
Printemps 2019
Du Mercou descend une bise aigrelette qui a chassé les nuages.
Se détachant sur le ciel bleu, la Tour de Peyre, de son œil cyclopéen, surveille le cours de la Salindrenque dont le murmure m’accompagne dans ma balade.
Le tranchant du soleil sculpte les ombres.
Les coquelicots courent le long du chemin et les genêts m’adressent un clin d’œil doré.
La blanche stellaire et la rose saponaire montent à l’assaut des rochers.
L’ingénuité des jeunes fougères à la tête penchée m’émeut toujours autant.
Symphonie de couleurs magnifiées par la lumière printanière.
Le vent a tourné. Ce matin, sur la draille de Cabane Vieille, il m’apporte d’outre-méditerranée des effluves de cannelle et de coriandre.
Méditerranée, notre mère à tous, qui scintille à l’horizon si proche et qui nous rapproche.
Sous mes yeux éblouis, les pentes ensoleillées de Kabylie illuminent les sombres versants de nos Cévennes.
Est-ce un rêve ? La silhouette furtive d’une robe chamarrée se faufile entre les arbres avant de disparaître dans le tronc évidé d’un châtaignier tricentenaire.
Des pierres roulent sous les pas d’une troupe nombreuse. Huguenots ? Maquisards ? Fidayin ? Un même élan les porte vers la Liberté. Et le visage du Chef Marceau côtoie celui du colonel Amirouche.
Ce soir, les pins chantent sous le vent et leur voix profonde se confond avec la rumeur joyeuse qui chaque vendredi monte d’Algérie.
Mémoires qui s’entrecroisent pour écrire ce joli mot : Fraternité ! araouya !
Bernard DESCHAMPS
3 mai 2019.