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La revue Recherches internationales poursuit avec le N° 132 (printemps 2025), après celui sur les Souverainetés (N° 131), la réflexion sur les évolutions actuelles de l’économie mondiale.
Le dossier central est consacré aux Grands réseaux qui émaillent la planète. Plusieurs cartes montrent les routes aériennes, les infrastructures gazières (pipelines) mondiales, les routes maritimes, les réseaux ferrés interconnectés, le réseau 5G, les infrastructures routières, les cables sous-marins.
Alexis Coskun, dans sa présentation du dossier auquel ont participé des économistes, des juristes, des géographes, des spécialistes du numérique, français et étrangers, Nicolas Lambert, Benjamin Bürbaumer, Xavier Pasco, Félix Blanc, Ourouk Jawad, Clément Bonnet, Ophélie Coelho, David Teurtrie, nous expose « le ralentissement de la progression continue depuis le milieu des années 1970, de l’internationalisation des économies avancées » (P.27).
Il note « la fracturation profonde de la mondialisation, qui risque encore de s’accentuer sous la pression des mesures protectionnistes américaines » (P.27). « Les grands réseaux mondiaux n’échappent pas à ces secousses » (P.28). Ces réseaux sont affectés ces dernières années de menaces, d’usure et de destructions. « Pourquoi [dans ces conditions] continuer à faire reposer un mode de production sur des interconnexions non seulement fragiles mais également vectrices de dépendances ? ».
« Sans les kilomètres de fibre optique, d’acier, de chemins de fer, de routes asphaltées qui ceinturent la planète », l’accès aux données, aux produits manufacturés peu chers, aux produits à haut niveau technologiques ne serait pas possible. (P.28). « aucune nostalgie, même protectionniste ne saurait simplement arrêter » le déploiement d’infrastructures interconnectées (P.29). D’autant plus qu’elles sont « des leviers d’accumulation majeurs pour des acteurs financiers de premier plan » D’où une « reterritorialisation des réseaux » dans le cadre « d’une double évolution de la mondialisation et du système productif […] d’une étatisation grandissantes des économies de marché ». Conclusion de l’auteur, « La mondialisation n’a émergé, s’est développée, et continuera à exister au travers de la juxtaposition d’espaces souverains et internationaux ».
Dans l’étude, Contrôler les infrastructures du marché mondial, Benjamin Bürbaume illustre cette évolution à partir de la rivalité sino-américaine. « La mondialisation n’est pas seulement la multiplication des flux (commerciaux et financiers, NDLR), c’est aussi une dynamique politique […] sous supervision des Etats-Unis », nous dit-il (P.40) »L’économie politique internationale s’éloigne nécessairement de l’imaginaire du marché parfait » (P.41) « Les infrastructures offrent un pouvoir d’intervention unique à celui qui les contrôle » (P.42). « Le contrôle des infrastructures de l’économie mondiale est une source de pouvoir extraordinaire » (P.42). « Les batailles infrastructurelles actuelles ( norme ISO, infrastructures numériques, ports, routes, etc, NDLR) entre les Etats-Unis et la Chine sont un indice de l’intensité de leur rivalité ». (P.43). Nous rejoignons par-là les analyses sur les Souveraineté(s).
Donc, ne restons pas figés sur des modèles dépassés et raisonnons dialectiques. Toute évolution est contradictoire.
Ce dossier de la toujours innovante RI, comporte d’autres études passionnantes sur des sujets rarement traités : l’arsenalisation des réseaux mondiaux (Alexis Coskun); la ruée vers l’espace (Xavier Pasco) ; la rivalité sous-marine sino-américaine (Félix Blanc); les réseaux 5G (Ourouk Jawad) ; la sécurité énergétique du système gazier (Clément Bonnet) ; le numérique africain (Ophélie Coelho) ; guerre et sanctions (David Teurtrie).
Bernard DESCHAMPS
3 juillet 2025