De roses nocturnes et de blé
Tel notre chant pour saluer Cuba.
Un peuple s'est levé,
A peine une gousse d'ail, un grain de maïs,
Face à l'énorme potentiel du crime,
Et voici que sa parole,
Ardente et claire - paysanne ! -
Impose à tout l'orchestre, à la machination,
Sa petite musique de liberté,
Et le monde l'entend
Et il se réjouit.
La Soummam salue Sierra-Maestra!
Il y a des années de cela (des siècles!)
Ces curieux bizarres tenaces hommes à barbe
Se sont mis en tête de donner à la liberté des syllabes
espagnoles
Et ils l'ont fait.
Et ces syllabes ils sont allés les mettre dans la tête de
tous les hommes
(et même d'une vieille "négresse"!
- curieux hommes, n'est-ce pas ?)
Et cette liberté a pris des proportions telles
- des proportions révolutionnaires -
Que tous les hommes l'ont mise en œuvre
Par la réforme agraire, l'alphabétisation,
La conscience civique
Curieux bizarres hommes tenaces
Il y a des siècles de cela.
Les Aurès saluent Guantanamo-la Cubaine!
Frère, camarade, réveille-toi! Elle est exaltante cette
histoire.
Il y a des années de cela (des siècles)
Cette histoire est la nôtre.
Scientifique et belle comme un matin d'été sur les
terrasses de Tlemcen.
Libertad !
Houria !
La Casbah salue La Havane.
Jean Sénac, 1963