Bernard DESCHAMPS
Ancien député
15 décembre 2012
Monsieur le Président de la Société des
membres de la Légion d'honneur, Section du Gard
Monsieur le Président,
En réponse à votre correspondance du 5 décembre 2012, j’ai l’honneur de vous confirmer les paroles que j’ai prononcées lors de la cérémonie du 25 novembre, au cours de laquelle M. le Consul d’Algérie à Montpellier m’a remis la médaille du 50e anniversaire de l’Indépendance qui m’a été décernée par son Excellence Abdelaziz BOUTEFLIKA, Président de la République Algérienne Démocratique et Populaire : « cette distinction remplace désormais la Légion d’honneur que j’ai décidé de ne plus porter depuis qu’elle a été attribuée à un criminel de l’OAS »
J’ai pris la décision-dont je mesure la gravité- en 2011, de ne plus porter la Légion d’honneur, à la suite de l’attribution de cette haute distinction à Jean-François COLLIN, Président de l’ADIMAD qui avait été arrêté le 5 février 1962 et condamné à cinq ans de prison en raison de son action au sein de OAS-Métropole. Loin de regretter cet engagement, M. COLLIN déclara le 7 juin 2006, devant la stèle érigée à Perpignan à la mémoire de l’OAS et qui comporte, entre autres, les noms de deux des assassins du Commissaire central Roger Gavoury : « Je suis très ému de me trouver aujourd’hui […] devant cette stèle, ô combien représentative de 116 de mes camarades, les meilleurs d’entre nous. Assassinés par le traître en chef, les barbouzes gouvernementales, les forces militaires gaullistes… »
Ce choix m’est personnel. Je conçois que d’autres puissent adopter une attitude différente. Très engagé, dans les années 50, en faveur de l’Indépendance de l’Algérie et fondateur de l’association d’amitié France-El Djazaïr, je ne me reconnais pas le droit de me réclamer d’un Ordre dont sont membres des criminels ayant appartenu à une organisation qui a attenté à la vie du Chef de l’Etat français et s’est opposée par les armes à la décision du Peuple de France de reconnaître l’indépendance de l’Algérie, décision ratifiée à plus de 90% lors du référendum du 8 avril 1962.
Bien évidemment je maintiendrai cette attitude tant que les anciens OAS n’auront pas été radiés de l’Ordre et vous comprendrez que je ne renouvelle pas mon adhésion à la Société des Membres de la Légion d’honneur.
Je me tiens, Monsieur le Président, à votre disposition, si vous le souhaitez, pour évoquer de vive voix ces questions.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments distingués.
Bernard DESCHAMPS
7, rue de Montaury, 30900 Nîmes E-mail/ab.deschamps@wanadoo.fr Tel/0680254011