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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 05:44
L'INDEPENDANCE DE L'ALGERIE, 3 JUILLET 1962

Déclaration de M. BEN KHEDDA Benyoucef , Président du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), Alger le 4 juillet 1962:

"Après un long séjour imposé par les nécessités de la guerre, le Gouvernement provisoire de la République algérienne, détenteur de la souveraineté nationale, rejoint le sol algérien au moment où notre patrie accède à l’indépendance. Ces trente-deux ans d’occupation coloniale prennent fin. Ces trente deux ans de lutte héroïque, de sacrifices incalculables et de souffrances, sept ans et demi de guerre atroce nous ont été imposés pour arracher le droit le plus sacré pour un peuple : celui de vivre libre et indépendant. C’est grâce à l’unité, pétrie dans la lutte et l’épreuve, au sein du Front de libération nationale, et autour du gouvernement provisoire de la République algérienne, que le peuple a gagné la bataille de l’indépendance. Nous tenons à exprimer, au nom du gouvernement et du peuple algérien, notre gratitude profonde aux gouvernements et aux peuples frères et amis qui n’ont pas cessé de nous accorder leur appui durant les longues et dures années de notre combat. De même, nous n’oublions pas le rôle qu’ont courageusement joué les démocrates de France et d’ailleurs. L’Algérie est aujourd’hui indépendante, mais la lutte est loin d’être terminée. L’indépendance n’est pas une fin en soi, elle est un moyen qui permet d’atteindre les objectifs économiques et sociaux sans lesquels on ne peut parler de révolution. A ce titre, des tâches immenses nous attendent. Il faut rebâtir le pays, créer une économie nationale au service du peuple, réduire la misère et l’analphabétisme, recaser les regroupés et les réfugiés. Il faut donner à l’Algérien et à l’Algérienne les moyens de vivre décemment et d’épanouir leur personnalité dans le cadre de notre culture nationale. Par ailleurs, nous sommes liés aux Accords d’Evian conclus entre le Gouvernement provisoire de la République algérienne et le gouvernement français et ratifiés par le vote massif du peuple algérien le 1er juillet. Ces accords, qui ont mis fin à la guerre atroce, constituent une grande victoire. Ils consacrent l’intégrité du territoire et l’indépendance politique de l’Etat algérien. Nous les appliquerons loyalement. A côté des objectifs à terme, se posent des problèmes plus immédiats dont la solution conditionne impérativement la réalisation de ces objectifs. Il s’agit d’assurer le fonctionnement normal dans tous les secteurs de l’économie et de toutes les activités sociales et humaines. Le problème de l’heure, c’est l’Etat. Il est fondamental que l’Etat algérien repose sur des institutions démocratiques saines et solides. Il est capital pour la révolution de restaurer le cadre légal de l’ordre public, de la justice et de la défense nationale. La souveraineté nationale ne peut s’exprimer que dans le cadre de l’Etat. L’Etat aura la charge de garantir le droit des gens et des libertés fondamentales. Il aura la charge de promouvoir la politique économique, sociale et internationale, conformément aux objectifs de la révolution et aux vœux intimes du peuple. Il aura la charge d’assurer la défense de l’intégrité du territoire grâce à notre glorieuse Armée de libération nationale. Nos institutions étatiques seront le reflet fidèle du peuple algérien qui aspire profondément à l’ordre intérieur, à la paix pour s’adonner aux tâches immenses de la reconstruction. L’Etat sera le serviteur du peuple, et non son gendarme. Il doit s’appuyer sur le peuple, sans lequel il n’est rien. Nul gouvernement ne pourra opérer la reconstruction s’il n’est aidé par la discipline des citoyens, en général, et des militants, en particulier, et sans le respect de tous ceux qui vivent sur cette terre, quelles que soient leur origine et leur confession. Nous devons assurer la sûreté des biens et la sécurité des personnes. En cette circonstance solennelle, et au nom du GPRA, je tiens à rappeler ce que nous n’avons cessé de déclarer depuis le 1er novembre 1954 et concernant les Européens, à savoir qu’ils ont leur place en Algérie. L’Algérie est une République démocratique et sociale. Telle a été la volonté du peuple. Elle sera ce que le peuple lui-même voudra qu’elle soit dans la démocratie et la liberté. La volonté populaire constitue le barrage le plus solide contre la dictature militaire dont rêvent certains, contre le pouvoir personnel, contre les ambitieux, les aventuriers, les démagogues et les fascistes de tous bords. La volonté populaire a été le moteur du combat pour l’indépendance. Elle est la garantie de la victoire dans la bataille pacifique mais gigantesque de la reconstruction."

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