Jusqu'à l'ultime minute, Israël, les Etats-Unis et la France ont cru que Mahmoud Abbas allait céder. Les pressions furent considérables. Y compris biaisées et insidieuses comme celles de Sarkozy. A dix-huit heures (heure française) le Président de l'Autorité palestinienne remettait au Secrétaire Général des Nations Unies, la demande officielle de reconnaissance de l'Etat palestinien par l'ONU...
Son discours écouté avec attention, dans un hémicycle archicomble et interrompu à plusieurs reprises par les applaudissements, fut salué dans sa conclusion par une ovation des délégués debout pour la plupart. A l'évidence, la majorité de l'Assemblée Générale, bien au delà des 2/3, lui était acquise. Déjà en 1974 et en 1988, l'ONU s'était saisie de la question palestinienne et avait reçu et écouté le défunt Président Yasser Arafat avait chaleur. Pourtant la présente session peut être considérée comme historique en raison de son enjeu. C'est en effet l'heure de vérité. Aucune échappatoire n'est possible. Si le conseil de sécurité adopte une position négative, il confirmera aux yeux du monde entier qu'il n'est pas représentatif de la "communauté internationale" et chacune des Nations qui le composent va devoir se prononcer en toute clarté.
Le Président Mahmoud Abbas fut à la fois ferme et ouvert. Ouvert à la négociation avec Israël. Ferme sur les conditions de nouvelles négociations : l'arrêt de la colonisation et la reconnaissance de l'Etat palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.
La réponse de Netanyahu, extraordinairement agressive à l'égard des délégations présentes , témoignait à la fois de son irritation et d'une volonté de déligitimer cette instance. qu'il sait hostile à la politique expansioniste de son pays. "La paix d'abord, l'Etat ensuite". Pour justifier son refus d'un Etat palestinien et la poursuite de la colonisation, Israël argue de la nécessité d'assurer sa sécurité menacée en raison de l'exiguité de son territoire et de la prétendue nature agressive de l'Islam et des Arabes. C'est la théorie, remise au goût du jour, de "l'espace vital". Ainsi, il n'y a pas de raison que la colonisation ne se poursuive pas afin d'occuper la totalité de la Palestine et au delà. Netanyahu veut bien négocier, mais à condition que ce ne soit pas sur la base de la reconnaissance d'un Etat palestinien et il y met une condition supplémentaire: la reconnaissance par l'Autorité palestinienne, non pas de l'Etat d'Israël qu'elle a reconnu, mais de l'Etat juif...
Le discours de Mahmoud Abbas était, à la fois, celui d'un homme de Paix et d'un responsable résolu. Celui d'un homme qui est allé très loin dans la recherche d'une paix négociée, qui est déçu de l'échec de cette démarche et est résolu à ne pas céder sur la revendication légitime d'un Etat viable et indépendant. "Ca suffit ! Ca suffit ! Ca suffit ! ", a-t-il martelé. Les pressions, cependant, n'en doutons pas, vont continuer, au cours des prochaines semaines. Nous avons nous aussi notre mot à dire pour que les choses évoluent dans le bon sens.
1- Phrase prononcée par Mahmoud Abbas dans son discours.
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Troy Davis a été exécuté. Nous savions que la majorité des Etats, notamment dans le sud, maintient la peine de mort, mais que la Cour suprême des Etats-Unis se soit, elle aussi, prononcé en ce sens témoigne du chemin qu'il reste à parcourir pour que notre monde devienne civilisé. A l'ONU, 34 Etats sur .193 n'ont pas aboli le meurtre légal . En France, le FN demande un référendum sur son rétablissement.