PALAIS BOURBON
J’ai suivi en direct à la télévision le débat de l’Assemblée Nationale sur la Syrie. Quel moyen de communication ! Bien qu’il ne puisse rendre tout à fait l’atmosphère qui règne dans l’hémicycle lors de telles séances. L’affluence des grands jours. Les tribunes du public, combles. Le brouhaha des conversations. Une tension perceptible. Le sentiment, bien que le Parlement ait perdu de son pouvoir, de participer à un moment de l’histoire de France. Ce débat est d’autant plus attendu qu’il s’agit de la guerre et de la paix et que les plus grandes autorités morales comme le Pape François, se sont prononcées contre une éventuelle intervention militaire en Syrie, tandis que le Secrétaire Général Ban Ki-moon rappelle inlassablement que seule l’ONU peut autoriser une telle intervention contre un Etat souverain. La plupart des nations y sont opposées ainsi que 67% des Français.
Le discours du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault reprend l’argumentation présidentielle sur la responsabilité de Bachar Al Assad que les médias bien briffés nous imposent, jour après jour. Son texte est bien construit, mais la lecture qu’il en fait me parait laborieuse. Ses collaborateurs ont bien travaillé et Jean-Marc Ayrault « fait le job », mais j’ai le sentiment que le cœur n’y est pas. Cette impression sera renforcée par la suite, lorsque j’entendrai le porte-parole des Communistes et du Front de Gauche, André Chassaigne qui lui, dénonce ces projets guerriers avec conviction et une pointe d’accent du terroir qui ajoute encore à la chaleur de son propos (Vous trouverez sur ce blog son intervention intégrale). Le militant Ayrault issu des mouvements d’action catholique est-il troublé par l’engagement du Pape ? Peut-être. Cependant sa fidélité au Président de la République et son sens du devoir gouvernemental l’emportent comme me le confirmeront ses réponses aux divers intervenants, en conclusion des débats.
L’intervention de Jacob au nom des députés UMP ne mérite même pas qu’on l’évoque tant elle est, comme à son habitude, médiocre et politicienne. Il sera cependant dépassé plus tard dans ce registre, par son collègue Frédéric Lefebvre qui, toujours nuancé, n’hésitera pas à parler de « génocide chimique programmé » à propos de Bachar Al Assad. Autre orateur délicat, Bruno Le Roux, le président du groupe socialiste qui se sent obligé lui aussi d’en rajouter au-delà de toute vraisemblance. Quant à De Rugy, le plus droitier des Ecolos, favorable aux frappes militaires, il se donne une apparence de démocrate en souhaitant un vote du Parlement.
Borloo par contre me surprend agréablement qui, hostile à l’intervention militaire, rappelle que l’Assemblée Générale de l’ONU a la capacité juridique de se substituer au Conseil de Sécurité. Paul Giaccobi du PRG, pour sa part, développe une très fine et imparable argumentation juridique sur le déni que constitue le refus de François Hollande de soumettre au vote du Parlement la décision de déclencher des frappes sur la Syrie. Car ce débat ne sera, en effet, pas sanctionné par un vote, ce qui, certes, n’est pas constitutionnellement obligatoire, mais qui n’est pas non-plus interdit. Ce refus du vote de la représentation nationale est significatif du caractère antidémocratique de nos institutions que pourtant nous voulons imposer comme modèles aux « dictatures ». Sur une question aussi grave que la guerre, en France, c’est un homme seul qui décide !
Que retenir de la prestation d’Elisabeth Guigou, présidente de la Commission des Affaires Etrangères ? Son allégeance à Fabius qui est en pointe dans la volonté d’intervention. Ce qui la situe.
JUPPE ET LA SYRIE
Lu sur le blog-notes d’Alain Juppé le 23 août : « Il n’est pas besoin d’invoquer Antigone pour se souvenir qu’il existe des lois non écrites qui l’emportent sur le droit positif. Il faut donc aujourd’hui s’affranchir des blocages onusiens et aider militairement la résistance syrienne. »
Cette opinion d’un des plus haut responsables de la droite, l’un des fondateurs de l’UMP, est – le mot n’est pas trop fort – effrayante. C’est un appel à s’affranchir des règles de droit pour obéir à des « règles non écrites », décidées par qui ? Cette opinion ouvre la porte à toutes les dérives autoritaires. Décidément une partie de la droite française est toujours d'inspiration versaillaise.
MATIN CALME EN CEVENNES
Des poches de nuit baignent encore de leur mystère le chemin de Briontet, alors que les premiers rayons du soleil, comme une caresse, effleurent la cime de la montagne. Les chênes-verts s’éclaircissent. L’ombre recule. C’est l’heure que je préfère. Le jour triomphe de la nuit.
Cet instant m’en rappelle un autre au sommet du Grand Erg à Bechar. Les larmes de Keltoum et d’Abderrahmane dans la lumière orangée d'un matin saharien.
G 20
Dramatique isolement de la France qui se retrouve avec les USA et les plus réactionnaires des Etats pour des frappes contre la Syrie. Au-delà de ce constat qui me fait mal, ne perdons cependant pas de vue ce fait majeur : les boutefeux sont minoritaires et les USA ne sont plus en mesure d’imposer leur leadership. C’est encore une puissance militaire redoutable, mais le rapport des forces dans le monde n’évolue pas en sa faveur. Ce qui ouvre des perspectives aux peuples qui veulent se libérer du joug de l’impérialisme. Encore faut-il qu’ils fassent le choix d’un développement en rupture avec le néo-libéralisme économique.
LE FORUM DES ASSOCIATIONS DE NÎMES
La foule qui déambulait samedi dans les allées de l’Esplanade témoigne de l’intérêt pour le mouvement associatif et de la vitalité de celui-ci. Nous avons reçu de nombreuses marques de sympathie au stand de France-El Djazaïr, mais également quelques très rares remarques haineuses. Près de 2000 programmes du prochain Panorama du Cinéma Algériens (17, 18 et 19 octobre) ont été distribués par nos ami(e)s présent(e)s au stand, Ali, Huguette et ses petits enfants, Idriss, Monique, Naceur, Ouardia... Un grand merci à Idriss qui avec son camion nous a permis de transporter tout notre matériel.