Faut-il interdire les manifestations anti-mariage pour tous?
Face à la radicalisation de ces manifestations, des voix se font entendre à gauche, pour les interdire. Je ne partage pas cette opinion, bien que je considère cette radicalisation comme un fait grave et symptomatique. Symptomatique de la volonté de la droite, en lien avec l'extrême droite et le grand patronat, d'accentuer sa pression dans tous les domaines, à propos du mariage gay, mais également dans le domaine social: demantèlement du code du travail, pressions sur les salaires, délocalisations d'entreprises, criminalisation de l'action syndicale, etc, dans des formes de plus en plus violentes. Il faut donc les combattre, mais la question est, comment ? Le ministre de l'Intérieur s'engage à faire preuve de la plus grande fermeté ce dimanche s'il y a de nouveaux débordements. Nous verrons bien si sa résolution dans ce domaine est comparable à celle qu'il manifeste à l'égard des Roms. Cependant fermeté ne veut pas dire brutalité. Il ne s'agit pas de faire des martyrs de cette graine de nazis. La police française sait faire, dans un sens comme dans l'autre. Tout dépendra des ordres qu'elle recevra. Mais la véritable réponse à ce danger de droite est-elle uniquement d'ordre administratif et policier ? La vraie question est ce que pensent les gens; le combat doit donc à mon sens être d'abord d'ordre politique. Expliquer, expliquer, expliquer. Et les démocrates doivent aussi montrer leur force. A cet égard, la marche du 5 mai à Paris à l'appel du Front de Gauche pour une 6e République, si elle est réussie, constituera la meilleure réponse aux pêcheurs en eau trouble. Il est vrai que contrairement au "droit de grève", le "droit de manifester" n'est pas inscrit dans la Constitution de 1958 (contrairement à ce que j'ai affirmé par ailleurs). "Le droit de défiler librement sur la voie publique...", par contre est affirmé à l'article 16 du préambule toujours en vigueur de la Constitution de 1946. Interdire une manifestation dans certains lieux, peut se concevoir. Interdire une manifestation, à mon sens, non, sauf en situation insurrectionnelle. Rappelons-nous l'histoire; c'est le mouvement ouvrier et les progressistes qui de tout temps ont été victimes des restrictions au droit de manifester. La démocratie représentative ne doit pas exclure l'expression des besoins et des aspirations dans l'intervalle des élections.
A propos de l'islamophobie
Un intéressant dossier sur ce sujet dans l'Humanité du 19/20/21 avril 2013. Un débat à plusieurs voix auquel participent Marwan Mohammed du CNRS, Ann Thomson de l'Institut Universitaire Européen et Valérie Amiraux de l'Université de Montréal. Je l'évoquerai ces prochains jours.
Bernard DESCHAMPS, 18h.