Un samedi soir de Féria à Nîmes. La place de la Maison Carrée noire de monde. Les cuivres des penãs qui sonnent à tous les coins de rues. Une ambiance festive déchaînée. Et malgré ce, la salle des conférences de la Maison du Protestantisme pleine pour recevoir et écouter Samah Jabr, psychiatre et psychothérapeute palestinienne, engagée en tant que médecin et comme militante dans le combat de son peuple pour sa patrie.
Ce qui frappe d’emblée chez Samah Jabr, sont sa présence, son sourire et sa modestie. Elle se dit comme tous les Palestiniens « ni diables, ni héros ». Des gens normaux (quel dommage que le mot ait été galvaudé) confrontés à une situation anormale qu’elle définit comme génocidaire ; l’agression contre Gaza constituant une étape dans un processus d’extermination. Elle précisera à cet égard que toutes les formes de luttes, et pas uniquement la lutte armée, sont légitimes et nécessaires.
Au-delà des destructions massives et des morts elle nous invite à réfléchir « aux dommages invisibles de l’occupation »; aux effets de l’humiliation ; de l’intériorisation de l’oppression qui conduit à se sentir inférieur ; aux persécutions, aux tortures qui visent à « casser le psychisme » et également aux extraordinaires ressources humaines de résistance. S’efforcer de vivre normalement pour les Palestiniens aujourd’hui est « une façon de faire face ». Médecin, elle nous appelle à ne pas pathologiser, à ne pas médicaliser la souffrance sociale. Le combat politique contre l’occupation israélienne et pour le bien-être du peuple est incontournable et, reflet des débats qui traversent le peuple palestinien à ce stade de la colonisation des territoires par Israël, Samah Jabr milite pour un Etat unique. Au passage elle est critique à l’égard du Président Abbas qui considère entre autres que la mission principale de la Police Nationale palestinienne est de protéger Israël.
Parmi les éléments de résistance, elle mentionne la spiritualité, la structure familiale, la cohésion sociale et l’unité nationale palestiniennes ainsi que la solidarité mondiale – politique plutôt que financière, en insistant en conclusion sur la nécessité de respecter les choix du Peuple palestinien.
Un grand merci à l’Association France Palestine Solidarité-Nîmes, à l’Union Juive française pour la Paix, au Mouvement des Femmes en Noir de Nîmes, pour cette émouvante et instructive soirée.
Bernard DESCHAMPS
21/09/2014
Lire "Les faux paons et les petits coquelicots rouges" de Samah Jabr, 13 septembre 2014...d'où la photo de tête.