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7 février 2025 5 07 /02 /février /2025 16:31

EL MOUDJAHID

5 février 2025

Il projette de faire passer la bande de Ghaza sous contrôle américain : Donald Trump défie l’histoire et la géographie

Mourad Slimani

5 février 2025

"Jamais auparavant les États-Unis, pourtant omniprésents dans l’histoire du conflit, n’avaient montré d’ambitions territoriales dans la région, encore moins de projections d’«investissements» sur un territoire dont les populations sont «invitées» à s’établir ailleurs.

L’inimaginable. Donald Trump piétine l’histoire et la géographie, et voient les États-Unis, sous son impulsion, «prendre le contrôle de Ghaza». Le Président américain est allé avant-hier au fond de ses pensées, après des semaines de déclarations intempestives et assez vagues sur le déplacement des populations de l’enclave vers l’Égypte et la Jordanie, malgré les refus renouvelés des autorités des deux pays d’accueillir les réfugiés et participer de ce fait à la «liquidation de la cause palestinienne». «Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Ghaza et nous allons faire du bon boulot avec !» a lancé Donald Trump, lors d'une conférence de presse tenue au côté d’un Benjamin Netanyahu tout à son aise. Le Premier ministre a été reçu à la Maison-Blanche dans la journée pour son premier voyage à l’étranger depuis l’émission par la CPI d’un mandat d’arrêt à son encontre. Jamais auparavant les États-Unis, pourtant omniprésents dans l’histoire du conflit, n’avaient montré d’ambitions territoriales dans la région, encore moins de projections d’«investissements» sur un territoire dont les populations sont invitées à s’établir ailleurs. Le discours est emballé dans une thématique humanitaire qui met en avant le caractère suicidaire d’une réimplantation des populations dans des zones dévastées, où des dizaines de milliers d’engins non explosés, hérités de la guerre génocidaire, et un tissu urbain branlant, menacent les vies. «Nous en prendrons possession et serons responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses qui n'ont pas explosé et de toutes les armes (…) aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits», expose-t-il, avouant, dans un surprenant parallèle, vouloir faire de Ghaza la «Côte d'Azur du Moyen-Orient».

Après plus de 15 mois de massacres et près de 50.000 morts, plus d’une année de déplacements forcés et de souffrances insondables, des centaines de milliers de Ghazaouis ont tenu à montrer au monde leur attachement à leur terre, en choisissant de reprendre le chemin de retour vers leurs foyers, même réduits en ruines irrécupérables, dès que l’accord de cessez-le-feu est entré en vigueur, le 19 janvier dernier. Descendants de vagues successives d’exode, depuis 1948, sous les poussées expansionnistes du projet sioniste, les habitants de Ghaza auraient fait un autre choix «si une alternative leur avait été proposée», décide Trump.

Un appui inespéré à l’extrême-droite sioniste

Benjamin Netanyahu est bien entendu preneur et salue les plans de l’allié américain comme pouvant «changer l’histoire». Ses desseins de «nettoyage ethnique», en vidant l’enclave de ses habitants palestiniens et excluant ses représentants des discussions sur l’avenir du territoire, se voient ainsi confortés. Toutes les voix qui se sont inquiétées des suites de cette entrevue entre les deux hommes à Washington ne s’attendaient sans doute pas à ce qu’un cran aussi radical dans le soutien américain soit franchi, mettant en veilleuse le droit international et des processus de règlement, certes laborieux, mais faisant partie de l’équation de la paix. Les visées ignorent également des sacrifices qui ont ému le monde entier et une campagne génocidaire dont les atrocités resteront gravées dans la mémoire humaine. Un tollé général mêlé de stupeur secoue le monde depuis cette incroyable conférence de presse à la Maison-Blanche, qui, tout compte fait, ne rend heureux pour le moment que l’extrême droite sioniste. «Surprenant», «absurde», «irresponsable»… sont autant de qualificatifs utilisées par nombreuses diplomaties, pour s’élever contre les desseins avancées par Washington.

Dans l’élan, et visiblement grisé par les dispositions de présidence américaine, le Premier ministre sioniste s’est engagé, lors de la même conférence de presse, sur le terrain des projections de normalisation diplomatique avec les pays arabes. Netanyahu affirme ainsi que des accords allaient être passés avec l’Arabie saoudite. Ce à quoi Riyad a vite et vivement réagi dans la soirée. «L'Arabie saoudite poursuivra sans répit ses efforts pour l'établissement d'un État palestinien indépendant, avec El-Qods-Est comme capitale, et n'établira pas de relations diplomatiques avec Israël sans cela», a recadré la diplomatie du Royaume.

M. S.*

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Le Président Tebboune

Source : présidence de la République

En pleine crise diplomatique avec la France, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a accordé un entretien au  journal français L’Opinion.

Dans l’interview publiée, ce dimanche 2 février, le chef de l’État algérien évoque plusieurs dossiers internationaux, de la Palestine à l’Ukraine, en passant par la Syrie, le Sahara occidental, les relations avec la Chine ou encore le retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis.

Interrogé si Alger et Washington ne vont pas buter sur la question de Gaza que Trump veut  « nettoyer de sa population », Tebboune a estimé que l’expression utilisée est «malheureuse » , ajoutant que dans l’esprit du président américain « il ne s’agit pas de la population palestinienne qui a des soutiens en Europe, dans le monde, en Afrique… ».

« On ne va pas faire table rase de tout ce qui a été accompli », a-t-il dit, après que l’Algérie a fait reconnaître la Palestine par 143 membres de l’ONU.

L’Algérie normalisera avec Israël « le jour même où il y aura un État palestinien »

À la question directe de L’Opinion de savoir si l’Algérie était prête à normaliser ses relations avec Israël en cas de création d’un État palestinien, Abdelmadjid Tebboune a répondu tout aussi directement : « Bien sûr, le jour même où il y aura un État palestinien. »

« Ça va dans le sens de l’histoire », a poursuivi le président de la République, rappelant que ses prédécesseurs Chadli Bendjedid et Abdelaziz Bouteflika avaient déjà expliqué qu’ils n’avaient aucun problème avec Israël. « Notre seule préoccupation, c’est la création d’un État palestinien », a-t-il dit.

Concernant les relations avec les États-Unis, Tebboune a rappelé qu’elles sont toujours restées bonnes, y compris lors du premier mandat de Donald Trump.

« Lorsque j’ai été élu en 2019, il m’a envoyé une lettre pour me féliciter quelques heures après les résultats, quand le président Macron a mis 4 jours pour « prendre acte » de mon élection », a-t-il rappelé.

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EL MOUDJAHID

5 février 2025

Réactions dans le monde

Les palestiniens outrés

Le mouvement de résistance palestinien Hamas a vivement dénoncé, hier, les déclarations «absurdes» et «racistes» du Président américain Donald Trump concernant «le contrôle» de la bande de Ghaza, soulignant que ces propos pourraient «enflammer» le Moyen-Orient.

«Les déclarations de Trump sur son désir de contrôler Ghaza sont ridicules et absurdes, et toute idée de ce genre est capable d'enflammer la région», a déclaré Sami Abu Zuhri, porte-parole du Hamas. Soulignant que la résistance palestinienne «ne permettra à aucun pays au monde d'occuper» le territoire.

Le Hamas appelle l'administration américaine et le Président Trump à retirer «ces déclarations irresponsables, qui contredisent les lois internationales et les droits légitimes du peuple palestinien sur son territoire».

Le Président palestinien Mahmoud Abbas rejette «fermement» le projet d'occupation de la bande de Ghaza par les États-Unis, annoncé par Donald Trump, ainsi que ses appels répétés à un transfert forcé des Palestiniens qui y vivent. «Le Président Mahmoud Abbas et la direction palestinienne rejettent fermement les appels à s'emparer de la bande de Ghaza et à déplacer les Palestiniens hors de leur patrie», a indiqué un communiqué officiel. «En réponse aux appels américains au déplacement» des Palestiniens de Ghaza, «nous ne permettrons pas que soient bafoués les droits de notre peuple», a déclaré M. Abbas.

L'organisation de libération de la Palestine (OLP) dénonce, pour sa part, tout projet de transfert «du peuple palestinien hors de sa patrie».

L’ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, appelle les «dirigeants du monde» à «respecter les souhaits» des Palestiniens qui «adorent» vivre à Ghaza, en réponse directe à Donald Trump qui avait déclaré la veille que les habitants du territoire dévasté «adoreraient» le quitter pour un ailleurs plus clément.

«Rejet catégorique» de Riyad

Riyad, cité indirectement comme un acteur impliqué dans les projections, renouvelle, de son côté, son opposition à l’atteinte des droits des Palestiniens. Son ministère des Affaires étrangères a déclaré, dans un communiqué, que «l’Arabie saoudite réaffirme son rejet catégorique de toute atteinte aux droits du peuple palestinien, que ce soit par la colonisation, l'annexion des territoires palestiniens ou le déplacement forcé des Palestiniens».

Le niet de la Russie et de la Chine

Le Kremlin, par la voix de son porte-parole, réitère quant à lui que le «règlement au Moyen-Orient ne peut se faire que sur la base de deux États. Nous pensons que c'est la seule option possible». M. Peskov ajoute

«Nous avons entendu une déclaration de M. Trump, mais nous avons également entendu des déclarations d'Amman et du Caire, disant qu'il y a un rejet d'une telle idée».

Pékin a signifié également, hier, sa ferme opposition au déplacement forcé des Palestiniens. «La Chine a toujours soutenu le fait qu'une gouvernance palestinienne sur les Palestiniens était le principe de base de la gouvernance d'après-guerre de Ghaza et nous sommes opposés au transfert forcé des habitants», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

«Inacceptable» pour le Brésil et la Turquie

Le chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, a jugé «inacceptable» le projet du Président américain. «Expulser (les Palestiniens) de Ghaza est une question que ni nous ni les pays de la région ne peuvent accepter. Il n'est même pas question d'en discuter», a-t-il insisté. «Ceux qui doivent veiller sur Ghaza, ce sont les Palestiniens, qui ont besoin d'une réparation pour tout ce qui a été détruit afin qu'ils puissent reconstruire leurs maisons, leurs hôpitaux, leurs écoles et vivre dans la dignité et le respect», a affirmé, pour sa part, le Président brésilien Lula da Silva, soutenant que la proposition de Trump est «quasiment incompréhensible».

Défense des deux États en Europe

En Europe, plusieurs capitales, dont Rome, Madrid, Londres et Berlin, réitèrent leur soutien à la solution des deux États, affirmant globalement que la population de l’enclave ne doit pas être déplacée. «Ghaza est la terre des Palestiniens de Ghaza, ils doivent rester à Ghaza, qui fait partie du futur État palestinien que soutient l'Espagne (…)», a déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères. Son homologue allemand soutient que la bande de Ghaza «appartient aux Palestiniens» et doit, «tout comme la Cisjordanie et (el-Qods-Est)», faire partie du «futur État palestinien».

«Contraire au droit international», selon l’ONU

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a déclaré, hier, que les appels à déplacer les Palestiniens hors de Ghaza est «contraire au droit international». «Le droit à l'autodétermination est un principe fondamental du droit international et doit être respecté par tous les États, comme l'a récemment réaffirmé la Cour internationale de justice (CIJ). Tout transfert forcé ou déportation de populations des territoires occupés est strictement interdit», a rappelé le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk.

Synthèse M. S.

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