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4 août 2012 6 04 /08 /août /2012 05:44

afrique-02/08/2012

Le safari d’Hillary Clinton en Afrique
Par Rosa Moussaoui, L'Humanité

hillary-clinton_21018_w460-copie-1.jpgLa secrétaire d’État américaine a entamé hier une longue tournée en Afrique. Au menu, défense des intérêts économiques et renforcement de l’emprise militaire états-unienne sur le continent.

L’Afrique, nouvelle frontière des stratèges de la Maison-Blanche ? Hier, la secrétaire d’État américaine Hillary Rodham Clinton a entamé à Dakar une tournée africaine qui doit la conduire au Sud-Soudan, en Ouganda, au Kenya, au Malawi, en Afrique du Sud et au Ghana. Officiellement, il s’agit de promouvoir avec le continent un nouveau « partenariat » pour la démocratie, la croissance, la sécurité et le développement. Mais au revers de discours cousus de bonnes intentions humanitaires et démocratiques se dessine une nouvelle stratégie de conquête, dans un contexte où les échanges entre l’Afrique et la Chine se sont envolés, atteignant, l’an dernier, le record de 166,3 milliards de dollars et faisant de Pékin le premier partenaire commercial du continent.

Stratégie de conquête

En juin dernier, la Maison-Blanche a d’ailleurs détaillé, dans un document, sa « Stratégie envers l’Afrique subsaharienne ». Dès le préambule, le président Barack Obama y plante le décor : « Nous pensons que l’Afrique peut devenir la prochaine grande success story économique dans le monde. » « Les économies de l’Afrique subsaharienne sont celles qui connaissent les taux de croissance les plus soutenus », ce qui ouvre la voie à de nouvelles « opportunités pour le commerce et les investissements » états-uniens et confère à l’Afrique « une importance stratégique grandissante », souligne ce document.

Guerre économique face à la Chine

Sont ensuite exposées les recettes pour intégrer davantage l’Afrique à la mondialisation capitaliste, y « promouvoir un environnement favorable au commerce et à l’investissement », « réduire les barrières commerciales ». Au travers d’une campagne baptisée « Faire des affaires en Afrique », les États-Unis veulent encourager leurs entreprises à aller conquérir les marchés que dessine l’émergence d’une nouvelle classe de consommateurs. Washington voit d’ailleurs dans la diaspora africaine établie aux États-Unis un solide levier pour « établir des relations d’affaires dans les pays d’Afrique subsaharienne ».

Cette stratégie de guerre économique face à la Chine et aux puissances émergentes est indissociable des visées sécuritaires et militaires explicitement exposées dans le document. « L’incapacité de certains gouvernements à répondre aux besoins élémentaires de sécurité de leurs peuples continue d’être l’obstacle clé à une gouvernance démocratique efficace, à la croissance économique, au commerce et à l’investissement », affirme la Maison-Blanche. Avant d’énumérer les axes d’une politique ouvertement interventionniste. L’implication des États-Unis est présentée comme indispensable pour « contrer al-Qaida et les autres groupes terroristes », qui formeraient une sorte d’arc du terrorisme reliant les côtes de l’océan Indien (Somalie) à l’Afrique de l’Ouest (Nigeria) via la bande sahélo-saharienne. « Nous allons concentrer nos efforts pour perturber, démanteler et éventuellement infliger une défaite à al-Qaida », promettent les stratèges américains. La piraterie, le crime transnational, les migrations, le trafic de drogue sont aussi invoqués, comme autant d’arguments pour justifier, le resserrement de l’emprise sécuritaire et militaire américaine sur le continent. « Une Afrique sûre, sécurisée, stable est dans l’intérêt national des États-Unis », résumait le 11 juin dernier le général Carter F. Ham, commandant de l’USAfricom, devant une commission du Sénat.

Réseau de bases secrètes

Sur le plan opérationnel, cette politique s’est entre autres traduite, depuis 2007, par la création d’un réseau de bases aériennes secrètes de l’armée américaine, dont le Washington Post révélait l’existence le 13 juin dernier. Drones et avions dotés de technologies de pointe opèrent depuis l’Ouganda, le Burkina Faso, la Mauritanie, mais aussi Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya et les Seychelles. Le Post décrivait aussi, dans cette enquête, la montée en puissance, sur le continent, des forces spéciales américaines.

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