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9 avril 2020 4 09 /04 /avril /2020 08:59

Vous êtes nombreux/ses à me demander quel est  l'état du système de santé algérien face à la pandémie du covid-19. Vous trouverez ci-après le résultat  de mes recherches et des témoignages que j'ai recueillis auprès de mes ami(e)s en Algérie.

B.D.

(Dernière mise à jour, le 9 avril à 21h.)

      

  A l’indépendance, il ne restait plus en Algérie en septembre 1962, que cinq cents médecins, deux cents pharmaciens et cent chirurgiens-dentistes.

  Quelques dates :

• 1963. Statut d'exercice  public obligatoire pour toute nouvelle installation médicale.

• 1965.  Des programmes nationaux de lutte contre le paludisme, le trachome

et la tuberculose mis en place avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé.

• 1969.  Décret rendant les vaccinations obligatoires et gratuites.

*  1973. L’année est marquée par deux mesures très importantes :

  • l’ordonnance présidentielle instituant la gratuité des soins

  • la mise en œuvre de la réforme de l’enseignement universitaire de médecine, pharmacie et chirurgie dentaire.

* 1975. Instauration du service civil, en raison de l’augmentation massive du nombre  de  médecins  terminant  leur  cursus  universitaire.

   

     Selon une étude rédigée en novembre 2008 par des spécialistes dont D. Hamadi : « Grâce à la campagne d’éradication du paludisme lancée en Algérie en 1968, le nombre de cas a chuté de manière considérable, passant de 95 424 en 1960 à 30 en 1978. À cette date, le nord était déclaré indemne de paludisme à Plasmodium falciparum […] A contrario, dans le Sud, l’augmentation régulière du nombre des cas importés et la résurgence des foyers épidémiques dans les oasis sahariennes coïncidaient avec l’ouverture de la route transsaharienne et avec l’augmentation du volume des échanges commerciaux avec les pays du Sahel."

     Aujourd’hui, chacun/e peut recevoir des soins gratuits dans un hôpital public géré par l'Etat ou  dans une clinique privée où il/elle doit payer (cher). De nombreuses cliniques privées ont été créées ces dernières années dans presque toutes les spécialités, vers lesquelles on observe une fuite des médecins hospitaliers. 

  L’Algérie (42 millions d’habitants) dispose de 586 établissements publics de santé avec 65 948 lits. Près de 150 ont été réalisés au cours des quatre mandats du Président Bouteflika. Sur ces 586 établissements, 207 sont des Centres Hospitaliers disposant de 40 506 lits. (Ministère algérien de la Santé). La France (67 millions d’habitants) dispose actuellement de 288 866 lits dans 987 établissements publics.

    La dépense courante de santé en Algérie est en nette régression. Elle représentait en 2014, 12,1 % du produit intérieur brut et 6.6 % du produit intérieur brut en 2016. (11 % du PIB en France en 2015). La Santé était le quatrième poste de dépense avec 398 milliards de DA  en 2019. Le système de santé algérien est classé quatrième en Afrique derrière le Nigéria, la Tunisie et l'Afrique du Sud par Bloomberg healthiest country index 2019.

   De l’avis général, la qualité des soins s'est dégradée dans les hôpitaux publics qui, en dépit des crédits qui leur sont alloués, sont souvent dans un état de délabrement préoccupant. Le matériel manque ou est vétuste. Dans les villes moyennes, des établissements récemment construits n’ont pas de bloc opératoire promis depuis des années.

 

2006       2007       2008       2009       2010       2011       2012

Taux de mortalité (décès/1 000 habitants)

4,61         4,62         4,62       4,64        4,66        4,69        4,31

Taux de mortalité infantile (décès/1 000 naissances normales)

29,87     28,78       28,75     27,73      26,75       25,81     24,90

(Source : Ministère algérien de la Santé)

   

    Dans la Loi de finances pour 2019, 398,97 milliards de dinars étaient inscrits au chapitre Santé, Population, Réforme hospitalière contre 392,16 en 2018. Ce budget augmente de 2,28% en 2020. Le taux d’inflation en Algérie est actuellement de 2,5%.

  

   M. Abderrahmane Benbouzid, le nouveau  ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, et M. Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmad ministre délégué, chargé de l'industrie pharmaceutique ont pris leurs fonctions le 4 janvier 2020.

     M. Benbouzid, professeur à la Faculté de médecine d’Alger, occupait le poste de chef du service orthopédie à l'Etablissement hospitalier spécialisé de Ben Aknoun. Il a estimé lors de sa prise de fonction que la situation du secteur de la santé est "très difficile."     Rappelant qu'il exerce depuis 44 ans dans le corps de la santé où il a gravi tous les échelons, le nouveau ministre a insisté sur la nécessité de "donner une image positive à la santé en Algérie".

    De son côté, M. Benbahmad  qui est pharmacien de formation depuis 1991, a indiqué que l'Algérie "dispose des capacités de développer davantage l'industrie pharmaceutique et de la diversifier dans le but d'aller vers l'exportation". 

     Face à l’épidémie du covid-19, le nouveau ministre de la santé a indiqué que l’Algérie dispose de 2500 appareils de respiration artificielle, de 2699 lits de réanimation et 2500 autres appareils anesthésiant et de respiration artificielle, outre 220 cliniques privés disposant de 3 à 4 lits de réanimation, soit un total de 6000 lits de réanimation. (5 000 en France)   

     Les lits de réanimation et de soins intensifs dont disposent les centres hospitaliers publics sont actuellement saturés, notamment à Alger et à Blida, où sont hospitalisés le plus grand nombre de cas infectés par le Covid-19.

      Les premiers résultats obtenus avec l’hydroxychloroquine utilisée sur des patients atteints de Covid-19 ont suscité beaucoup d’espoir en Algérie. Cette molécule fabriquée localement est prescrite dès l’apparition des premiers signes de la maladie, selon le protocole thérapeutique validé par les experts du ministère de la Santé.

     Selon la presse, à la date du 8 avril 2020, "l’Algérie disposait de 250 000 boîtes d’hydroxychloroquine dont 135 000 fabriquées localement et stockées au niveau de la PCH, un appel d’offres international a été lancé pour l’acquisition de 8 millions de comprimés. Mais vu la tension mondiale qui s’accentue pour l’acquisition de cette molécule, l’approvisionnement en matière première en provenance d’Inde, particulièrement, semble quasi impossible en raison de son interdiction d’exporter."

    Telle est la réalité du terrain, que signalent tous les experts et que le ministre de la Santé, le Pr Abderrahmane Benbouzid ne cache pas non plus. Les quantités dont dispose la Pharmacie centrale des hôpitaux seront-elles suffisantes et l’unique producteur algérien, CPCM (à Bouira, ndlr), pourra-t-il  répondre à la demande?

    D’après le ministre délégué à l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmad, ces quantités ont été réquisitionnées dès le début de l’épidémie. «En tout, près de 245 000 boîtes sont disponibles, soit une boîte pour chaque patient, et c’est suffisant, à condition que cette molécule soit réservée uniquement aux patients atteints du Covid-19», a-t-il souligné.

    A la date du 8 avril 2020, l’Algérie annonçait officiellement 207 décès dus au covid-19 et 1 572 personnes contaminées.

Bernard Deschamps, 9 avril 2020

(Photo: CHU Mustapha Pacha d'Alger)

    

 

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