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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 19:27

 

3143488-de-lutte-contre-le-racisme.jpgAu cours des douze derniers mois (pour nous en tenir à cette période), le Gard a connu un certain nombre d’évènements et de faits très préoccupants: la profanation de tombes musulmanes à Tarascon (si proche du Gard) ; l’agression contre un Israélite à Nîmes ; la manifestation des revanchards de « l’Algérie française » contre un colloque d’historiens en mars dernier à Nîmes et les menaces de mort adressées à son coordinateur ; puis le résultat de la candidate lepéniste arrivée en tête à l’ élection présidentielle et l’élection d’un député frontiste ; enfin ces jours derniers, les injures racistes proférées dans les arènes du Cailar et les coups de feu tirés à Aigues-Mortes...Ces faits graves que je mets volontairement sur le même plan, car ils ont un fond commun, la haine de l’étranger, feraient-il du Gard un département devenu soudainement xénophobe et raciste ?

Ce n’est pas nouveau. Le pogrom des Italiens à Aigues-Mortes en 1893 ; la présence forte de la milice pendant la deuxième guerre mondiale et, plus près de nous, les manifestations de l’OAS pendant  la guerre d’Algérie, témoignent de l’existence, dans ce département, d’un tel courant d’opinion et d’une grande perméabilité de la droite dite classique et de certains éléments de la gauche, aux idées d’extrême-droite..

Mais le Gard c’est aussi la cache des Huguenots persécutés pendant les dragonnades; le soutien apporté aux résistants au nazisme, parmi lesquels des résistants allemands, vietnamiens et soviétiques ; la protection d’enfants juifs sous l’occupation. C’est, pendant la guerre d’Algérie, les grandes manifestations pour la Paix ; l’accueil de militants algériens par la CIMADE ; le refus du jeune communiste  Marc Sagnier d’Aigues-Mortes de porter les armes contre le peuple algérien et son internement pendant 11 mois au bagne de Tinfouchy dans le Sahara. Le Gard c’est aussi l’action persévérante du Réseau d’Education Sans Frontières, des groupes qu’il a fédérés et de juges courageux.

A la vérité, les deux courants forgés par l’histoire se perpétuent en se renouvelant, et, selon les époques, c’est l’un ou l’autre qui prévaut.

Il est devenu commun de constater que, c’est en périodes de crise économique, de chômage, de difficultés sociales, de misère, que prolifèrent les manifestations xénophobes. C’est le cas aujourd’hui. Il faut donc agir avec détermination contre les causes de ces crises. Ainsi il est vital aujourd’hui de refuser le carcan du traité Sarkozy-Merkel qui, s’il est adopté, va générer une aggravation sans précédent de la crise économique et sociale. Le Président Hollande est, à cet égard, devant un choix crucial : ou céder devant les lobbies de la finance, ou résister.

Il faut aussi sans attendre, combattre les idées racistes. En effet, si la crise favorise leur développement, elle ne fait pas pour autant de chaque privé d’emploi, ou de chaque agriculteur en faillite, un raciste en puissance. Ce sont les idées dont les individus sont porteurs qui les font agir. Et il est évident que la propagande du parti lepéniste fait beaucoup de mal et que l’élection d’un de ses candidats à l’Assemblée Nationale contribue à banaliser, crédibiliser, à propager ces idées criminelles. Aucune manifestation raciste ne doit être tolérée. Toutes doivent être combattues avec fermeté, de façon argumentée et sanctionnées comme la loi l’exige. Je salue à cet égard la réaction immédiate et courageuse d’André Génot le secrétaire de la section « Petite Camargue » du PCF et des amis du Front de Gauche qui ont distribué un tract sur le marché d’Aigues-Mortes.

Les idées racistes, de même que l’antisémitisme, sont un cancer qui ronge le « vivre ensemble ». Elles sont aussi néfastes aux victimes de la crise car elles les divisent au lieu de les unir pour se défendre. Les exploiteurs ont de tout temps utilisé le racisme pour diviser les exploités et les empêcher de lutter avec succès. Ce que Jean-Luc Mélenchon a remarquablement résumé en une formule-choc : «Le problème, ce n’est pas l’immigré, c’est le banquier."

Bernard DESCHAMPS

Ancien député de la 2e circonscription du Gard

Conseiller général de Beaucaire de 1982 à 2001.

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commentaires

J
Ton article est super,c'est une aide appréciable dans la lutte contre le racisme.<br /> Avec toutes mes amitiés: Jean MICHEL
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A
Bernard;<br /> J'apprecie le recul historique de ton texte ;mais également l'approche plus actuelle.<br /> Je souhaite si tu en es d'accord reproduire ce texte et le diffuser sur ST Gilles.Je suis fréquemment sur le marché le dimanche.Je pense que tu seras d'accord!!!Alain
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M
Le secrétaire de la section PCF Alès, Sylvain ANDRE fait circuler aux camarades ton texte "le Gard est-il devenu raciste". Très bonne initiative. Il est paru ce jour dans Le Monde un texte très<br /> intéressant que voici pour info. Il serait peut-être temps que les gouvernants tiennent comptent de cela. Tout prend l'eau et pour chaque génération. Ca devient plus que très inquiétant et dépasse<br /> comme tu le laisse entendre le cadre du racisme (un seul exemple les pècheurs, pour qui veux-tu qu'ils votent?)<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Les retraités pauvres, un vote-clé<br /> LE MONDE | 27.08.2012 à 15h35 • Mis à jour le 28.08.2012 à 14h50<br /> <br /> Par Serge Guérin, sociologue, professeur à l'ESG-Management school, et Christophe Guilluy, géographe, directeur du bureau d'études MAPS<br /> <br /> Réagir Classer Imprimer EnvoyerPartager facebook twitter google + linkedin<br /> <br /> <br /> Les retraités représentent le tiers des ménages en France. Près de 65 % d'entre eux sont issus des milieux populaires (anciens ouvriers, employés ou agriculteurs). Auxquels il faudrait ajouter une<br /> partie d'anciens travailleurs indépendants, commerçants, petits entrepreneurs ou artisans. Ce sont les "retraités populaires". Une catégorie oubliée dont la situation géographique, sociale et<br /> culturelle est identique à celle de l'ensemble des milieux populaires.<br /> <br /> Comme leurs cadets des classes populaires, ces retraités vivent dans une relative "fragilité sociale". Cela se traduit d'abord en termes de pouvoir d'achat. En effet, contrairement aux idées<br /> reçues, pour l'essentiel, ces ménages disposent de revenus modestes, voire très faibles : la retraite médiane se situe autour de 1 100 euros par mois. Non seulement la moitié des retraités doit<br /> vivre avec tout juste le smic, mais un million d'entre eux, et principalement des femmes, se retrouve avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. En raison d'une expertise peu valorisée et<br /> d'un marché potentiel très limité, ils sont aussi ceux qui peuvent le moins cumuler une activité rémunérée avec leur retraite.<br /> <br /> Plus grave encore, l'importance de ce phénomène social va continuer de croître. Selon le Bureau d'informations et de prévisions économiques, la proportion de ménages de plus de 60 ans va passer de<br /> 34 % à 37 % entre 2010 et 2020. Avec la précarité croissante qui touche toujours plus de salariés et la baisse du taux net de remplacement du revenu salarial médian (65 %, selon l'OCDE) à la suite<br /> des différentes réformes initiées depuis 1993, le niveau médian des pensions pour les nouveaux retraités se situe à moins de 850 euros par mois. Bien au-dessous du seuil de pauvreté. Il est<br /> d'ailleurs intéressant de noter qu'aucune étude ne semble avoir estimé les revenus réels des nouveaux retraités.<br /> <br /> Par ailleurs, comme l'ensemble des classes populaires actives, les retraités populaires ont enduré une baisse relative de leur niveau de vie. Ils supportent, notamment, une augmentation des<br /> dépenses de santé non remboursées et des charges, liées au logement et au transport, toujours en croissance.<br /> <br /> En termes de géographie sociale, ces retraités ont subi la même "grande relocalisation" que les classes populaires chassées des grandes métropoles. Ils viennent trouver refuge dans la "France<br /> périphérique", dans les espaces ruraux, industriels, périurbains, les villes petites et moyennes. La carte de la France populaire et celle de la France des retraités populaires sont identiques. Il<br /> est d'ailleurs frappant de constater que ces derniers vivent bien séparés des retraités issus des catégories plus privilégiées. Ils sont sous-représentés en région parisienne et en<br /> Provence-Alpes-Côte d'Azur, mais aussi dans tous les espaces valorisés comme les littoraux ou les "villages authentiques" où se concentrent au contraire les retraités aisés et très aisés.<br /> <br /> Les retraités populaires supportent ainsi le destin des classes populaires au temps de la mondialisation : une forme de relégation sociale et culturelle. Une relégation double : elle se réalise sur<br /> le plan spatial et culturel avec des personnes qui s'éloignent des grandes villes et vont s'installer dans des lotissements séparés du coeur des villages et des petites villes.<br /> <br /> A cela s'ajoutent une inquiétude spécifique et une fragilité singulière. Une inquiétude liée à la peur de la solitude et de la dépendance. Peur de ne pouvoir financer seul une entrée en maison de<br /> retraite ou le recours à des services à la personne. Mais peur aussi de ne pouvoir trouver, en étant loin des centres urbains, les soins nécessaires, les services publics et les institutions de<br /> proximité. On rappellera que l'espérance de vie - et plus encore l'espérance de vie sans incapacité - est bien moins élevée chez les retraités populaires ayant connu des conditions de travail<br /> difficiles que chez ceux ayant eu des parcours plus préservés. Ainsi, un ouvrier de 35 ans a pratiquement dix ans de moins d'espérance de vie sans incapacité qu'un cadre supérieur au même âge<br /> (INED, 2008).<br /> <br /> Mais les retraités populaires sont aussi fragilisés par leur patrimoine. Plus souvent propriétaires que les autres catégories populaires, ils disposent d'un patrimoine difficilement cessible, car<br /> souvent vétuste et éloigné des zones touristiques ou d'activité, qui peut renforcer leur précarisation. Un peu moins de 40 % des propriétaires occupants sont en France des propriétaires précaires<br /> (éligibles aux aides de l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat, de l'ordre de 60 % des plafonds HLM). Pour l'essentiel il s'agit de retraités issus de milieux populaires qui vivent sur<br /> ces territoires de la France périphérique.<br /> <br /> Enfin, ces seniors sont aussi entourés par des enfants et petits-enfants qui subissent la précarisation et le pessimisme social. Avec leurs revenus modestes, les retraités populaires se retrouvent<br /> souvent à soutenir leurs cadets. Parfois, sur trois générations, ils sont les seuls à avoir un revenu régulier.<br /> <br /> Si la situation des catégories populaires actives ou retraitées paraît se recouper, en revanche, le comportement électoral les distingue fortement. Les populations actives populaires et, en<br /> particulier, les jeunes, s'abstiennent de façon croissante ou votent de plus en plus pour le Front national au moment d'une présidentielle.<br /> <br /> En revanche, les retraités populaires résistent encore aux sirènes du discours frontiste. Ils votent plutôt à droite, considérant que la gauche n'a fait qu'accompagner la désindustrialisation et la<br /> dévalorisation du travail et des classes populaires. Mais encore très peu pour l'extrême droite. En particulier parce qu'ils ne sont pas convaincus par les solutions économiques proposées, comme la<br /> sortie de l'euro.<br /> <br /> Par ailleurs, les retraités populaires ont une conscience claire que leur pension, même modeste, leur assure une forme de "protection face à la mondialisation" et une intégration culturelle à un<br /> système hérité, celui de l'Etat-providence, des "trente glorieuses". Un héritage qui offre donc une relative intégration sociale et culturelle, et explique que ces catégories soutiennent les deux<br /> grands partis de gouvernement, continuateurs de cette période.<br /> <br /> Compte tenu de leur poids électoral, ces retraités sont un rempart à l'extrême droite. Pour combien de temps ?<br /> <br /> Avec la précarisation à venir des catégories populaires, toujours plus touchées par le chômage et la dérégulation du travail et arrivant à l'âge de la retraite avec toujours moins de revenus, on<br /> peut craindre que le barrage se fissure dans les années à venir. Si le gouvernement ne lance pas de véritables réformes et actions en faveur de la solidarité intergénérationnelle et du soutien aux<br /> populations fragilisées par la mondialisation, c'est aussi la digue de la solidarité et du sentiment de partager un avenir commun qui peut se rompre. C'est bien l'aggravation du délitement social<br /> et du sentiment d'abandon qui se joue dans les deux ans à venir et qui, si rien n'est fait, sera source de troubles et de révoltes sur lesquels le FN ou son avatar pourra surfer.<br /> <br /> Ainsi, au regard de la dynamique démographique de cette catégorie, associée à la hausse de la précarité des retraités, le risque d'une montée sensible du vote FN devient de plus en plus probable.<br /> Pour une large part, les retraités populaires tiennent les clés des résultats électoraux futurs.<br /> <br /> Pour répondre à la fragilisation croissante de ces retraités, les territoires sont en première ligne. Les départements et les villes assument déjà une large part de l'aide sociale pour les plus<br /> âgés et pour les plus fragiles. Et souvent leurs ressources sont inversement proportionnelles aux besoins des populations car les retraités populaires sont situés en large partie sur des<br /> territoires à faible attractivité pour les entreprises.<br /> <br /> La future réforme de la décentralisation devra prendre en compte cette réalité autant sociale, culturelle que spatiale, et développer une approche reposant sur des démarches territorialisées<br /> d'accompagnement adaptées aux conditions réelles de vie des personnes. Certes, elles auront à s'appuyer largement sur l'action de services publics. Mais il ne s'agira pas de multiplier la présence<br /> "en dur" de ces services : il faudra impérativement les mutualiser, adapter les conditions d'accès et jouer sur des systèmes plus souples et plus mobiles.<br /> <br /> Surtout une politique d'accompagnement accordée aux territoires repose sur la délégation d'action et de moyens au monde associatif ou à l'économie sociale et solidaire qui sont souvent plus<br /> réactifs, plus légitimes et
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