NOS TROIS COULEURS

Je suis attaché à nos trois couleurs. Le Bleu et le Rouge, couleurs de la ville de Paris, du Paris révolutionnaire. Le Blanc de la monarchie, témoin de la longue histoire de la Nation française. Le Rouge, couleur du sang versé pour notre Liberté. Je suis attaché au drapeau de la Commune de 1871 et des Résistants à l’occupation nazie. Certes, nos trois couleurs furent éclaboussées par le sang des répressions coloniales, mais précisément je refuse qu’une nouvelle fois les ennemis du Peuple s’en emparent. Je veux les arracher des mains de la famille du tortionnaire Le Pen qui prétend abusivement en faire son emblème. Je revendique nos trois couleurs pour nous qui sommes patriotes et internationalistes et, ce vendredi, je les ai placées sur mon balcon, en signe de deuil, après les massacres du 13 novembre. J’étais bien seul dans mon quartier…Et pourtant, à l’heure de la mondialisation et des échanges internationaux, la Nation n’a pas épuisé ses potentialités d’émancipation humaine. Le monde est riche du croisement de ses cultures nationales et régionales. Les étouffer serait nous priver de cette richesse. J’aime mon drapeau que je hisse aussi en une autre occasion, chaque 8 mai, avec le drapeau algérien en souvenir de la Victoire sur le nazisme et de la terrible répression du 8 mai 1945 à Sétif, à Guelma et dans le Constantinois.

IGNOMINIE

Vendredi, alors que toute la France rendait un hommage solennel aux victimes des attentats du 13 novembre, le Maire FN de Beaucaire, en catimini, comme un voleur, faisait desceller la plaque de la rue du 19 mars 1962. Il n’est pas le seul responsable de cette ignominie. Le préfet du Gard et le ministre de l’Intérieur n’ont en effet pas cassé la délibération du conseil municipal de Beaucaire, comme ils auraient pu le faire en vertu de leur devoir de contrôle de légalité. Ils ont préféré interdire les manifestations publiques dont celle des 26 associations, syndicats et partis politiques attachés au symbole de paix que constitue la date du 19 mars 1962. C’est tout bénéfice pour le FN.

NOTRE AMI MOHAMED BOUAMARI

Le 1er décembre 2006, il y aura neuf ans mardi, notre ami le cinéaste algérien Mohamed Bouamari décédait brutalement. Quinze jours plus tôt, il nous avait fait l’honneur, ainsi que son épouse l’actrice Fettouma Ousliha, d’être présent pour le 1er Panorama du Cinéma Algérien qui présentait son film Le Charbonnier. Je le revois animant le débat au Sémaphore à Nîmes après la projection. Sa fougue, son humour et sa gentillesse avaient enflammé les spectateurs et il fallut toute la bienveillante insistance de la direction du cinéma pour mettre un terme aux échanges, car s’il était un conteur passionnant, il savait aussi écouter et il sollicitait les interventions de la salle. Nous aurions pu y passer la nuit…Celle-ci se poursuivit d’ailleurs fort tard à mon domicile, avec quelques amis, autour d’une bouteille de rhum cubain que mes enfants m’avaient rapportée d’un récent voyage. A la fin de la soirée la bouteille était vide…

J’ai rarement rencontré une personnalité aussi attachante. Il irradiait d’intelligence et d’humanité. Mohamed Bouamari avait passé une partie de son enfance et son adolescence à Lyon. Il avait regagné sa patrie après l’indépendance en 1965. Autodidacte, il s’était formé en collaborant à plusieurs réalisations de l’Algérie indépendante, tels Le Vent des Aurès de Mohamed Lakhdar Hamina (1967) – que nous avions présenté à ce Panorama - ou La Bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo (1965), mais aussi à des coproductions tournées en Algérie: Z de Costa-Gavras (1969) et Remparts d'argile de Jean-Louis Bertuccelli (1970)…

Il était particulièrement sensible aux questions de l'émancipation féminine.

Il repose à Alger dans le cimetière de Ben Aknoun où, lors d’un des voyages de France-El Dajazaïr, nous sommes allés nous recueillir.

Photo: Mohamed et Fettouma chez nos amis Danielle et René Poux.