Salah. La cidatelle en béton de la ZUP-NORD de NÎMES, le ghetto arabe, reçoit ce soir Salah HAMOURI enfin libéré des geôles israéliennes. L'auditorium du Centre Social et Sportif est comble des gradins aux balcons. Spontanément, la foule s'est levée à son entrée, accueilli par les youyous des femmes algériennes, marocaines et tunisiennes.
Je ne connaissais Salah que par les photos de ses affiches et des tracts que nous avons distribués au cours de ses 7 ans d'incarcération. J'avais en tête son visage souriant aux yeux bleus. Le visage de ses vingt ans, encore marqué d'une flamme juvénile. C'est un homme de 27 ans que nous rencontrons ce soir. Le regard tendu. Un combattant. Un homme d'acier que les souffrances, les sévices, les coups, les humiliations n'ont pas réussi à faire plier. Plus fort encore, plus résolu après, ce qu'il appelle, "ses universités de prison". Ce seront les rares paroles le concernant qu'il prononcera. Il évoquera par contre longuement, avec minutie, avec colère mais sans haine, le sort intolérable des enfants de 8 à 16 ans condamnés par des tribunaux militaires. Militaires ! Conduits devant leurs juges, pieds et mains enchaînés. Il évoquera le sort tragique des handicapés et des malades atteints du cancer et laissés sans soins. Il décrira les lieux de mort lente que sont les cellules d'isolement. Il évoquera les 200 détenus morts depuis 1966.
4 610 prisonniers palestiniens continuent de croupir dans les culs de basse fosse de la "grande démocratie du Moyen-Orient" , parmi lesquels trois anciens Ministres et vingt six députés de l'Autorité Palestinienne, dont Marwan Barghouti, l'ancien Secrétaire Général du Fatha. Il nous appellera à parrainer chacune et chacun d'eux afin d'arracher leur libération.
"Les Révolutionnaires ne meurent jamais", nous dira-t-il, reprenant les paroles de Georges Habache le dirigeant, aujourd'hui disparu, du Front Patriotique de Libération de la Palestine (FPLP). Israël peut détruire leur corps mais ne parvient pas à étouffer l'espoir.
Depuis 11 jours, 2 000 patriotes palestiniens de 20 prisons israéliennes, ont entrepris une grève de la faim. Soutenons-les avant qu'il ne soit trop tard !