrêt de la colo­ni­sation ne suffit pas.

RFI : Quelles sont aujourd’hui les rela­tions entre la France et la Palestine ?

Alain Gresh : For­mel­lement, elles sont très bonnes. En tous les cas, les rela­tions offi­cielles entre l’Etat français et l’Autorité pales­ti­nienne sont bonnes. Il y a une aide éco­no­mique impor­tante qui est apportée par la France à l’Autorité pales­ti­nienne. En même temps, il faut dire que la France ne joue pas un grand rôle, c’est le moins que l’on puisse dire, entre les négo­cia­tions des paix et dans l’avancement du pro­cessus de paix.

Vous dites officiellement, que doit-​​on comprendre ?

Offi­cieu­sement, je dirais la poli­tique d’équilibre que mène François Hol­lande. C’est-à-dire, en disant je suis à la fois l’ami d’Israël et l’ami des Pales­ti­niens, cache com­plè­tement la situation réelle qui est le fait qu’on n’est pas face à deux par­te­naires égaux qui sont en train de négocier de bonne foi, mais on est face à une puis­sance occu­pante, qui poursuit inlas­sa­blement la colo­ni­sation, et un peuple qui vit sous occupation.

Et c’est cette réalité d’une cer­taine manière, que le gou­ver­nement français ne veut pas voir. Bien sûr, il condamne régu­liè­rement la colo­ni­sation, mais sans jamais que cette condam­nation ne débouche sur la moindre action concrète. Et on a vu d’ailleurs le niveau de réception de mon­sieur Neta­nyahu à mon­sieur Hollande.

Il sait très bien que cette condam­nation com­plè­tement verbale n’a aucun poids et que l’important c’est les rela­tions bila­té­rales sans pré­cédent. On peut dire qu’entre la France et Israël, on est revenu en 1956. C’est à dire quand la France et Israël tra­vaillaient de concert pour envahir l’Egypte, après la natio­na­li­sation de la com­pagnie du canal de Suez.

François Hol­lande a quand même changé de ton avec Mahmoud Abbas. Il a réclamé l’arrêt immédiat et défi­nitif de la colo­ni­sation. Et vous, vous continuez d’avoir le sen­timent qu’il souffle le chaud et le froid ?

Les posi­tions for­melles de la France ne sont pas mau­vaises. La France est pour deux Etats. Elle est pour que Jéru­salem soit la capitale unifiée des deux Etats, elle est, elle a tou­jours été, contre la colonisation.

Le pro­blème c’est « qu’est qu’on fait ? » Ça fait dix ans que les condam­na­tions de cette poli­tique de colo­ni­sation se pour­suivent. En même temps, on fait pression sur les Pales­ti­niens pour qu’ils pour­suivent les négo­cia­tions malgré la colo­ni­sation. Et surtout il n’y a pas d’action concrète contre cette colo­ni­sation. Comment convaincre le gou­ver­nement israélien d’arrêter la colo­ni­sation s’il n’y a pas un minimum de pression éco­no­mique, de sanc­tions contre ce qui est une vio­lation absolue de la légalité internationale ? Ça veut dire que la France n’a pas les moyens de peser sur le pro­cessus de paix ?

Je pense que la France, contrai­rement à ce qu’on dit, a les moyens. Il faut rap­peler qu’il fut un temps où la France et l’Europe, dans les années 70 et 80, jouaient un rôle très positif sur le conflit israélo-​​palestinien. C’est grâce à la France que l’OLP a été reconnu comme un inter­lo­cuteur par l’ensemble de la Com­mu­nauté inter­na­tionale, y compris par les Etats-​​Unis. C’est grâce à la France qu’a été reconnu le droit à l’autodétermination des Palestiniens.

Donc, elle pourrait jouer un rôle important. Mais main­tenant, dans les faits, à part financer l’Autorité pales­ti­nienne, il n’y a plus aucun rôle poli­tique joué par la France. Parce que, d’une cer­taine manière, on se refuse à une pression sur le gou­ver­nement israélien. Le dis­cours qui a com­mencé d’ailleurs, avec la pré­si­dence de Nicolas Sarkozy c’est de dire : nous allons amé­liorer nos rela­tions avec Israël de manière à pouvoir jouer un rôle plus positif. Or en fait, depuis dix ans que cette poli­tique est menée, en voit bien que c’est un échec total. Il n’y a eu aucune inflexion de la poli­tique israélienne.

Et peser sur Israël c’est envisageable ?

Oui, c’est envi­sa­geable. Il ne faut pas oublier qu’Israël est le premier par­te­naire com­mercial de l’Union euro­péenne, et si l’Union euro­péenne prenait des mesures de sanction à l’égard d’Israël contre ce qui est, encore une fois, une vio­lation du droit inter­na­tional, ce n’est pas prendre position pour tel ou tel partie. C’est : la colo­ni­sation est une vio­lation du droit inter­na­tional. S’il y avait des sanc­tions éco­no­miques et finan­cières euro­péennes, je pense que oui, il y aurait pos­si­bilité de faire bouger les choses.

Vous parliez de finan­cement. On sait que la France est l’un des pre­miers pays à aider éco­no­mi­quement la Palestine. Pourtant ces der­nières années les aides vont en diminuant ?

Oui. Parce que de toute façon ces aides, elles sont à fonds perdus. C’est un des para­doxes des accords d’Oslo. C’est qu’avant tout ce qui était financé par la puis­sance occu­pante Israël, est main­tenant financé par l’aide inter­na­tionale. C’est d’ailleurs toutes les infra­struc­tures, tous les fonc­tion­naires qui étaient payés avant par le gou­ver­nement israélien, qui sont main­tenant payés par cette aide internationale.

Et en même temps, il n’y aucun démarrage éco­no­mique en Palestine, parce que c’est impos­sible de démarrer une éco­nomie sous occu­pation, avec des colonies qui n’arrêtent pas de se déve­lopper, avec des routes qui sont coupées sans arrêt, ce qui fait que le com­merce est pra­ti­quement impos­sible, avec le fait que les expor­ta­tions sont dif­fi­ciles. Donc il va y avoir effec­ti­vement, une fatigue de la com­mu­nauté inter­na­tionale, sans parler de la situation à Gaza, qui main­tenant est une situation abso­lument catas­tro­phique avec l’électricité coupée.

Autre sujet pour François Hol­lande ; le dossier Arafat. Les Pales­ti­niens attendent avec impa­tience les résultats des ana­lyses fran­çaises sur le décès de l’ancien leader Pales­tinien, et c’est aussi la pre­mière fois qu’un pré­sident français se recueillera sur la tombe de Yasser Arafat tout à l’heure à Ramallah. C’est un geste fort, selon vous ?

Oui, c’est un geste sym­bo­lique qui reconnaît le rôle qu’a joué Arafat, per­son­nalité dont il faut rap­peler à quel point elle a été décriée. Elle a été décriée par mon­sieur Neta­nyahu et par son pré­dé­cesseur mon­sieur Sharon. Donc c’est un geste fort. Mais je pense que dans le dossier on est au-​​delà des gestes sym­bo­liques. Aller en Palestine comme on va en Israël, oui c’est bien. Mais après la question, c’est que ces gestes n’ont plus aujourd’hui une très grande portée, parce que la situation sur le terrain évolue dans un sens très négatif.

Ce qui est en train de se passer sur le terrain c’est la mise à mort de la solution des deux Etats. Parce qu’il y a aujourd’hui en Cis­jor­danie et à Jérusalem-​​Est, entre 550 000 et 600 000 colons. Même en parlant d’échange de ter­ri­toires, aucun gou­ver­nement israélien ne sera à même d’expulser 150 ou 200 000 colons de ses ter­ri­toires. Donc on est vraiment en train de tuer défi­ni­ti­vement la solution des deux Etats.

Mon commentaire:

"Le site de la Présidence de la République française a mis en ligne la vidéo de l'intervention de François Hollande à la knesset. Soyez attentif au texte prononcé et regardez bien les visages. Les expressions sont révélatrices. Il a dit les mots que les députés israéliens souhaitaient entendre, sur l'histoire d'Israêl, sur l'Iran...Il a longuement traité du, selon lui,  nécessaire développement des relations économiques entre la France et Israël, suscitant des sourires entendus lorsqu'il évoqua les start-up isaraéliennes et le bénéfice que les entreprises françaises peuvent en tirer et c'est à la fin de son exposé qu'il a abordé la question de la colonisation des territoires palestiniens.Sur la  plupart des visages on lisait alors: "Chante toujours beau merle, en l'absence de sanctions économiques on fera ce qu'on voudra..", ce qui confirme l'opinion d'Alain Gresh. J'ai néanmoins remarqué une exception: le visage de Netanyahou était fermé...Pour les faucons israéliens, la simple évocation de l'arrêt de la colonisation est insupportable, même lorsque, comme c'est le cas, cette recommandation ne s'accompagne pas de mesures contraignantes."

Bernard DESCHAMPS, 19/11/2013

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