/image%2F1405552%2F20211118%2Fob_279e39_b-f-2.jpg)
/image%2F1405552%2F20211118%2Fob_97fdaa_lefaso-net-logo.png)
Mercredi 17 novembre 2021
11h/59
L’interrogatoire du témoin Boukari Kaboré dit le Lion, se poursuit ce jour 17 novembre 2021. Il s’est prêté aux questions des avocats de la partie civile.
Me Hervé Kam a demandé des précisions sur l’attaque du Bataillon d’intervention aero-porté (BIA) de Koudougou. Selon lui, il a été attaqué parce que le Lion a affirmé qu’il se battrait jusqu’a sa dernière goutte de sang.
Faux, répond le témoin. "Le BIA a été attaqué parce qu’ils voulaient tuer Boukari Kaboré, le Lion" lance-t-il. Il déclare tout de même que le BIA voulait riposter, mais dès lors qu’il a appris que le président Thomas Sankara était mort, il aurait dit à sa troupe de déposer les armes. "Ce n’était plus la peine de verser du sang initialement", précise-t-il.
A l’en croire, les tractations avec les émissaires des putschistes conduits par Herman Yaméogo, Alain Zoubga et autres, pour qu’il rentre à Ouagadougou, n’ont pas abouti. Et la tension est montée d’un cran. Dans cet élan, au détour d’une interview, lorsqu’on lui a posé la question de savoir s’il allait attaquer s’il était attaqué. Il a répondu que oui. "J’allais me battre jusqu’à la dernière goutte de mon sang. C’est ça qui a été mis en avant", a-t-il détaillé.
Finalement, l’assaut a été lancé. Et dans sa version, il explique qu’au moment où ils lançaient l’assaut, sa troupe avait totalement désarmé et ses hommes étaient tous en civil chez eux. Il ajoute que seulement un civil a été tué puisqu’il n’y a pas eu résistance. D’après lui, c’est bien après l’assaut, alors qu’il était déjà au Ghana, que des hommes du colonel Alain Bonkian, conduits par Gaspard Somé, ont traqué et tué onze de ses hommes, "inutilement, méchamment", insiste-t-il.
Il termine en disant que s’il voulait prendre le conseil, il donnait 48h pour le faire. "Moi que vous voyez là, je suis militaire dans l’âme. Depuis CE1 j’étudiais la guerre. Moi je ne recule pas. Ils me connaissent tous là. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils voulaient coûte que coûte m’éliminer", persiste-t-il.
Lefaso.net
_________________________________________________
14h.46
L’interrogatoire du témoin Boukari Kaboré, l’ex-commandant d’une des unités les plus redoutées sous la révolution démocratique et populaire, le BIA (Bataillon d’Infanterie aéroporté), s’est achevé ce mercredi 17 novembre 2021.
Avant de quitter le prétoire, le président du tribunal lui fit savoir qu’il doit rester sur place, à la disposition de la juridiction, pour d’éventuelles confrontations. Une réquisition qui a fait tilter Le Lion. "Euh...! Il y a mon riz-là, je n’ai pas encore fini de récolter. Le maïs-là est fini, mais le riz reste (attend d’être récolté, ndlr)", s’est écrié Boukari Kaboré, l’air néanmoins détendu et comique.
Avant ces propos de conclusion à sa déposition, Boukari Kaboré alias Le Lion a continué à "dérouler son cliché" (selon sa propre expression) au tribunal, en répondant aux questions des parties (son passage a pris fin à 10h50).
Ainsi apprend-on que pendant les évènements, il était chez lui à Poa, à une trentaine de kilomètres de Koudougou (base du BIA) pour demander des prières aux fins de décrisper la situation (la tension) qui prévalait.
Son agenda avait prévu qu’il reparte autour de 18 h à Koudougou avant de venir à Ouagadougou pour la fameuse réunion de 20h.
Le sang toujours "bouillant", les propos autoritaires et très verbeux (à telle enseigne que des avocats et/ou le président du tribunal lui demandent parfois de passer certains détails pour aller à l’essentiel), Boukari Kaboré est resté debout jusqu’à la fin de sa partie. Lorsque le président du tribunal lui fit savoir qu’il a jusqu’à deux chaises à sa disposition et qu’au besoin, il pouvait s’asseoir, Le Lion déclinait gentiment avec sourire : "non non ! C’est Le Lion-là !".
Boukari Kaboré dit avoir perdu onze de ses éléments (il a cité tous les noms) dans ces événements, mais pas dans l’assaut contre son unité.
"C’était des assassinats ciblés", affirme Le Lion. Ce qui fait constater à Me Guy Hervé Kam des parties civiles que ces propos du témoin corroborent ce qu’a dit Alain Bonkian dans les éléments vidéos projetés). Ce dernier avait dit que l’assaut sur le BIA a fait zéro mort. "Le travail, c’était Bonkian le patron et Somé Gaspard était l’exécutant", présente Le Lion.
Des propos du témoin, Me Ambroise Farama retient également que l’affectation de Boukari Kaboré à Bobo-Dioulasso (il y avait été affecté, quelques semaines avant les évènements) et celle de Daouda Traoré (le premier témoin) à Fada N’Gourma s’inscrivaient dans les préparatifs du coup d’État. Du reste, Boukari Kaboré affirme que le coup d’État a été "minutieusement" préparé. "Mais est-ce qu’il a été minutieusement exécuté ? Là, je ne crois pas", relativise Boukari Kaboré.
Avant de se retirer de la barre, Le Lion a été confronté avec le général Gilbert Diendéré sur d’une part, les deux rencontres qu’il aurait tenues les 14 et 15 octobre 1987 avec les éléments de la garde présidentielle d’une part, et d’autre part sur ce supposé message qui lui aurait été transmis au cours d’une de ces rencontres et qui parlait d’un coup d’État annoncé pour 20h.
Sur cette question de Me Prosper Farama, Gilbert Diendéré rétorque que les informations rapportées à Le Lion ne sont pas exactes. Il apporte ensuite des précisions à son objection, en soulignant qu’il a effectivement tenu "une rencontre le 14 octobre de 9 h à 12h. C’était une assemblée générale avec les CDR (Comités de défense de la révolution), avec pour objet, la mise en place du bureau de cette entité, dit-il.
Le 15 octobre, au petit matin, une autre rencontre, plus restreinte, s’est encore tenue. Elle a regroupé les éléments de la sécurité rapprochée des deux personnalités, Thomas Sankara et Blaise Compaoré. Elle visait, poursuit le général Diendéré, à faire en sorte d’éviter des problèmes dans leurs rangs". Gilbert Diendéré a déclaré qu’il n’a reçu aucun message, à aucune de ces réunions, faisant état de ce qu’il y aurait un coup d’État à 20h (le jeudi 15 octobre 1987).
Invité à d’éventuels commentaires à cette réponse de Gilbert Diendéré, Le Lion réitère que ce sont des informations qui lui ont été rapportées, notamment par Henri Zongo (un des quatre leaders de la révolution). Il ajoute également que le message aurait été lu à haute voix en présence d’autres personnes, dont Dr Alain Zoubga, Laurent Sedogo et feu Émilie Gouba (Alors haut-commissaire de la province du Boulkiemdé, dont Koudougou est le chef-lieu).
Boukari Kaboré est remplacé à la barre par le colonel à la retraite, Pierre Ouédraogo. Il était le secrétaire général national des CDR, présentés comme l’organisation authentique du peuple dans l’exercice du pouvoir révolutionnaire.
O.L.
Lefaso.net
______________________________________________________
15h/25
"On m’a incarcéré et torturé cadeau", regrette le Pr Basile Guissou, affirme avoir ete traqué de jour comme de nuit.
Par la suite, répondant à une convocation de la gendarmerie, il sera incarcéré, frappé et torturé. "J’ai été frappé, torturé, cadeau, pour parler comme les ivoiriens. Arrêté en décembre 1987, c’est en mars 1988 que j’ai été libéré" se souvient-il.
"Qui était le Commandant de la gendarmerie à l’époque", demande le président du Tribunal ? "Jean Pierre Palm", répond-t-il. Il ajoute qu’il supervisait, les séances de tortures. "Il venait, cigarette au bec, et il disait à ses éléments de frapper plus fort pour qu’on crie. Il est allé jusqu’à convoquer mon épouse qui venait d’accoucher à peine deux mois, soit disant que c’est elle qui mobilise les épouses des détenus pour parler à la presse", se remémore-t-il toujours.
Lefaso.net
__________________________________________________
16h.30
"Je fais partie de ceux que les évènements du 15 octobre 1987 n’ont pas surpris", clame le Pr Basile Guissou
Le Pr Basile Guissou a été successivement ministre de l’Information et de la Culture, ministre des Affaires extérieures et ministre de l’Environnement dans le gouvernement du Conseil national de la révolution (CNR).
Il comparaît ce jour en tant que témoin. Prenant la parole, après avoir bien-sûr juré de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, il déclare d’entrée, qu’il fait partie de ceux qui n’ont pas été surpris par les évènements du 15 octobre 1987.
Il renforce cette thèse par deux faits. La première, c’est que bien avant le mois d’octobre 1987, il serait allé voir Thomas Sankara le menaçant de démissionner du gouvernement s’il ne faisait rien pour baisser la tension qui existait. Parcequ’il suppose qu’il ne pouvait plus la supporter.
"Si toi tu as encore le choix, moi non". Telle fut la réponse de Thomas Sankara aux injonctions de son ministre.
Le deuxième fait marquant, confie-t-il, date du 7 octobre 1987. Thomas Sankara serait passé chez lui à l’improviste autour de 22h et il en est reparti après minuit. On a parlé de tout. Évidemment, il dit être revenu sur l’atmosphère tendue. Il lui aurait fait la proposition d’aller voir à cœur ouvert Blaise Compaoré pour en finir. Il m’a regardé et m’a dit que c’était trop tard. Et s’est levé sur ces mots pour rejoindre sa voiture", détaille-t-il.
Lefaso.net
22h.49
« Ni Blaise Compaoré ni Thomas Sankara n’avaient le contrôle de la situation » (Me Mathieu Somé)
C’est le Pr Basile L. Guissou qui a clos le bal des témoignages après l’ex Commandant du (BIA), Boukari Kaboré dit le Lion, l’ex Secrétaire général du Comité de défense de la révolution (CDR),
Le Colonel à la retraite Pierre Ouédraogo, ce mercredi 17 novembre 2021.
Me Mathieu Somé, avocat de la défense, revenant sur le témoignage de Pr Basile Guissou, a laissé entendre qu’il n’a non seulement pas dit toute la vérité mais, a fait des déclarations graves.
"Quand il dit par exemple que l’État a le monopole de la violence légale et légitime, c’est pour dire que les crimes d’État sont acceptables", déduit-il. Pour lui, un intellectuel de son cran, ne peut pas dire de telles choses. "Ce qu’il oublie, nous aussi nous sommes des intellectuels et on a aussi lu les livres", se desole-t-il.
Me Somé revient également sur une des déclarations du Pr Guissou publiée dans un livre. Ce passage dit ceci :"Ni Blaise Compaoré, ni Thomas Sankara n’avaient le contrôle de la situation",. Il tire tout de suite sa conclusion : "Le décor est planté, le 15 octobre 1987 était un fait accompli et les gens devraient assumer".
L’épouse de Firmin Diallo a mal
Mme Diallo Thérèse est l’épouse de Firmin Diallo, arrêté et torturé au même moment que Basile Guissou, Salvi Charles Somé et le regretté Valère Somé.
Des propos de dame Diallo, on retient que son mari a été arrêté et torturé à la gendarmerie pendant des mois sous la supervision de Jean Pierre Palm, Commandant de la gendarmerie à l’époque.
"C’est le même Jean Pierre Palm qui m’appelle un jour, de venir chercher mon mari. Arrivée, il était méconnaissable. Ce qu’on pourrait qualifier de chemise était collée à son corps. Aujourd’hui quand ce même Jean Pierre affirme à la barre que tous ces gens-là n’ont pas été torturés, j’ai mal", se vide-t-elle.
Appelé à la barre, l’ex patron de la gendarmerie (Jean Pierre Palm) sort sa carte préférée. Il niera une fois encore, tout en bloc.
Lefaso.net