
Unanimement approuvée par l’opinion publique, la lutte contre la corruption est à l’ordre du jour. Elle prend en Algérie l’ampleur d’un tsunami. Pas un jour sans qu’un ancien ministre, un élu, un chef d’entreprises, ne soit arrêté et emprisonné.
Les corrompus sont poursuivis, mais la corruption ? La fraude, les pots de vin, l’enrichissement « illicite » sont-ils des dérapages personnels, des crimes inhérents à la nature humaine ? Ou les fruits vénéneux d’un système qu’il faut changer ?
C’est le mérite de Karl Marx d’avoir démontré que le mode de production capitaliste permet aux propriétaires des moyens de production (usines, banques…) d’exploiter le travail humain et de prélever une partie de la valeur créée par leurs salariés. Leur développement étant tributaire de leur taux de profit, l’accumulation de richesses est dans leur nature. Par tous les moyens.
Qui, selon certains historiens, aurait prononcé cette injonction : « Enrichissez-vous » ? François Guizot (né à Nîmes), le Président du Conseil d’un gouvernement français, sous la Monarchie de Juillet, dans la période ascendante du capitalisme français. L’Algérie convertie à l’économie de marché dans les années 80 a appliqué ce précepte.
Le Monde diplomatique de ce mois de septembre publie un dossier fort intéressant sur ce sujet et cite plusieurs exemples de grosses entreprises comme Général Electric qui se servent de la corruption pour éliminer ou absorber des concurrents. La Russie post-soviétique avait ouvert la voie en remplaçant des oligarques par d’autres tout aussi corrompus.
En 1971, pour soustraire les hydrocarbures algériens à la rapacité des sociétés étrangères, Houari Boumediene ne les a pas transférés à des capitalistes algériens, il les a nationalisés.
Bernard DESCHAMPS
4 septembre 2019