Une petite anecdote - amusante - concernant le séjour de Youri Gagarine dans le Gard en 1967. Après son vol dans l'espace, Youri Gagarine était devenu une sorte d'ambassadeur de l'Union Soviétique et à ce titre il accomplit de nombreux voyages à l'étranger. Il était, à nos yeux éblouis, le témoignage vivant de la réussite de la science soviétique donc de la société communiste. Les crimes de Staline avaient été dénoncés et l'URSS se prononçait pour la coéxistence pacifique entre pays capitalistes et pays socialistes. Nous étions persuadés de la capacité du régime soviétique de se régénérer. Malheureusement ce sera l'année suivante, en 1968, l'intervention des armées du Pacte de Varsovie contre la Tchécoslovaquie. Je le dis en toute humilité, sachant combien il est facile aujourd'hui, à la lumière de l'évolution ultérieure des évènements, de nous jeter le pierre. Mais j'en reviens à l'anecdote. Nous recevons donc Gagarine dans le Gard. Il est reçu officiellement en grande pompe en Mairie de Nîmes par le Maire, Emile Jourdan et nous avons organisé tout un périple dans le département, à Nîmes, à Alès (Tamaris) et à la Cave Coopérative de Saint Gilles où il doit baptiser une cuvée de son nom. Pendant de nombreuses années ensuite, la photo du cosmonaute figurera sur les étiquettes des bouteilles vendues à la cave. J'avais la charge de conduire la voiture qui transportait Gagarine. Au moment de quitter la cave, impossible de démarrer. J'avais oublié de refaire le plein d'essence ! La honte ! Youri Gagarine en rit à gorge déployée et avant de quitter le Gard, il me dédicaça - en russe - le numéro de L'humanité du 12 avril 1961: "A mon camarade Bernard, sans benzine..."