
Le Grand Orgue de la cathédrale de Nîmes
La cathédrale Notre-Dame et Saint-Castor accueillait dimanche le concert de clôture du 37e Automne musical de Nîmes. Son Grand Orgue qui date de 1643, vient d’être l’objet d’une importante rénovation après celles de 1752, 1845 et 1896. L'ensemble comporte 49 jeux. Il avait été béni le matin même lors de la messe dominicale.
Le concert de l’après-midi recevait les organistes Luc Antonini, titulaire de l’orgue de l’église Saint-Agricol d’Avignon; Michel Reynard, titulaire de l’orgue de Nîmes et les trompettistes Frédéric Presle et Stéphane Vaillant.
Je suis sensible à l’ambiance sonore que créé l’orgue dont le souffle puissant emplit l’espace.
J’ai découvert cet instrument grâce à Jeanne Demessieux (vidéo ci-jointe) dont la sœur qui habitait Aigues-Mortes, était la professeur(e) de musique de nombreux petits Aigues-Mortais, parmi lesquels Frédéric. Je conserve précieusement un vinyle qu’elle nous avait offert, la Toccata et fugue en Ré mineur de Bach jouée sur l’Orgue du Victoria hall de Genève. Jeanne Demessieux, immense virtuose sollicitée dans le monde entier, est décédée à l’âge de 47 ans, alors qu’elle était titulaire de l’orgue de La Madeleine à Paris (j’ignore si cet instrument a sonné pour l’office religieux à la mémoire de Johnny Halliday ).
Huit compositeurs étaient au programme . Pas uniquement des XVIIe et XVIIIe comme il avait été annoncé mais également du XIXe et du XXe siècle. Auparavant nous entendrons un étonnant (et pieux) dialogue entre l’orgue et Mgr. Robert Wattebled, l’évêque de Nîmes. Les paroles de la prière prononcée par le Père Wattebled et la mélodie jouée à l’orgue, déroulent et tissent une fresque poétique.
Le Te Deum de Jean Langlais (1907-1991) nous parait ensuite bien sombre. Le Concerto de Francesco Manfredini (1680-1748) dont les trompettes flamboyantes n’étouffent pas l’orgue est particulièrement joyeux. Dans la Messe des Paroisses de François Couperin (1668-1733) affleurent certains airs populaires anciens qui humanisent la solennité propre à un office religieux. La Pièce pour deux trompettes et orgue de Jean-Joseph Mouret (1682-1738) est triomphante. Le Final de César Franck (1822-1890) nous surprend d’emblée par les grondements de la colère divine, dont la parole s’apaisera ensuite jusqu’à devenir murmure intime, avant de se terminer en apothéose dans la gloire de Dieu.
Le Concerto pour deux trompettes et orgue d’Antonio Vivaldi (1678-1741) nous fait revenir sur terre et nous comble de bonheur. Les Variations sur un Noël de Marcel Dupré (1886-1971) annoncent joyeusement la naissance de Jésus. La Suite de Water Music de Georg Friedrich Haendel permet, avant de nous quitter, de mettre en valeur une dernière fois l’ample sonorité de l’orgue et le talent des trompettistes…
Les voûtes de la cathédrale neuf fois séculaire constituent un cadre idéal pour une telle manifestation. Le public venu nombreux assister à ce concert spirituel a, par de longs applaudissements, témoigné de sa satisfaction.
Des ministres néo-nazis en Autriche…
Nous avions deux amis autrichiens, deux camarades, Wilma et Frédéric Lettner dont j’avais fait la connaissance lors du Festival Mondial de la Jeunesse à Vienne en 1959. Par la suite, nous les avions reçus à Aigues-Mortes où nous habitions, puis à Nîmes, et nous étions restés liés. Frédéric notre fils leur avait rendu visite à Vienne en 1990. Leur fils Robert qui deviendra un peintre renommé était né à Elne dans les Pyrénées Orientales et il avait vécu dans le camp de Gurs où ses parents – antinazis – avaient été internés. Nous avons toujours à la maison deux dessins de Robert à la plume qui représentent notre petite maison des Horts à Soudorgues (30).
Wilma était d’origine allemande et Frédéric était autrichien. Communistes l’un et l’autre, Frédéric avait assumé d’importantes responsabilités à la tête du Parti communiste d’Autriche et ils avaient combattu la montée du nazisme dès son origine. Contraints de quitter l’Autriche, ils émigrèrent en France où ils furent internés à Gurs avant de rejoindre le maquis en Haute-Savoie. A la Libération, Frédéric sera nommé sous-préfet d’Annemasse. Un antifasciste autrichien sous-préfet français ! Les temps ont bien changé.
Je pense très fort à eux ces jours-ci en apprenant l’entrée de ministres de l’extrême droite néo-nazie dans le gouvernement autrichien. A des postes déterminants, les ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de la Fonction publique et des Sports, des Infrastructures et des Transports.
C’est dramatique ! La fille Le Pen bien sûr s’en réjouit et les félicite, spéculant sur une évolution comparable en France. Nous ne sommes effectivement pas à l’abri de ce malheur qui peut nous toucher si nous ne mettons pas en échec la politique de Macron qui fait le lit de l’extrême-droite.
Bernard DESCHAMPS
19/12/2017