Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 13:48

    Gentiment, certains me disent,  "Pourquoi toujours rappeler le passé ? C'est à l'avenir qu'il faut penser ". "Vous radotez", pensent d'autres. Si fort, qu'on les entend de loin. Je crois avoir jusqu'alors évité cette dérive bien naturelle à mon âge. L'actualité, donc la construction de l'avenir m'intéressent et la politique me passionne toujours autant.  Evidemment, pourquoi le nier, se rappeler les bons moments de sa jeunesse et les combats auxquels on a participé,  procure un certain plaisir, même si tout ne fut pas rose, ni toujours glorieux.  Il faut dès lors, avec une certaine philosophie, prendre la distance nécessaire et ne rien idéaliser.  Regarder derrière soi serait-il improductif, du temps perdu en quelque sorte ? "Productif", le grand mot est lâché. Dans notre société livrée à "la concurrence libre et non faussée", il faut être 'productif ! C'est oublier l'être humain et ses besoins .  Je connais des personnes pour lesquelles, la plongée dans les souvenirs constitue le moyen de se raccrocher à la vie; une façon de ne pas "décrocher" en entretenant une mémoire défaillante...Je n'en suis pas encore là. Mais allons plus loin. Cette conception qui oppose l'avenir au passé, n'est-elle pas à l'opposé de la réalité, de la vie elle-même dans toute sa complexité ? Certes, "l'histoire ne se répète jamais...à l'identique", mais ignorer l'histoire peut conduire à bien des déboires. Nous sommes tous, peu ou prou, tributaires du passé. Il n'y a pas de page blanche. Nous ne sommes pas que le produit de nos propres actes, nous sommes marqués par une culture, un style de vie...une histoire qu'il nous faut connaître pour en mesurer les bienfaits, mais aussi les défauts. Ah ! cette sacrée tendance à nous croire supérieurs aux  autres peuples!  Disant cela, je n'en aime pas moins le pays où je suis né et je suis de ceux qui vibrent  encore à l'écoute de La Marseillaise.  Celle de 1792...

    Donc,  il faut connaître le passé. Commémorer ne signifie pas obligatoirement interpréter le passé de façon partisane. Il faut regarder l'histoire en face. La vérité est révolutionnaire a dit quelqu'un. Pour l'heure, avec mes ami(e)s, je prépare le 50e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie. "Comment, vous allez à nouveau ressasser des faits qui se sont produits il y a cinquante ans?" Ressasser, non, mais rappeler les crimes du colonialisme, oui. Pour éviter que cela ne se reproduise. Bien que le monde ait beaucoup changé depuis les XIXe et XXe siècles, qui peut affirmer honnêtement,  en voyant ce qui se passe en Afghanistan, en Irak, en Côte d'Ivoire ou en Libye, que la page des conquêtes coloniales est véritablement tournée ? Avec toujours, il faut le savoir, les mêmes prétextes invoqués: apporter la civilisation (occidentale) à des peuples non civilisés. Le regard porté sur le passé colonial de la France nous aide à combattre les visées expansionistes d'aujourd'hui. C'est agir pour un avenir fraternel des peuples. De même que dénoncer, comme nous le ferons le 17 octobre, les "ratonnades" du 17 octobre 1961, est une contribution aux combats d'aujourd'hui contre le racisme ("ratonnades" !) C'est bien ce qu'ont compris tous les nostalgiques des "colonies", comme Juppé qui s'est permis récemment, en Algérie même, de recommander de tourner la page. Je crois, au contraire que les Algériens ont raison de célébrer leurs martyrs, comme nous célébrons,  en France, les martyrs de la Résistance au nazisme.

 

 

 

MAS THIBERTPS: Un malheureux exemple de méconnaissance historique:  la cérémonie  organisée récemment au Mas Thibert, en Arles, dans la propriété où  le Bachaga Boualem et ses supplétifs de l'Armée française furent accueillis en 1962. Cérémonie à laquelle participèrent le Sous-Préfet, représentant la République et des élus de droite et de gauche (notre photo). Ne se souviennent-ils pas que les supplétifs du Bachaga  combattirent les armes à la main leurs propres compatriotes et assassinèrent, entre autres, dans le Djebel Deraga, Maurice Laban et  Henri Maillot, membres du Parti Communiste Algérien qui luttaient, dans les rangs du FLN, pour l'Indépendance de leur pays, l'Algérie ?

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : ww.bernard-deschamps.net
  • : Blog consacré pour une grande part aux relations entre l'Algérie et la France.
  • Contact

Recherche

Pages

Liens