LES CHÂTAIGNIERS
Les châtaigniers ont secoué leurs tresses blondes, particulièrement abondantes cette année, dispersant leur pollen aux vents et les premières bogues apparaissent d’un vert tendre, grosses déjà comme des noisettes. La récolte sera bonne. Ce sont les cochons qui seront contents. Cochons sauvages et cochons d’élevage. Et la crème de marron coulera à flot sur les faisselles.
LA COUSINADE
C’est une fameuse idée d’avoir organisé cette cousinade. Merci Mireille, Jean, Claude et Robert. J'imagine le travail que cela vous a donné. Les Fayet, les Mourgues, les Caponi, descendants, parents et alliés s’étaient donc donné rendez-vous dimanche au Sarralier. Cet ensemble de bâtiments n’est pas visible de la route qui conduit de Lasalle à Colognac. Il faut pour y accéder emprunter un chemin de terre tapissé de pétoules laissées par le troupeau de chèvres. Son aspect n’a guère changé depuis le XVIe siècle. Le granit des murs lui donne un aspect à la fois sévère et envoûtant. Comme dans beaucoup de constructions de cette époque, un chemin sur l’arrière, permettait de fuir dans la montagne afin d’échapper aux dragons du roi. Un vrai repère de brigands. Nous formons une sacrée famille. Un arbre généalogique, malgré les blancs, long de 5 mètres reconstitué par Bruno Lombard (époux Fayet). Nous étions une centaine à table. J’en connaissais à peine une dizaine. Alors on se présentait : je suis le mari d’Annie Mourgues, la fille de Daniel, l’oncle de Maurice…C’est que dans ces grandes familles dont beaucoup comptaient 10 à 12 enfants, on ne se rencontre pas tous les jours. Certains ont émigré. Vers Paris ou, plus près de nous, dans les Alpes de-Haute-Provence. Le plus grand nombre pourtant a fait souche dans les Cévennes ou les alentours proches. Et des éléments venus d’ailleurs, de Normandie, des Deux-Sèvres, etc, se sont agrégés au tronc commun. C’est mon cas. Je suis un élément rapporté. En épousant Annie, j’ai également épousé les Cévennes. Alors ce brassage est d’une incroyable diversité. Des employés et des cadres des services publics (les plus nombreux)…Des infirmières, des auxiliaires de vie, des enseignants, des secrétaires…Des commerçants (quelques-uns) qui ont réussi. Des paysans (peu nombreux) attachés à ce sol ingrat mais si attachant…Des élus municipaux, une conseillère municipale de Nîmes, un ancien député communiste…Quant à la diversité politique, n’en parlons pas ; elle est à l’image de celle de notre pays. Pourtant des traditions demeurent. La mémoire est entretenue. Sur un des murs de la façade du Sarralier est peinte une croix de Lorraine enchâssée dans le V de la victoire et un diplôme signé de Charles Tillon, Chef du Comité Militaire National de la Résistance, atteste que le maître des lieux a fait partie des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF). Plusieurs membres de la famille, dont mon beau-père, Daniel Mourgues et Maurice Fayet, le papa de Sylvette ont également reçu ce témoignage (notre petite maison des Horts de Soudorgues était un des greniers du maquis de la Grande Borie situé au-dessus du Col du Mercou). Bien évidemment, toute la famille n’était pas résistante, certains membres, peu nombreux il est vrai, en étaient même fort éloignés ; mais la plupart avaient de la sympathie pour ces « bandits » qui n’étaient pas sans rappeler leurs ancêtres Camisards dont on racontait les exploits dans les veillées autour d’une poêlée de châtaignes. Ainsi, dans ces montagnes rudes qui ont forgé des caractères bien trempés et indépendants, jaloux de leur libre arbitre, lisant la Bible sans attendre son interprétation par des clercs, rétifs à tous les pouvoirs, toujours prêts à prendre le maquis, une certaine idée de la vie et du devoir perdurent. Plus qu’en maints autres lieux, les Cévenols cachèrent des enfants juifs pendant la 2e guerre mondiale et Lasalle, fut, ces dernières années, en pointe dans l’accueil de familles afghanes…Autour de moi, à table, nombreuses sont les femmes qui portent la croix huguenote, symbole d’attachement aux valeurs du Désert. Pourtant aux dernières élections, le parti lepéniste fit dans certaines communes des scores étonnants. Rien n’est donc jamais définitivement acquis. L’identité est perpétuellement en construction, mais une certaine sensibilité forgée par l’histoire résiste au temps.
Le repas était bon. La compagnie agréable. Pourtant nous n’avons mangé ni charcuterie cévenole, ni châtaignes, ce n’est pas la saison, ni bu du clinton. Nous avons dégusté une délicieuse paëlla…Vous avez dit identité ? Par contre, le pélardon du GAEC Fayet était bien présent et fut fort apprécié.
LES SALAUDS
Ils n’ont pas hésité, à cracher sur sa tombe…Henri Alleg, à peine décédé, Le Monde, Le Figaro, Le Nouvel Obs. sont immédiatement montés au créneau pour tenter de le salir. Dans le meilleur des cas, le présentant comme le « pourfendeur», le « dénonciateur » de la torture, sans dire qu’il l’avait lui-même subie des mains des paras de Massu. Passons sur BHL qui l'avait déjà enterré, un sommet est atteint par le Nouvel Obs qui expose longuement le parcours d’Henri Alleg qualifié de « stalinien ». Le comble de l’abjection vient de Jean-Pierre Lledo qui présente Henri comme « l’homme qui avait aimé ses œillères ou qui n’avait pas eu le courage de les arracher… » Vous avez bien lu, celui qui avait subi La Question, n’était pas un homme courageux…Pauvre Lledo !
J’allais oublier. Un quotidien n’a pas écrit une seule ligne sur la mort d’Henri Alleg : le Midi Libre. Cela vous étonne ?
Nous le savons, les salauds ne vont pas en enfer, aussi la meilleure sanction sera notre présence nombreuse lundi au Père-Lachaise.
Pour terminer une note positive : le groupe communiste au Conseil municipal de Montpellier propose que le nom d’Henri Alleg soit donné à une artère de la ville. Une ville dont le conseil municipal alors présidé par Frêche avait refusé en 1994, une salle à Henri pour y tenir une réunion publique.