16 août 2012
4
16
/08
/août
/2012
14:06
|
par Moncef Wafi (Le Quotidien d'Oran) Lakhdar Brahimi est-il réellement l'homme de la dernière chance, dans le dossier syrien? Pressenti pour succéder à Kofi Annan, comme médiateur onusien et de la Ligue arabe en Syrie, l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères sait qu'il aura besoin du soutien formel du Conseil de sécurité de l'ONU, pour mener à bien sa mission. Le diplomate algérien ne veut certainement pas revivre l'expérience de l'ancien Secrétaire général de l'ONU, le Ghanéen Kofi Annan qui avait été nommé, en février dernier, en charge des affaires syriennes, avant de démissionner le 2 août, en déplorant justement le manque de soutien des puissants parmi les 15, à sa mission. Même s'il a reçu des assurances de Damas, M. Brahimi sait pertinemment que la sortie de crise passera inévitablement par le Conseil de sécurité qui reste fortement divisé sur ce dossier. «M. Brahimi veut que le Conseil approuve sa nomination», a déclaré un diplomate, avant d'ajouter que cet adoubement est «crucial». Fort de son expérience en tant qu'envoyé de l'ONU en Afghanistan et en Irak, l'homme n'ignore pas également qu'il devra convaincre Moscou et Pékin. Depuis le début de la crise syrienne, il y a 17 mois, la Russie et la Chine ont opposé, à trois reprises, leur veto au Conseil de sécurité à des résolutions visant à faire pression sur le gouvernement syrien. Mais pour le moment, rien n'a été formalisé quant à la succession de M. Annan puisque les négociations, autour de cette nomination, ne sont pas encore terminées et la nomination de M. Brahimi devrait être annoncée, au début de la semaine prochaine. Le choix du diplomate algérien aurait été dicté par le SG de l'ONU, Ban Ki-moon alors que d'autres noms figurent sur une short list d'éventuels candidats pressentis au poste d'émissaire spécial. On y retrouve l'ancien secrétaire général de l'Otan Javier Solana, l'ex-président finlandais Martti Ahtisaari et l'ex-chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos. Le Prix Nobel finlandais fait également partie, tout comme M. Brahimi, du groupe des «Elders» (anciens), qui réunit des personnalités œuvrant au règlement des conflits dans le monde, à l'image de l'ancien président américain Jimmy Carter ou l'archevêque sud-africain Desmond Tutu. Pour sa part, Washington n'a pas encore donné le nom de son favori à ce poste. Interrogée jeudi, par des journalistes sur la succession de M. Annan, l'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice, tout en soulignant le travail accompli par ce dernier, a estimé qu'«il y a plusieurs modèles pour définir ce que doit être un envoyé spécial, quelle expérience doit-il avoir, quel doit être son rôle», sans pour autant se prononcer sur un candidat. Du côté des pays arabes, l'échec du plan de paix de Kofi Annan, imputé du reste, à Damas, justifie le désir de ses dirigeants, réunis depuis mardi en sommet extraordinaire, de suspendre la Syrie de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI). Une décision déjà prise par la Ligue arabe, fin 2011. La nomination de Lakhdar Brahimi, dont on dit qu'il est proche des monarchies du Golfe, particulièrement de la Jordanie et de l'Arabie Saoudite, ne ferait aucun doute du côté de la Ligue arabe dont les ministres des Affaires étrangères devaient discuter du nom du prochain médiateur international pour le dossier syrien. La réunion prévue, ce dimanche, a été annulée à la dernière minute. Moncef Wafi M. Lakhdar Brahimi est né en 1934 à El Azizia. Il fut un des membres fondateurs de l'UGEMA (Union Générale des Etudiants Musulmans Algériens) en 1955, à l'instigation du FLN et l'un des organisateurs de la grève générale des étudiants du 19 juin 1956, pendant la guerre d'indépendance. Chargé de diverses hautes responsabilités nationales, il fut notamment Ministre des Affaires Etrangères en 1991-1992. La Fondation Jacques Chirac lui a décerné son prix spécial du jury pour son action en faveur de la prévention des conflits. Bernard Deschamps |