L’OPINION DU RCD (El Watan, 4 mars 2014)-EXTRAITS
1-Dans quelles conditions politiques se déroulera l’élection présidentielle de 2014 ?
« … Le monopole de la décision s’est traduit par une vacance du pouvoir exécutif, notamment depuis la maladie, devenue invalidante, du chef de l’Etat, une absence totale du pouvoir législatif dans le débat public et une instrumentalisation jamais égalée du pouvoir judiciaire. Les oppositions claniques du système ont failli impacter l’armée avec des déclarations en appelant à l’insubordination. La réorganisation du DRS, ou son démembrement, traduite politiquement par l’explication de texte d’un responsable de parti au pouvoir a reçu en retour une salve de réactions politiques et médiatiques qui prouve que ce service garde toujours, au moins en partie, sa capacité d’intervention dans la communication parallèle. Les affaires de corruption, qu’il s’agisse de Sonatrach, Khalifa, autoroute est-ouest, agriculture ou autres qui ont secoué le pays ces quinze dernières années sont grossièrement différées, alourdissant un climat méfiance et de colère qui gronde dans le pays. Les rivalités qui sont à la fois d’ordre vénal et personnel n’ont épargné aucune structure parmi les clientèles et, nouveauté dans la loi du système, elles sont sur la place publique. Sur un autre plan, la crise dans la vallée du Mzab, la multiplication des grèves notamment dans le secteur de l’éducation, l’intrusion dans la scène sociale du mouvement des chômeurs du sud, les manifestations des jeunes du pré emploi ou la pénurie du sachet de lait sont les signes les plus parlants du bilan catastrophique de ces quinze dernières années et d’une montée en puissance d’un mouvement social qui est à la fois légitime mais susceptible de manipulation.Au niveau international, l’Algérie, reléguée au rang de supplétif des actions de maintien de l’ordre, offre un spectacle de décadence dans un environnement en mutation permanente. Nous notons les commentaires ironiques ou humiliants de la presse étrangère à propos de notre pays par ce qu’ils nous touchent directement mais il y a aussi les analyses et observations des Etats qui jaugent un pays à la dérive avec un fort potentiel de déstabilisation que des dirigeants, occupés par leur intérêts, refusent de voir. »
2- Votre parti –le RCD- a fait le choix de boycotter cette échéance, quels sont les arguments qui ont conditionné ce choix ?
« Il y a 14 mois, le RCD a anticipé sur les événements en recommandant dans la résolution de son Conseil national trois choses. La destitution de l’actuel chef de l’Etat dont l’exercice est réduit à gérer la dépense publique. Malheureusement celles et ceux qui crient au rejet du quatrième mandat aujourd’hui, qui est une demande anticonstitutionnelle, n’ont pas daigné se prononcer alors sur une mesure constitutionnelle et salutaire. Nous avions également appelé à la dissolution de la police politique pour rompre avec les décisions qui se prennent dans l’ombre et venir à bout des pressions et répressions qui s’abattent sur la classe politique et la société civile aboutissant à une absence de lieu de médiation qui peut mener au pire. Enfin, nous nous sommes prononcé pour la restitution du sigle FLN au peuple algérien d’autant plus que ceux qui agissent en son nom le font illégalement puisqu’il viole l’article 6 de la loi organique sur les partis politiques qui stipule qu’aucun formation ne peut se doter des mêmes nom, sigle intégral ou autre signe distinctif appartenant à un parti ou organisation préexistants ...[…]
« Telles sont les conditions qui nous ont paru nécessaires à une compétition équitable et loyale entre les différents acteurs politiques.
Au lieu de cela, nous avons assisté à un squat des ministères en relation avec l’organisation des élections ainsi que la présidence du conseil constitutionnel par les membres de la tribu du chef de l’Etat et l’implication, en toute illégalité, de l’ensemble des institutions de l’Etat au profit du président candidat. Le DRS après avoir, un instant, tenté de préserver son monopole historique sur la scène nationale semble rentrer dans le rang.
Sauf à prendre le risque de paraître participer pour donner un sursis au système ou être intéressé par des raisons moralement douteuses, le boycott s’imposait de lui-même. »
L’OPINION DU PADS (COMMUNISTE) 2 MARS 2014-EXTRAITS
Le Pads invite “ les travailleurs, les jeunes issus des couches sociales du peuple ( à ne pas) choisir entre l’une ou l’autre des multiples fractions qui se disputent l’hégémonie dans l’exercice du pouvoir, en particulier le contrôle du robinet des recettes pétrolières, et qui peuvent momentanément "calmer le jeu" entre elles ( … ) à ne pas servir de chair à canon au service de telle ou telle fraction du régime”.
Il rappelle l’analyse qu’il avait faite en septembre 2013 :
"Les luttes au sein des appareils d’Etat ne changent pas la nature sociale fondamentale du régime. » Mais il attire l’attention sur le fait que “L’exacerbation des luttes et querelles internes tend à mettre gravement en danger la sécurité du pays. Elle se produit au moment où diverses stratégies sont mises en action selon divers scénarios par les Etats impérialistes pour s’emparer des richesses du pays. Des appels du pied sont lancés par les diverses fractions du régime à tel ou tel de leurs appuis extérieurs en France, aux USA et dans les pays du Golfe pour faire pencher la balance de leur côté. Les Etats impérialistes attisent de leur côté les dissensions, jouent sur le mécontentement interne, pour arracher à l’une ou l’autre de ces fractions le maximum de concessions qui devraient un jour ou l’autre se traduire par leur domination totale sur le pays ou tout simplement par la prise en main directe du Sahara pétrolier.”
Il dénonce le verrouillage de la ”la vie politique derrière une démocratie de façade” qui “ à quelque semaines de l’élection présidentielle du 17 avril prochain ( … ) ne laisse actuellement aucune chance aux représentants des travailleurs de mener la bataille pour porter à la tête de l’Etat leurs forces représentatives”.
Pour le PADS
“La lutte unie doit rassembler tous ceux, civils ou militaires, et quelle que soit leur origine, arabe, mozabite, kabyle ou touareg, qui s’opposent aux forces qui sont en train de bâtir leurs richesses sur l’exploitation des travailleurs, l’affairisme et le pillage des biens de la nation.
« Enfin, la question d’un 4ème mandat pour Bouteflika “ ne doit pas être considérée comme la question la plus importante par les masses populaires” afin que “les luttes à mener ne (conduisent pas) à faire le jeu de tel ou tel autre courant d’intrigants opposés à ce nouveau mandat. Engager les forces combatives du pays dans cette voie serait semer des illusions sur les objectifs de ceux qui prétendent être l’alternative alors que leur programme, quand ils en ont, est de maintenir le système économique et social actuel, affairiste et exploiteur, sous la direction de nouvelles figures.”
En conclusion,
“L’objectif pour les forces populaires doit être de travailler à créer les conditions dans les luttes, sous toutes les formes, pour faire émerger un mouvement de masse et des forces dirigeantes capables de balayer le régime dans son ensemble en tant que régime des trafiquants et des exploiteurs des travailleurs, de le remplacer par un régime au service des classes laborieuses du pays.”
2 mars 2014